Plus d’obstacle à la ratification de Rouzier

Le Sénat et la Chambre des députés sont prêts à lancer le processus de ratification du choix du Premier ministre désigné, Daniel Rouzier, d’ici le lundi 6 juin. Un accord de principe, a-t-on appris, a été trouvé, mercredi, entre le président Michel Martelly et une délégation de parlementaires, sur les points qui ont constitué une entrave au lancement du processus.

Haïti: Actuellement en voyage, le Premier ministre désigné, Daniel Rouzier, va être invité, dès son retour lundi, à déposer ses pièces en vue de la ratification de son choix. C’est le président de la Chambre des députés, Saurel Jacinthe, qui a confirmé l’information ce vendredi. Il a aussi informé que la séance en Assemblée nationale pour lancer le processus pourra se tenir lundi prochain. Annoncée pour mercredi dernier, la séance a été reportée en attendant une décision de la présidence sur la question de l’amendement de la Constitution de 1987.

Cette question a été à l’ordre du jour lors d’une réunion de plusieurs heures tenue mercredi soir entre le président de la République, les présidents des deux chambres et d’autres parlementaires. « Le président s’est engagé à publier la vraie version amendée de la Constitution », a confirmé le député Saurel Jacinthe aux micros des journalistes accrédités au Parlement. La présidence et le Parlement, a-t-il ajouté, vont prendre toutes les mesures pour s’assurer que le texte est publié tel qu’il a été voté. « Des spécialistes dans le domaine de la communication vont être engagés pour s’assurer que d’autres erreurs ne se glissent pas dans le texte », a précisé le parlementaire.

La commission bicamérale ayant travaillé sur la déclaration d’amendement de la Constitution, a été mandatée pour travailler sur le texte à publier,
a précisé, pour sa part, le sénateur Hyppolite Mélius.

Si une entente a été trouvée entre l’exécutif et le pouvoir législatif pour publier le texte d’amendement de la Constitution voté en Assemblée nationale, des questions restent cependant pendantes. Quelle signature va être apposée au bas du texte ? Va-t-on garder la signature du président sortant René Préval ? Ou le président Martelly va-t-il signer lui-même l’arrêté ? « Il y a des discussions en cours sur la décision à adopter », a confié Saurel Jacinthe. Et à ce sujet, le parlementaire préconise une entente politique. Dans l’un ou l’autre cas, l’amendement de la Constitution, estime le parlementaire, entrera en vigueur sous la présidence de Michel Martelly. Un avis partagé par le sénateur Youri Latortue.

Va-t-on reprendre les élections pour les 19 postes en conflit ?

La réunion de mercredi dernier a aussi permis de débattre de la question des élections, particulièrement les 17 postes de député et deux postes de sénateurs en conflit. Deux options sont pour l’instant envisagées par le successeur de René Préval. La première consiste en la reprise des élections pour tous les postes en conflit. La seconde option, c’est de reprendre les élections uniquement dans les trois circonscriptions dont les nouveaux résultats définitifs proclamés par le BCEN spécial sont contestés par la communauté internationale.

Pour Saurel Jacinthe, la reprise des élections pour tous les postes en conflit serait la meilleure décision. Il a cependant reconnu qu’il faudra de nouveaux fonds pour financer le scrutin. Avant de trancher, comme il l’avait promis récemment, Michel Martelly, selon le député Jacinthe, a pris l’engagement de rencontrer d’autres secteurs du pays en vue d’adopter la meilleure décision.

Où est passé Gaillot Dorsinvil ?

Entre-temps, la commission sénatoriale chargée de faire la lumière sur les allégations de fraudes entourant les dernières élections poursuit son travail. Les efforts de la commission pour auditionner le président du CEP, Gaillot Dorsinvil, s’avèrent toujours vains. Pour une troisième fois, M. Dorsinvil a boudé l’invitation de la commission dirigée par le sénateur Youri Latortue. Les dernières informations laisseraient croire que Gaillot Dorsinvil est en cavale. Selon le sénateur Youri Latortue, qui n’a pas pu confirmer la nouvelle, le président du CEP aurait pris la fuite avec l’aide de hautes autorités politiques du pays. Une mesure d’interdiction de départ a été adoptée récemment par le parquet de Port-au-Prince contre Gaillot Dorsinvil et les autres membres de l’institution électorale.

Par ailleurs, deux importants fonctionnaires internationaux, Colin Granderson, qui a observé les élections pour le compte de l’OEA/Caricom, et Edmond Mulet, l’ex-patron de la Minustah, sont visées dans le cadre des auditions réalisées par la commission. « Une invitation leur a été déjà adressée par le biais du ministère des Affaires étrangères à la demande du bureau du Sénat », a indiqué Youri Latortue.

Considérant le rôle clé que Colin Granderson et Edmond Mulet ont joué dans le processus électoral, le sénateur Latortue estime nécessaire qu’ils viennent partager les informations dont ils disposent avec la commission.

Jean Pharès Jérôme

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Author: webmasterflash