Martelly honore Livres en folie et décore une belle brochette d’écrivains

Valéry DAUDIER vdaudier@lenouvelliste.com
En prélude à la 18e édition de Livres en Folie, le chef de l’Etat a rendu un hommage officiel le mercredi 6 juin aux écrivains Odette Roy Fombrun, Frankétienne, Georges Corvington, Anthony Phelps, Georges Castera. Paulette Poujol-Oriol ainsi que Georges Anglade ont été également honorés à titre posthume au cours de cette cérémonie déroulée dans les jardins du palais national.
De gauche à droite : Robert Corvington (représentant de Georges Corvington), Jean-Claude Neptune (représentant de Georges Anglade), Frankétienne, Odette Roy Fombrun, Georges Michel (représentant de Paulette Poujol Oriol), le président Michel Martelly, Georges Castera, Max Chauvet, Carl Braun. Anthony Phelps n'avait pas de représentant présent à la cérémonie de ce 6 juin au Palais national
De gauche à droite : Robert Corvington (représentant de Georges Corvington), Jean-Claude Neptune (représentant de Georges Anglade), Frankétienne, Odette Roy Fombrun, Georges Michel (représentant de Paulette Poujol Oriol), le président Michel Martelly, Georges Castera, Max Chauvet, Carl Braun. Anthony Phelps n’avait pas de représentant présent à la cérémonie de ce 6 juin au Palais national13
5 h 35 p.m. Ils sont déjà plusieurs dizaines d’écrivains réunis au palais national. Des poètes, des romanciers, des dramaturges, des essaystes, des chercheurs…Des grands et des petits. Ils signeront tous ce jeudi 7 juin à la 18e édition de Livres en Folie, mais ils sont tous là pour assister à une cérémonie d’hommage que le président de la République a jugé bon de rendre à certains d’entre eux. Les minutes s’égrènent, les créateurs et les producteurs intellectuels, les uns plus élégants que les autres, continuent d’arriver. Ils sont accueillis dans une salle préfabriquée dans la cour du palais. Ils discutent entre eux, rigolent, plaisantent…
5 h 40. La fanfare du palais national entonne l’hymne présidentiel. Le président est bien là. En costume bleue marine, chemise rose pâle, Michel Martelly, le visage un peu fatigué, accompagné d’Odette Roy Fombrun, de Frankétienne, entre autres, arrive. Juste avant de se diriger dans la salle où les écrivains l’attendent, il est reçu par son épouse Sophia Martelly, élégante dans une robe rose raquette. Les salutations d’usage, il y en a et beaucoup. C’est une grande occasion pour certains, dont des anciens amis du président, de lui parler. Michel Martelly, visiblement heureux d’organiser un tel événement, s’entretient durant trois à cinq minutes avec les initiateurs de la grande foire du livre, dont Max Chauvet et Frantz Duval du Nouvelliste et Carl Braun de la Unibank. L’ambiance est conviviale. Martelly parle même chinois avec l’écrivaine Shan Sa.
6 h 10. Le Premier ministre Laurent Lamothe en chemise bleue, accompagné de quelques membres de son gouvernement, marque sa présence. Que la cérémonie commence ! Les invités d’honneur prennent place, notamment Odette Roy Fombrun, Frankétienne, le poète Georges Castera. L’écrivain considéré comme la mémoire vivante de Port-au-Prince, Georges Corvington, s’est fait représenter par son neveu Robert Corvington. Sont honorés également à titre posthume les écrivains Georges Anglade et Paulette Poujol-Oriol. L’émotion est à son comble. Le directeur du quotidien Le Nouvelliste ressent un double plaisir. « Un plaisir que notre travail est reconnu et apprécié non seulement par le grand public, mais aussi par les autorités de ce pays. Un double plaisir parce que c’est pour la première fois à mon avis que des hommes et des femmes d’esprit seront honorés ainsi », déclare M. Chauvet. « L’image d’Haïti à travers le monde est ce qu’elle est. C’est une image que nous voulons tous changer. Le meilleur moyen d’y arriver, c’est à travers ce que nous avons de fort chez nous : notre culture, notre peinture, nos écrivains, nos artisans. Depuis tantôt trois années, nos écrivains sont en train de surfer sur le monde, ils sont notre vitrine», poursuit M. Max Chauvet, tout en saluant tous ceux et toutes celles qui ont collaboré à Livres en Folie pour faire de cet événement ce qu’il est aujourd’hui. « Vive le livre, vive la lecture ! », termine-t-il. Une pause chanson. Pas n’importe laquelle, mais une qui met Haïti en exergue, qui loue les saveurs, les bonnes moeurs, les vieilles habitudes de ce pays. La chanson est très bien interprétée par Michael Benjamin. Le président fredonne.
