Personne ne peut m’empêcher de faire ce qui est bon pour mon pays

Le Nouvelliste:

Il n’a peur de personne. Franc, direct et intransigeant sur ses principes et valeurs. L’ex-ministre de l’Economie et des Finances sous la transition a rejeté d’un revers de main les allégations d’un des câbles de Wikileaks, selon lesquelles, il aurait reçu des pressions de la part de l’administration américaine pour faire échouer l’accord Petrocaribe. « Personne ne peut m’empêcher de faire ce qui est bon pour mon pays », a-t-il martelé lundi sur les ondes de Radio Magik 9.

Haïti: « A supposer que l’ambassade américaine aurait exercé sur moi des pressions pour m’empêcher de faire quelque chose de bien pour mon pays, elles ne m’auraient pas touché », déclaré Bazin lundi sur les ondes de Radio Magik 9, soulignant que personne ne pourrait l’empêcher de faire ce qui est bon pour son pays. « Non. Je ne me rappelle pas avoir été l’objet de pressions de l’ambassade américaine ou d’une autre ambassade sur ce sujet », a-t-il ajouté.

Interrogé sur la gestion actuelle du fonds de Petrocaribe, Henri Bazin a préféré répondre qu’il n’était pas au courant du déroulement de cet accord. « La gestion du fonds de Petrocaribe…(rire), c’est une autre affaire. Je ne suis pas au courant de la gestion. Il me faudra consulter les dossiers avant de prendre la parole sur le sujet…Il faut qu’il y ait un audit », a-t-il dit en guise de réponse.

Il faut rappeler que le ministre du Commerce et de l’Industrie sous la transition, Fritz Kenold, a été le premier à entamer les négociations avec le gouvernement vénézuélien sur l’accord Petrocaribe déjà expérimenté dans d’autres pays. Henry Bazin a salué les efforts de M. Kenold pour faire avancer le dossier.

Selon l’hebdomadaire Haiti-Liberté en date du 1er juin, citant les câbles de Wikileaks, Washington s’est opposé à l’accord Petrocaribe entre Haïti et le Venezuela. Cet accord permet au pays d’acheter du pétrole vénézuélien à un prix préférentiel et remboursable avec une période de grâce et un taux d’intérêt préférentiel.

L’idée d’un tel accord est d’abord apparue sous le gouvernement de transition (2004-2006). Mais l’ambassade américaine a vite fait de taper sur les doigts du ministre des Finances de l’époque, Henri Bazin, pour qu’il repousse l’offre, selon le journal Haïti-LIberté.

Selon Haïti-Liberté, l’entêtement de René Préval à faire aboutir le processus et son « accommodement » avec Chavez, auront miné ses relations avec le grand voisin d’Haïti. Mécontents, les Etats-Unis ont réagi en ruinant les chances de son dauphin, Jude Célestin de lui succéder au pouvoir.

Washington est agressivement intervenu, écartant du scrutin de ballotage Jude Célestin, le candidat du parti de Préval, Inite (Unité), pour le remplacer par Martelly, un chanteur de Compas néoduvaliériste qui a soutenu haut et fort les coups d’État de 1991 et 2004 contre l’ancien président Jean-Bertrand Aristide », souligne l’hebdomadaire.

Par ailleurs, l’économiste Henri Bazin a conseillé aux nouveaux dirigeants du pays de ne pas rater les opportunités qu’offre le tremblement de terre et la reconstruction. « Nous serions en meilleure situation si le Premier ministre avait été désigné », a-t-il dit.

« Sans un gouvernement, a-t-il ajouté, plus d’un mois après l’investiture de Michel Martelly, les gens de la communauté internationale sont en droit de se questionner sur ce qui se passe véritablement en Haïti. Toutefois, M. Bazin a estimé que nous avons encore le temps de nous rattraper. « Avec un bon Premier ministre assisté d’une bonne équipe qui accepte de travailler en harmonie avec le président Martelly », a-t-il dit.

De l’avis de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances du pays, il faut reprendre l’ordre des investissements, une meilleure relation entre le secteur privé et l’Etat pour faciliter la reconstruction.

Selon lui, « le prochain gouvernement doit avoir une stratégie de développement, un guide d’investissements qui servira comme boussole et facilitera la création d’emplois, entre autres. La fiscalité est également importante dans le contexte actuel », a-t-il souligné.

En outre, Henri Bazin va plus loin que le président Martelly qui a promis la création d’une banque de crédit agricole en faveur des paysans. « Il faut une banque de développement qui interviendra dans le service, l’industrie et l’agriculture », a-t-il exhorté.

Réagissant sur la possibilité de servir à nouveau son pays, M. Bazin a posé ses conditions. « Je suis très exigeant. Ma démission est toujours prête. Je n’ai peur de personne. Cependant, je fais ce que j’ai à faire », a-t-il fulminé.

Ses valeurs sont l’honnêteté, l’anti-corruption c’est pourquoi il a personnellement créé l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) lorsqu’il était ministre.

Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com

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