Les expulsés de Delmas trouvent des alliés

La Nouvelliste: Elles sont plusieurs dizaines d’organisations de défense des droits humains, d’ONG et de représentants de camps d’hébergement à dénoncer ce mardi l’opération de déguerpissement engagée par la mairie de Delmas lundi. Wilson Jeudy est pour l’instant dans le collimateur de ces institutions qui ne trouvent pas de mots assez forts pour qualifier ces agissements.

Haïti: « Le problème du logement ne peut être résolu par la répression, fulmine Camille Charlmers, directeur exécutif de la plateforme haïtienne de plaidoirie pour un développement alternatif (PAPDA). C’est aux autorités étatiques et municipales qu’il revient d’assurer le droit au logement à chaque ménage en difficulté, surtout dans le contexte post-séisme et d’élaborer les politiques d’aménagement du territoire. »

Accompagnés d’autres collègues de droits humains, alors qu’il présentait la résolution prise du colloque international organisé le 21 mars sur le problème du logement dans les camps en Haïti, M. Charlmers a crié à la violation des droits de plusieurs centaines de familles chassées de leurs tentes par la mairie de Delmas sur les places du carrefour de l’aéroport, sous prétexte que ces abris seraient liés à des activités de prostitution et de banditisme. « C’est un faux prétexte d’accuser les hébergés du carrefour de l’aéroport de bandits, lance-t-il. Nous disons non à la criminalisation des camps d’hébergement. C’est un moyen détourné d’ignorer ces victimes du déséquilibre social. »

Camille Charlmers et ses collègues des autres organisations des droits de l’Homme font remarquer que plus de 160 000 personnes sont menacées de déguerpissement dans les camps. « Comment demander à une personne d’abandonner son logis sans qu’elle sache où passer sa plus prochaine nuit ? », se questionne, pour sa part, Reyneld Sanon, coordonnateur de Fòs refleksyon ak aksyon sou koze kay ann Ayiti (FRAKKA).

Pour ce responsable d’organisation, la mairie de Delmas s’adonne à perpétrer des crimes inacceptables contre ces gens, contraints à rester dans des tentes qui ne font nullement leur honneur ni celui de leur famille. Si l’article 22 de la constitution haïtienne stipule : « L’Etat reconnaît le droit de tout citoyen à un logement décent, à l’éducation, à l’alimentation et à la sécurité sociale », ces organisations, qui ne supportent pas le comportement du maire Wilson Jeudy vis-à-vis des victimes du séisme de janvier 2010, rappellent que ces dernières ne sont dans ces sites que par nécessité.

Rejointe par une soixantaine d’institutions dans sa position dont la POHDH, Batay ouvriye, Food for the poor et le GARR, la PAPDA souligne que la paupérisation des familles paysannes a toujours été à la base de leur exode. C’est à l’Etat de leur garantir des possibilités afin de gagner leur vie convenablement dans les villes ou d’entamer le processus d’aménagement du territoire appelé à les maintenir dans leurs zones de provenance.

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