Martelly à la recherche d’une majorité au Sénat

Le Nouvelliste | Publié le : lundi 08 octobre 2012
Robenson Geffrard, rgeffrard@lenouvelliste.com
Après avoir dégagé une majorité à la Chambre des députés, le président de la République courtise les sénateurs. Michel Martelly a rencontré, le week-end écoulé au Club Indigo, une dizaine de pères conscrits. Le chef de l’État veut avoir l’appui du Parlement pour mieux gouverner.

Le chef de l’État veut avoir le support d’une majorité au Sénat. Très critiqué ces derniers jours pour le manque de résultats de son administration, Michel Martelly se tourne vers les sénateurs après avoir gagné la confiance d’une majorité à la Chambre des députés. Une rencontre a été organisée samedi dernier au Club Indigo, à laquelle une dizaine de pères conscrits ont pris part.

Cette retraite avec les sénateurs, selon un communiqué du Palais national, a permis au président de la République de leur expliquer en détail certains projets à caractère social tels : Ti Manman Cheri, Aba Grangou et Kore fanmiw – dont le lancement aura lieu bientôt.  Il était question également de la formation d’un bloc majoritaire au Sénat, démarche dont les sénateurs présents ont promis de faire le suivi. La problématique de la cherté de la vie a également occupé une place prépondérante dans les discussions. Différentes propositions en vue d’y remédier ont été analysées.

Une dizaine d’autres sénateurs ont boudé cette invitation du président de la République. Selon l’élu des Nippes, Jean William Jeanty, ni  sur le fond ni sur la forme la demande de Michel Martelly ne l’a attiré à prendre part à cette rencontre. « Étant un responsable de parti politique, je ne peux pas soudainement me déplacer pour aller participer à une rencontre sans discuter au préalable avec les autres responsables de mon organisation », a-t-il dit. Une façon pour le parlementaire de souligner que l’invitation a été faite tardivement.

Selon le sénateur Jeanty, il ne sent aucune volonté réelle du pouvoir en place de dialoguer afin de trouver un consensus aux problèmes qui traversent le pays à plusieurs niveaux. « Il faut analyser la situation et apporter une solution, ce que Martelly ne veut pas faire », a-t-il dénoncé. Il a qualifié de séminaire sur le programme « Aba grangou » la rencontre du chef de l’État au Club Indigo avec certains sénateurs.

« Si le président était réellement conscient de la situation, il n’aurait pas organisé la manifestation de la semaine dernière, a critiqué le sénateur. Il aurait dû mobiliser toutes ses forces afin de mieux aborder la situation. »

Le sénateur Steven Benoît, qui a brillé par son absence à cette rencontre, a indiqué que l’invitation lui était parvenue trop tard. Afin d’éviter des dépenses, le parlementaire avait demandé que la rencontre se fasse à Port-au-Prince.

Plus tranchant et plus direct, le sénateur Wesner Polycarpe, a indiqué que le chef de l’État ne connaît pas réellement le sens du dialogue. « Il a des idées fixes, son comportement est spécial. Il souffre de la maladie de folie de grandeur. Il est un malade mental… », selon les propres mots du parlementaire, très critique à l’endroit du président de la République.

Pour sa part, le sénateur Lucas Sainvil, un proche du pouvoir qui a pris part à la rencontre, a fait savoir que le président a annoncé des mesures visant à réduire les dépenses de l’État afin de trouver des fonds pour exécuter ses programmes sociaux. En outre, le parlementaire a indiqué qu’il ne serait pas dans l’intérêt des onze sénateurs, généralement proches du gouvernement, de constituer un bloc au Sénat, même si l’idée a été évoquée.

Le ministre chargé des relations avec le Parlement souligne avoir contacté par téléphone tous les sénateurs avant de formaliser l’invitation en adressant une correspondance au président du Sénat. Selon Ralph Théano, onze sénateurs ont pris part à cette rencontre qui a été un succès. « On a passé environ 40 heures au total à discuter de manière formelle ou informelle sur les grands dossiers de l’État », a-t-il dit.

Ralph Théano dit avoir constaté que ce sont les mêmes sénateurs qui avaient voté le choix, de Laurent Lamothe comme Premier ministre qui ont pris part à la retraite. « Nous avons invité tout le monde. Malheureusement, certains sénateurs ont décidé de boycotter la rencontre. Nous sommes en train de tendre la main afin de travailler avec tout un chacun », a-t-il ajouté.

Selon le Palais national, cette rencontre, qui s’est déroulée dans une atmosphère très chaleureuse, s’inscrit dans le cadre du dialogue permanent initié par le chef de l’État avec différents secteurs de la société. « Elle était l’occasion pour le président de la République et les pères conscrits d’échanger sur un ensemble de dossiers. »

« À cette séance de travail ont pris part les sénateurs Lucas Sainvil, John Joël Joseph, Maxime Roumer, Mélius Hyppolite, Edwin Zenny, Wencesclas Lambert, Carlos Lebon et Willy Jean Baptiste. Au terme des discussions s’est dégagée une meilleure compréhension de la politique sociale de l’administration Martelly et de sa vision à changer les conditions de vie des Haïtiens », a soutenu la présidence.

Selon le ministre chargé des relations avec le Parlement, en plus de ces huit sénateurs, il y avait également la présence du sénateur Derex Pierre-Louis. « En voyage, Jocelerme Privert a donné mandat à un de ses collègues pour le représenter à la rencontre. Simon Dieuseul Desras n’a pas pu être là, parce que son frère a eu un accident », a expliqué le ministre.

« Tous les participants à cette rencontre ont exprimé leur volonté de travailler ensemble afin de permettre au gouvernement d’appliquer sa politique », s’est félicitée la présidence.

Robenson Geffrard, rgeffrard@lenouvelliste.com
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