A quelques mètres de lui, son épouse est, pour sa part, très émue en écoutant cette chanson sur notre Haïti “battue, déchirée, violée…” Un très beau texte, c’est le moins que l’on puisse dire. Cette chanson est suivie d’une poésie du directeur de la bibliothèque nationale, Emmanuel Ménard, accompagné à la guitare par Pierre Rigaud Chéry. M. Ménard montre son talent de diseur. Ce n’est pas fini. Place encore à la chanson. Vêtue d’une élégante robe noire, Renette Désir,interpréte sa populaire chanson titrée : « Yanvalou ». Accompagnée d’un excellent tambourineur et d’un grand guitariste, la jeune chanteuse épate l’assistance. Rien à dire, elle sait chanter. Au tour du ministre de la Culture et de la Communication, Mario Dupuy, de placer son mot. « A ma connaissance, c’est pour la première fois qu’un président honore officiellement des écrivains (…) », indique le ministre. « Très souvent, nos créateurs reçoivent la consécration des étrangers avant même qu’ici reconnaissance officielle leur soit faite. Nous souhaitons dorénavant que cet ordre des choses soit inversé, car le président de la République va le prouver », ajoute le ministre. “Le président ne nous a pas achetés” Dans un discours hors pairs, le président de la République n’a pas tari d’éloges envers les écrivains haïtiens, en particulier ceux et celles qui sont à l’honneur au cours de la soirée. Madame Odette Roy Fombrun, pour son travail exceptionnel et l’exemple d’un civisme et d’intelligence que représente son parcours d’éducatrice. « Vous avez follement raison de croire en l’éducation », lui lance le chef de l’Etat. « Je suis vraiment émue. J’ai eu beaucoup de distinctions, mais pas encore un honneur national », a fait remarquer Mme Fombrun qui considère cet hommage comme un cadeau d’anniversaire. Elle fêtera bientôt ses 95 ans et elle continue d’exercer ses activités! Georges Corvington, pour ses oeuvres admirables de mémoire sur Port-au-Prince. Cet historien est considéré comme la mémoire vivante de la capitale. « Port-au-Prince au cours des ans (titre des tomes de l’auteur) a besoin d’être diffusé au maximum », recommande Michel Martelly, qui ne minimise pas non plus les oeuvres d’Anthony Phelps, honoré également.
Romancier,poète,dramaturge…Frankétiennene ne pourrait en aucun cas ne pas être là. C’est un « kanzo », comme a dit le président. Il est élevé au grade de « Grand officier » par le chef de l’Etat. Son oeuvre considérable, tant par la diversité que par l’originalité, en vaut la peine. « Le président ne nous a pas achetés. Il y a simplement une démarche qui aurait dû déjà se produire », a indiqué Frankétienne, tout en saluant le geste du président. « Ce qui s’est passé ce soir rentre directement dans les annales culturelles et historiques », dit-il. De son côté, Georges Castera, invité d’honneur à Livres en Folie cette année, est un magicien des mots. Pour le chef de l’Etat, c’est quelqu’un qui « peut parler de l’intestinale splendeur des arbres », avec une oeuvre poétique exceptionnellement riche tant par la langue, la forme et les thématiques. Il est élevé au grade de « Commandeur » pour sa haute contribution au rayonnement de la littérature haïtienne. Georges Anglade, enseveli avec sa femme sous les décombres de leur maison lors du tremblement de terre, et Paulette Poujol Oriol, décédée l’année dernière, ont été également distingués au cours de cette cérémonie d’hommage pour leur contribution littéraire et scientifique. « Je ne peux que féliciter les initiateurs de Livres en Folie et profiter aussi de les présenter en exemple de ce que les entreprises nationales peuvent faire pour la promotion de notre culture », déclare le président qui en profite pour remettre une plaque d’honneur et mérite au journal Le Nouvelliste et à la Unibank pour une telle initiative.
Valéry DAUDIER vdaudier@lenouvelliste.com
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