NOTE DE PRESSE DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES D’HAÏTI

NOTE DE PRESSE DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUESCATHOLIQUES D’HAÏTI

1.

Au cours de notre CXIIIe Assemblée ordinaire tenue du 23 au 27 septembre 2013, nous, Évêques catholiques d’Haïti, avons eu l’occasion d’accueillir différents acteurs de la vie nationale. Malgré les difficultés auxquelles le pays est confronté, nous avons eu la satisfaction de découvrir combien chacun d’eux porte au fond de son cœur et dans ses projetsun grand amour pour le pays.

2.

Par ailleurs, ils ont tous reconnu qu’Haïti se trouve à un tournant critique : menaces d’instabilité politique ; mise en jeu des acquis démocratiques ; gabegie administrative et corruption largement répandue ; détérioration de la qualité de la vie chez la grande majorité de nos concitoyens ; manque d’implication de certains secteurs clés de la vie nationale, spécialement dans les domaines de la santé, de l’éducation scolaire et universitaire, de la formation professionnelle, de la création d’emplois et de la croissance de la production nationale. Chaque groupe est conscient de son incapacité à résoudre seul les problèmes fondamentaux tels que : la vie chère, le chômage, l’insécurité sociale et alimentaire, la dégradation de l’environnement.

3.

Nous sommes, effectivement, devant une situation spéciale qui exige des mesures exceptionnelles et un grand dépassement de la part des principaux acteurs de la classepolitique et de la société civile. Ils sont unanimes à croire qu’il faut trouver une solution haïtienne, concertée et consensuelle à la crise actuelle liée à la question électorale et au spectre du dysfonctionnement du Sénat.

4.

Il est urgent de reconnaître que si nous ne plaçons pas au premier plan le bien commun et les intérêts supérieurs de la nation, s’il n’y a pas de changement dans les attitudes et les comportements politiques, le pays ira tout droit vers une catastrophe qui transformera tous les acteurs en perdants et les démunis en plus pauvres.

5.

Les tenants des différents pouvoirs constitués de l’État doivent faire montre de sérénité, de sagesse pour aboutir, dans un franc dialogue, à un compromis quelque coûteux qu’il puisse être. Aucun secteur, en effet, ne peut prétendre être dépositaire de tout le pouvoir, de toute la légitimité au point de vouloir disqualifier d’avance l’autre partie. Personne n’a le monopole du droit et de la vérité.

6.
À l’approche de 2014, première décennie du bicentenaire de l’indépendance, nous appelons toutes les filles et tous les fils du pays à faire preuve de grandeur d’âme, de patriotisme et decivisme face à la nation et au monde entier,  en refusant les chemins de la discorde, de l’intimidation et de la violence. Nous, Évêques Catholiques d’Haïti, demandons, en d’autres choses :
a.
À l’Exécutif, garant de la bonne marche des institutions, de créer les conditions nécessaires à la bonne gouvernance démocratique et de prendre les moyens adéquatsqui éviteront au pays un vide institutionnel ;
b.

Au Corps législatif, d’accomplir la mission confiée par le peuple, de voter les lois favorables au développement du pays, de rester attentif et attaché aux attentes des mandants, d’assumer sa responsabilité pour la stabilité du pays et de ses institutions ;

c.
Aux partis politiques, de s’ouvrir au dialogue et de favoriser les discussions devantmener à un consensus politique ;
d.
À la société civile, d’apporter sa contribution dans la mise en œuvre de mécanismes devant créer une synergie entre différents acteurs dans la recherche de solutions durables à la crise ;
e.

À tous, citoyennes et citoyens, de ne chercher que ce qui concourt à la construction et à l’avancement démocratique du pays.

7.

Quant à nous, Évêques Catholiques d’Haïti, nous sommes disposés à faciliter un espace de dialogue et de concertation pour que la solution à nos problèmes ne soit pas recherchée avant tout dans les rues ni hors de nos frontières. Les Haïtiens ont besoin que leurs dirigeants leur inspirent confiance et manifestent leur amour du pays dans des décisions conséquentes qui favorisent la concorde sur tout le territoire national. Les chômeurs ont besoin de travail et les écoliers d’aller à l’école. Tous ont besoin de paix et de pain. C’est pourquoi nous nous engageons en même temps à continuer notre cheminement avec ce peuple qui lutte et qui espère un avenir meilleur.

8.

Unissons nos mains et ouvrons nos cœurs pour un dialogue vrai, sincère et constructif. Ainsi,2014 sera l’occasion de consolidation des Institutions démocratiques, fruit d’élections crédibles. C’est tout cela qui contribuera à la normalisation de la vie sociale, économique et politique du pays.

9.

Nos prières et notre bénédiction vous accompagnent tous, sous le regard du Christ qui, « dans sa chair, a détruit le mur de séparation : la haine. » Éphésiens 2,14.

10.

Donnée au Siège de la Conférence des Évêques Catholiques d’Haïti, à Lilavois, le 27 septembre 2013, fête de Saint Vincent de Paul, apôtre de la charité.

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