Nous voulons un terrain avant le 31 décembre

Le Nouvelliste | Publié le : 2012-12-21
Jocelyn Belfort
Un délai expirant le 31 décembre 2012 a été accordé aux dirigeants de l’Ecole normale supérieure pour trouver un terrain en vue de la construction d’un nouveau local pour cet établissement. A dix jours de cette échéance, les étudiants de l’ENS ont de nouveau gagné les rues pour demander à l’Etat de mettre un terrain à leur disposition à cette fin. Le batiment devrait coûter 10 millions de dollars américanins, montant offert par le gouvernement japonais.
Une vue de l'angle  des rues Monseigneur Guilloux et St-Honoré
Une vue de l’angle des rues Monseigneur Guilloux et St-Honoré

Les étudiants de l’Ecole normale supérieure ont à nouveau sillonné les rues de la capitale le vendredi 21 décembre 2012 , pancartes en main pour exprimer leurs différentes révendications.

Le gouvernement japonais a décidé de faire don à l’Ecole normale supérieure d’un local qui abritera, entre autres, un lycée à condition que l’ENS dispose d’un terrain de 10.000 m2 pour cette construction. Après des démarches vaines auprès du pouvoir en place, les étudiants ont décidé de gagner les rues  depuis une semaine en vue de l’acquisition du terrain.

Plusieurs dizaines étudiants  ne cessent de remettre en question l’éducation gratuite que prône le président  Michel Joseph Martelly. Pour certains d’entre eux, l’école gratuite n’est que de la propagande. «  Si l’Ecole normale supérieure qui forme des enseignants  pour le pays n’a pas pu trouver un terrain pour sa reconstruction, dire que le président Martelly veut donner une éducation gratuite au niveau fondamental n’est que de la propagande politique. Car, l’Ecole normale supérieure est la seule école en Haïti qui forme des professeurs », a souligné l’étudiant Fred Carson Lagrandeur .

Le coordonnateur de l’Union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH), Josué Mérilien, qui participait à cette manifestation a critiqué le laxisme  de l’Etat haïtien dans ce dossier. Il en a profité pour dénoncer les mauvaises conditions dans lesquelles fonctionne l’ENS depuis le séisme du 12 janvier 2010. «  Il n’ y a pas d’éducation sans enseignants, ainsi il est impératif que la formation des nouveaux professeurs se fasse dans de bonnes conditions », a-t-il déclaré.

Le secrétaire général de l’ENS, Gérard Duplessis, a dénoncé l’indifférence des partis  politiques et des organisations face à leurs revendications : « Les étudiants sont dans les rues depuis une semaine, mais nous sommes étonnés du comportement des organisations et des partis politiques qui n’embrassent pas l’ensemble des revendications des étudiants. Les partis politiques ne peuvent pas se développer s’ils ne veulent pas embrasser l’ensemble des revendications de toutes les couches sociales de la population haïtienne. Il y a un manque de solidarité envers cette cause qui est juste et qui ne peut plus attendre  », a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, il a critiqué le programme d’éducation du président Michel  Joseph Martelly qui ignore l’importance des professeurs et des normaliens  dans la formation des élèves. Selon M. Duplessis, l’éducation fondamentale n’est pas possible sans des universitaires capables de concevoir des programmes pour une bonne éducation. «  On ne peut pas penser l’éducation fondamentale  sans d’abord concevoir un plan stratégique pour le pays et l’université. Car, dans tous les pays, l’université joue un rôle fondamental. L’Ecole normale supérieure dont la mission principale est de former des enseignants doit nécessairement trouver l’appui de l’État haïtien  pour répondre à ses  besoins», a-t-il conclu.

Cette manifestation s’est terminée par un affrontement entre les étudiants et les forces de l’ordre vers les 3 heures de l’après-midi après que les manifestants eurent érigé des pneus enflammés dans les parages de l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti communément appelé l’Hôpital général.  Les étudiants ont promis de se retrouver lundi prochain pour une nouvelle manifestation.

Jocelyn Belfort
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