Nouvelle manifestation de l’opposition pour contester les résultats électoraux en Haïti

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 Des manifestants pro-opposition dans les rues de Port-au-Prince, le 16 décembre. | Dieu Nalio Chery / AP

Plusieurs milliers d’opposants ont manifesté à Port-au-Prince, mercredi 16 décembre, contre les résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 25 octobre, dénonçant un « coup d’Etat électoral » par le pouvoir en place.

Selon les résultats publiés le 24 novembre par le conseil électoral provisoire (CEP), le second tour du scrutin opposera le 27 décembre Jovenel Moïse, candidat du parti au pouvoir, à Jude Célestin, de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh).

Lors du premier tour, M. Moïse a recueilli 32,76 % des suffrages, contre 25,29 % pour son principal adversaire. L’opposition conteste fermement ces résultats et critique l’ingérence de la communauté internationale, qui a fourni une aide financière substantielle pour l’organisation de ces élections.

Lire aussi le reportage avant le premier tour du scrutin : Haïti sous pression à la veille des élections

Près de trois mille personnes sont descendues dans la rue, mercredi, pour l’un des plus importants rassemblements depuis l’annonce des chiffres du premier tour. « On a conscience qu’on ne peut pas avancer sans l’aide des grands pays, mais ils ne peuvent pas nous imposer des candidats et violer nos droits », s’insurge un manifestant venu des quartiers défavorisés de la capitale.

Un léger incident a éclaté quand trois casques bleus ont voulu traverser la foule, leur véhicule a été la cible de jets de pierre et ils ont dû en être dégagés par des policiers haïtiens, qui ont fait usage de grenades lacrymogènes pour tenir les manifestants à distance.

« Empêcher le pays de sombrer dans le chaos »

Les accusations de fraude se sont multipliées au fil des jours qui ont suivi le scrutin, et l’organisation du second tour de la présidentielle le 27 décembre semble incertaine face aux nombreuses contestations.

Mardi, le Sénat — composé d’un tiers seulement de ses membres, en raison du retard pris sur le calendrier électoral — a écrit au président Michel Martelly pour lui demander « que soit suspendu le processus électoral jusqu’à ce qu’une commission de vérification ou d’évaluation fasse la lumière sur les nombreuses allégations de tromperies ».

Une telle commission d’enquête est réclamée depuis un mois par l’opposition et est soutenue par Jude Célestin. Dans une lettre adressée au CEP le 15 décembre, celui-ci affirme que « la commission d’évaluation est le passage obligé pour sauvegarder le processus électoral, en garantir l’intégrité et empêcher le pays de sombrer dans une crise sans précédent ».

Le temps presse pour que Haïti puisse garantir le maintien de l’ordre constitutionnel : la passation de pouvoir entre Michel Martelly, à qui la Constitution interdit d’effectuer deux mandats consécutifs, et son successeur doit se tenir le 7 février.

Depuis la fin de la dictature des Duvalier, en 1986, le pays connaît une crise démocratique émaillée de coups d’Etat et d’élections contestées qui fragilisent le développement économique de l’île encore marquée par le terrible séisme de janvier 2010, qui avait fait plus de deux cent mille morts.

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