L’ancien député congolais, Ne Muanda Nsemi, sollicite l’asile au Consulat d’Haïti à Kinshasa

L’homme politique congolais, l’ancien député national, Ne Muanda Nsemi, chef du mouvement politico-religieux Bundu dia Mayala, connu sous le nom de Bundu dia Congo (BDK), a présenté une demande d’asile politique au Consulat d’Haïti à Kinshasa. En cavale depuis deux ans, il a fait une réapparition soudaine, le lundi 6 mai 2019. Dans sa requête, il évoque les liens historiques entre la RDC et Haïti, indiquant que « la République d’Haïti est habitée par des noirs de la traite négrière et de l’esclavage africains d’origine du Royaume Congo ».

Ne Muanda Nsemi réclame dans sa demande d’asile à être accueilli au Consulat d’Haïti pour assurer sa « sécurité au terme des ennuis judiciaires » qui pèseraient sur sa personne. Il considère, en effet, qu’Haïti est un second territoire Congo. Profitant des mesures de décrispation politique annoncées par le président congolais, Félix Tshisekedi, dans le cadre d’un programme d’urgence de 100 jours, Ne Muanda Nsemi espère être lavé de toutes poursuites judiciaires après son audition par le procureur général près de la Cour de cassation.

Arrêté le 3 mars 2017, après trois semaines d’affrontements entre ses adeptes et les forces de l’ordre dans le quartier de Ma campagne à Kinshasa, il avait été détenu en prison jusqu’à son évasion, le 17 mai 2017. À l’exception de ses plus proches partisans, personne n’est au courant de ses activités au cours de sa période de clandestinité, mais il a apporté un message de paix lors d’une conférence de presse tenue le lundi 6 mai 2019 dans la capitale de la RDC. « Je suis venu pour consolider la paix dans ce pays. Je suis venu pour travailler avec la gauche et la droite, et qu’on puisse connaître la paix dans notre pays, pour construire le pays », a-t-il affirmé.

Cependant les opinions sont partagées en RDC quant au sort à infliger au cerveau de l’évasion sanglante de mai 2017. Si certains exigent qu’il retourne en prison sans autre forme de procès, d’autres demandent des mesures clémentes en sa faveur afin qu’il puisse continuer sa carrière politique. Mais lui, il eut à dire qu’il ne partira pas en prison sans ses adversaires, le sénateur Evariste Boshab, l’ancien gouverneur et sénateur André Kimbuta et l’ancien président Joseph Kabila. « Je suis citoyen du pays, je ne refuse pas la prison si je commets une infraction, mais tant qu’ils seront libres il ne faut jamais me parler de prison ».

La République démocratique du Congo, le plus grand pays d’Afrique francophone, est dirigée depuis le 24 janvier 2019 par Félix Tshisekedi. Le cinquième chef d’État de la RDC avait gagné les élections grâce à un pacte conclu avec son prédécesseur Joseph Kabila qui a dirigé le pays de 2001 à 2018 après le règne de son père, Laurent Désiré Kabila (1997-2001). Les élections du 30 décembre 2018 sont contestées et qualifiées de frauduleuses par le candidat arrivé en troisième position Martin Fayulu. En réalité, le pouvoir semble être exercé par l’ancien chef d’État qui garde sa toute-puissance et qu’on se plait d’ailleurs à appeler « président de la République honoraire » dans des communiqués officiels.

Kendi Zidor

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