Procès d’un chef de gang haïtien: “il manque quelqu’un dans le box, c’est Aristide”

Marie-Louise Michelle, veuve du chef d’entreprise franco-haïtien Claude Bernard Lauture, victime en 2004 d’un assassinat à Port-au-Prince pour lequel comparaît aux assises de Paris un chef de gang, met en cause l’ancien président Jean-Bertrand Aristide.
“Il manque quelqu’un dans le box, c’est Aristide”, explique Michèle Lauture à l’origine de la procédure, partie civile avec ses enfants dans le dossier. “L’ombre de l’ancien président haïtien plane sur ce dossier”, abonde son avocat Me Olivier Morice en rappelant que l’ancien prêtre n’a jamais pu être interrogé dans ce dossier malgré cinq commissions rogatoires internationales d’un juge français.
Claude Bernard Lauture a été enlevé le 6 janvier 2004 alors qu’il circulait en voiture par trois hommes armés qui avaient bloqué son véhicule. Quelques heures plus tard, il téléphonait à son frère et lui expliquait sous la menace qu’il ne serait relâché qu’en échange d’une rançon de 100.000 dollars versée par “Gladys”, une riche tante, membre de l’entourage du président Aristide.
Mais cette dernière n’avait pas payé et le corps de Claude Bernard Lauture avait été retrouvé le lendemain criblé de balles dans le dos.
Un téléphone portable perdu sur place par l’un des ravisseurs a permis aux enquêteurs français de remonter la piste de son propriétaire, Junior Charles, numéro 2 d’un gang dirigé par Amaral Duclona, alias Berthone Jolicoeur, qui comparait aujourd’hui pour “enlèvement et séquestration suivi de mort”. L’accusé, un homme à la forte carrure âgé de 34 ans, est assisté de deux traducteurs et de deux avocats commis d’office. Il est passible de la perpétuité.
A l’ouverture du procès, le président n’a pu que constater l’absence de la plupart des témoins haïtiens.
“S’ils ne viennent pas, c’est parce qu’ils sont impliqués ou parce qu’ils ont peur”, tranche Michèle Lauture. “Aristide qui est revenu dans l’île après dix ans en Afrique du Sud, ne parle pas, n’apparait pas en public mais il fait toujours peur”.
Amaral Duclona, est présenté comme le chef d’un des gangs de “chimères”, des activistes armés se réclamant d’Aristide et auxquels on reproche de nombreuses exactions.
“Depuis dix ans, je me bats pour la mémoire de mon mari, pour mes enfants mais aussi pour tous ceux qui ont été enlevés, violés ou assassinés par ces groupes armés”, explique Michèle Lauture.
“L’assassinat de Claude Bernard Lauture est une commande politique”, assure son avocat Me Morice. Il n’y a jamais eu de négociation sur la rançon. Tout cela était un artifice. Peu de temps avant son enlèvement, la victime avait participé à une manifestation anti-Aristide où des policiers l’avaient menacée”, raconte l’avocat. Le procès se tient jusqu’à vendredi.
“Our background and circumstances may have influenced who we are, but we are responsible for who we become.”
— Unknown
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