Le Nouvelliste | Publi le :01 octobre 2013

Louis-Joseph Olivier ljosepholivier@gmail.com

Le Bureau du haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme a condamné, mardi, la décision de la Cour constitutionnelle dominicaine de refuser la nationalité dominicaine aux enfants des immigrants haïtiens nés sur le territoire dominicain. L’ancien président dominicain, Hipólito Mejía, appelle à la formation d’une commission spéciale devant statuer sur les lois en vigueur en matière de migration. Quelques jours après la décision de la Cour constitutionnelle dominicaine, des personnalités politiques du pays voisin continuent de commenter et de prendre position. L’ancien président de la République voisine, Hipólito Mejía, a appelé mardi à la création d’une commission appelée à statuer définitivement sur les différents aspects juridiques liés à l’octroi de la nationalité dominicaine. « En tant que pays, nous devons agir en conformité avec notre Constitution et, en même temps, en conformité aux normes internationales régissant la question des migrations », a déclaré l’ancien chef d’Etat dans une déclaration publiée mardi. Plus loin, Hipólito Mejía dit penser que, dans le contexte actuel de la politique internationale et les programmes d’intégration régionale imposés par la mondialisation économique et sociale, la migration doit être abordée comme un élément qui favorise le développement, plutôt que de la considérer comme un phénomène qui contribue à la régression des peuples. L’ancien président a tenu à rappeler aux autorités dominicaines que le dossier de la nationalité des enfants d’immigrants nés en République dominicaine a des implications juridiques, sociales et politiques qui peuvent affecter une importante partie des populations d’immigrants de différentes nationalités vivant en terre voisine. « Rappelez-vous que des centaines de milliers de Dominicains ont choisi d’émigrer à la recherche d’une vie meilleure, ainsi que des citoyens d’autres parties du monde sont venus dans notre pays en vue de réaliser leurs rêves », a indiqué l’ancien chef d’Etat. «Cette décision va priver des dizaines de milliers de personnes d’une nationalité, ce qui aura un impact très négatif sur le reste de leurs droits fondamentaux», a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme. La porte-parole a précisé que le fait pour un pays de refuser la nationalité à une personne née sur son territoire est une décision illégale, au regard du droit international. « Les conclusions de la justice dominicaine qui affectent trois générations et des dizaines de milliers de personnes aura des conséquences désastreuses pour les descendants d’Haïtiens », a indiqué Ravina Shamdasani, selon des informations diffusées par l’agence EFE. En effet, l’émigration dominicaine est proportionnellement l’une des plus élevée à travers le monde, en totalisant plus de 15% de la population nationale. Les Dominicains sont plus de 900 000 à émigrer seulement aux Etats-Unis, et 1 million 400 000 si l’on tient compte des descendants, selon le recensement fédéral daté de 2010. 458 000 Haïtiens figurent parmi les 524 000 immigrants vivant en République dominicaine selon des chiffres rendus public par l’Office national de statistique de la République dominicaine. Les étrangers qui résident sur le sol dominicain viennent de 60 pays et totalisent 5,4% de la population du pays voisin, qui est de plus de 9 millions d’habitants. La Cour constitutionnelle dominicaine avait pris la décision de priver de la nationalité dominicaine les descendants d’immigrants haïtiens, nés sur le territoire dominicain depuis 1929. Une décision qui a provoqué beaucoup de réactions dans les deux pays et au sein de la communauté internationale.

Louis-Joseph Olivier ljosepholivier@gmail.com