Les élections, oui, mais…

LeNouvelliste:Robenson Geffrard rgeffrard@lenouvelliste.com

Les élections pour renouveler le tiers du Sénat et les collectivités territoriales ne seront pas possibles en novembre prochain, selon plusieurs organisations politiques. Suite à l’annonce du Premier ministre Laurent Lamothe, la classe politique exige beaucoup de réponses à de nombreuses appréhensions.
Mirlande Manigat
10 sénateurs, 142 conseils municipaux et 570 Casec et Asec à élire lors des prochaines élections. Les responsables des organisations politiques veulent participer aux prochaines joutes électorales, mais ils sont sceptiques sur la date annoncée par le chef du gouvernement. Ils exigent la garantie que le pouvoir en place n’interférera pas dans les compétions pour favoriser ses candidats. Pour la secrétaire générale du RDNP, Mirlande Manigat, il est normal que les partis politiques participent aux élections. Cependant, l’ancienne candidate à la dernière présidentielle veut avoir des réponses à ses questions. Qui organisera ces élections ? Avec quel Conseil électoral ? Comment le gouvernement va-t-il assurer la population que les élections seront libres, démocratiques ? « On est dans l’attente », a déclaré Mirlande Manigat. Il faut, a-t-elle ajouté, prendre en compte trois éléments importants quand il s’agit d’élections : « premièrement, les modalités, c’est-à-dire, la Constitution et la loi électorale; deuxièment, l’organisation technique et méthodologique qui doit être mise en place. Et, troisièmement, la population est-elle prête à participer aux élections. » Pour réaliser les compétitions électorales à la fin de l’année comme l’a annoncé le chef du gouvernement, Mirlande Manigat fait remarquer qu’il faudrait commencer dès maintenant avec les préparatifs. Fanmi Lavalas on ne peut plus prête Cette organisation politique a été écartée lors des dernières élections parce que son représentant national était en exil, en Afrique du Sud. Mais, maintenant que Jean-Bertrand Aristide est présent sur le territoire, elle souhaite prendre part aux joutes électorales. « Fanmi Lavalas est prête pour les élections et nous allons les gagner. Quelle que soit la structure du Conseil électoral- provisoire ou permanent- c’est le conseil qui doit organiser ces élections », a fait savoir Ansyto Félix, membre de l’unité de communication de cette organisation politique. Félix dit souhaiter que les prochaines compétions électorales soient libres, honnêtes, démocratiques et inclusives. M. Félix a rappelé que le pays est en retard par rapport à ces élections qui devaient être réalisées, il y a un peu plus d’un an. Laurent Lamothe a déjà commis deux fautes, selon le KID Le Premier ministre Laurent Lamothe a commis deux fautes, selon Evans Paul, responsable du KID. « Premièrement, il n’est pas de sa responsabilité d’annoncer les élections. Il est là seulement pour créer les conditions nécessaires pour ces compétitions. Il est extrêmement difficile d’avoir des élections dans six mois. Deuxièmement, M. Lamothe a pris le risque d’annoncer les élections pour la fin de l’année alors qu’il existe plusieurs facteurs qui peuvent empêcher la tenue de ces joutes électorales. » Après avoir boycotté les dernières élections, Evans Paul ne souhaite pas renouveler cette expérience. « Parce que la façon dont la politique se fait dans le pays, les partis doivent s’engager à lutter pour réaliser des élections dans de meilleures conditions », a-t-il dit tout en soulignant ses intérêts pour les prochaines compétions. Il n’y a pas encore de climat pour les élections, selon Himmler Rébu Des élections pour la fin de l’année. L’ancien colonel des Forces armées d’Haïti est perplexe. « Je crois que l’on serait tout juste dans les délais. Les structures organisationnelles ne sont pas encore mises en place. C’est à partir de là qu’on peut commencer à parler de délai. Des élections c’est d’abord un climat politique. Celui-ci n’est pas encore créé. Les partis politiques sont les premiers acteurs des joutes électorales ; le gouvernement doit ouvrir un dialogue avec ces derniers pour créer le climat propice à la participation. En novembre ? On va voir », a souligné le responsable du GREH Selon Himmler Rébu, avant ces compétions on doit d’abord « régler l’épineuse question du CEP, promulguer la loi sur les partis politiques, revoir la loi électorale, revoir la mécanique électorale et créer l’ambiance propice à des élections. » Serez-vous candidat aux sénatoriales M. Rébu ? « Non. J’ai d’autres rêves. » Le vote électronique est impossible pour le moment, selon le RDNP Vous vous trompez Premier ministre, le vote électronique n’est pas possible pour la fin de l’année, selon Mirlande Manigat. « Depuis 2006, le Brésil était disposé à nous aider à introduire le vote électronique et le RDNP était favorable. Cependant, ce vote exige trois choses : l’argent, l’installation de matériels technologiques dans tous les bureaux de vote et la formation de la population en ce sens. » Même au Brésil, ce système a été introduit progressivement, a souligné M. Manigat. Elle a fait remarquer que le pays n’est pas encore habitué à ce système tout en posant le problème de l’électricité. « Impossible de réaliser les élections à la fin de l’année avec le vote électronique », a-t-elle indiqué, espérant que ce sont les dernières élections réalisées en Haïti avec les moyens traditionnels. Opont pense pouvoir le faire en six mois Techniquement, il faut six mois pour réaliser des élections devant renouveler le tiers du Sénat: quatre pour le premier tour et deux autres mois pour le second tour, selon les explications du directeur général du Conseil électoral provisoire (CEP), Pierre-Louis Opont. « C’est le minimum qu’il faut envisager, si tout va bien, pour ces compétions », a-t-il confié au Nouvelliste. De ce fait, si le gouvernement Martelly-Lamothe veut réaliser les élections sénatoriales et celles des collectivités territoriales en novembre prochain, il doit lancer le processus dès maintenant. Pour le moment, les employés du CEP se préparent pour les prochaines élections, selon M. Opont. Ils n’attendent que les décisions de l’exécutif sur le dossier. Plusieurs anciens sénateurs, dont Joseph Lambert, Youri Latortue ou Michel Clérié- actuellement conseillers politiques du président de la République-, ont avoué qu’ils ont le soutien de Michel Martelly pour les prochaines élections. Une situation qui rend encore plus sceptiques les responsables d’organisations politiques.
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