Martelly dénonce une « dictature législative » consacrée par la Constitution

Le président Michel Joseph Martelly à son arrivée au Chili
Le Nouvelliste:

Le président Michel Joseph Martelly n’en finit pas de faire des vagues et de susciter des polémiques. Cette fois, il dénonce une ” dictature législative”consacrée par la Constitution de 1987. “Il y a une dictature de la Constitution. Stricte et rigide”, retorque le sénateur Steven Benoit,qui a dit au président qu’il ne devait pas aller aux élections s’il ne veut pas respecter la Constitution, la boussole de tous les élus.

Haïti: « L’une des pièces qui nous empêchent d’avancer, c’est cette Constitution. Une constitution que nous avons votée en 1987 lorsqu’on était finalement sorti de la dictature de l’exécutif. En voulant fuir la possibilité que ça se renouvelle, on est allés trop loin de l’autre côté. Et aujourd’hui, on remarque que nous vivons tout simplement une dictature législative », a confié le président Michel Joseph Martelly à la journaliste canadienne Paule Robitaille de la radio de Radio Canada dans une vidéo disponible sur Youtube.com.

Le chef de l’Etat, interrogé sur la possibilité de gouverner par décret pour contourner les obstacles du Parlement n’ayant pas ratifié deux Premiers ministres désignés en l’espace de trois mois, a indiqué que « toutes les options sont là ». « Je dois dire que je n’y pense pas aujourd’hui parce que je continue de travailler », a ajouté Michel Joseph Martelly, jalousement accroché à ses prérogatives constitutionnelles de « choisir son Premier ministre ».

« Quand le président n’est pas libre de choisir, cela signifie que la Constitution n’est pas respectée à la lettre », a-t-il dit, soulignant qu’il n’est pas obligé de désigner « le Premier ministre adoré ou proposé par les Parlementaires ». « Je continuerai de choisir. Je souhaite ardemment que tout un chacun comprenne qu’il y urgence », a prévenu le chef de l’Etat.

Concert de réactions

« Je ne crois pas qu’il y ait une dictature parlementaire. Je crois que tout président doit aller chercher une majorité pour avoir un Premier ministre et diriger le pays », a confié le sénateur Youri Latortue. « La Constitution de 1987, a-t-il dit, est venue rééquilibrer les pouvoirs selon la théorie générale de Montesquieu sur l’existence des pouvoirs. Avant 1986, c’était la dictature de l’exécutif et les autres pouvoirs étaient subordonnés ». Le sénateur de l’Artibonite a en outre indiqué que la compréhension des prérogatives de chaque pouvoir permettra à l’Etat de fonctionner.

Comme un couperet, le sénateur de l’Ouest, Steven Y. Benoit, a indiqué « qu’il y a une dictature de la Constitution. Stricte et rigide ». « Si vous ne voulez pas respecter la Constitution, vous n’avez tout simplement pas à aller aux élections, car la Constitution est la boussole de tous les élus », a insisté le sénateur Benoit, qui a souligné n’avoir pas souvenir d’initiative de Repons Peyizan ou de l’équipe du président Martelly pour corriger les anomalies de la Constitution en saisissant l’opportunité offerte par les opérations d’amendements de la loi mère.

Que le président cesse de se plaindre et se mette au travail pour trouver une majorité parlementaire. Ce n’est pas en provoquant l’institution parlementaire qu’il trouvera cette majorité », a prévenu le sénateur Benoit,qui considère le chef de l’Etat comme son ami.

« Les élections pour renouveler le tiers du Sénat sont en novembre; le président doit préparer dix bons candidats afin d’avoir des alliés au Sénat », a-t-il indiqué, pressant le président Martelly à respecter les échéances constitutionnelles pour la tenue des compétitions électorales.

« Personnellement, je pense qu’il n’y a pas de risque d’une dictature parlementaire parce que le Parlement n’a pas les moyens de gouverner », selon Mme Mirlande H. Manigat, professeur de droit constitutionnel. « Je pense qu’il y a un déséquilibre au profit du Parlement », a ajouté Mme Manigat, pour qui le système politique actuel, « bâtard », n’est ni présidentiel ni parlementaire.

A ceux qui auraient tendance à crier au scandale et à la dictature, la constitutionaliste, battue lors d la dernière présidentielle, a indiqué que « le président Martelly peut prendre des décrets mais pas des décrets-loi ». Le décret est un acte exécutif avec des limitations, a-t-elle expliqué.

La femme politique a, une nouvelle fois, insisté sur l’urgence d’une harmonisation entre les forces politiques en présence pour le bien du pays.

« C’est une déclaration malheureuse du président de la République. On n’est pas dans une dictature parlementaire. Le Parlement a son mot à dire dans le choix du Premier ministre, et c’est le droit du Parlement de ne pas être d’accord », a dit le docteur Georges Michel, l’un des constituants de 1987. « Il faut trouver quelqu’un qui soit à la fois acceptable pour le président et pour le Parlement. Cette personne existe. Il s’agit de la trouver », a poursuivi Georges Michel, qui a cependant « déploré l’attitude irresponsable des 16 sénateurs », tombeurs de Me Bernard H.Gousse.

Sur la question relative au décret, il a indiqué que l’article 136 de la Constitution permet au président de la République de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la bonne marche de l’Etat quand il y a des organes qui ne fonctionnent pas. « Cet article, selon Georges Michel, est l’homologue de l’article 16 de la Constitution française de 1958, en moins violent ».

Le président Michel Joseph Martelly a dénoncé la dictature du Parlement à un moment où il ne parvient toujours pas à trouver une majorité pour faire ratifier un nouveau Premier ministre, un nouveau budget et matérialiser ses innombrables promesses de campagne.

Dans un style propre à lui, il a fait des vagues en considérant que la Constitution est « l’une des pièces qui nous empêchent d’avancer ». Dans le même sens, avant lui, avec moins de virulence, le président René Préval avait indiqué que la Constitution est « source d’instabilité ».

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com

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1 thought on “Martelly dénonce une « dictature législative » consacrée par la Constitution

  1. I have always said it the 1987 constitution is trash. Haiti need a constitution created for Haitian. Not for Americans and Europeans, or even worst for paradise. Haiti has too many issues and a population that are not westerners. That is why a constitution built for westerners mentality and for paradise will never work. We live on earth its not paradise down here. We have a nation that dont think democrasy, that dont think capitslism, that dont think parliament. They are just different people and there is nothing wrong with different we just need to make a government/ constitution that suits Haitians. China is not capitalist but look at their economy… My point is let us not copy but do whats best us! Let us design what will benefit us!

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