La MINUSTAH : un scandale de trop

Le Nouvelliste:Le viol présumé d’un adolescent haïtien par quatre soldats des casques bleus du contingent uruguayen basé à Port-Salut est un scandale de trop pour la MINUSTAH qui se passe de présentation dans ce genre de situations. Les Nations unies promettent la tolérance zéro pour une fois et annoncent des mesures pour appuyer la victime de cet incident, même si rien ne peut effacer un tel traumatisme. Une enquête est toutefois diligentée.

Haïti: « Les règlements de l’Organisation des Nations unies sont sans équivoque : il s’agit de tolérance zéro en ce qui concerne tout manquement de son personnel à ses obligations de respecter les standards de conduite attendus d’un fonctionnaire international, conformément à la Charte des Nations Unies », a soutenu jeudi le chef de la section communication et information publiques de la MINUSTAH, Eliane Nabaa.

Selon elle, une fois mises au courant du scandale, les autorités de la MINUSTAH ont instruit la police militaire de recueillir toutes les informations concernant l’identité des victimes, témoins et suspects. Elles ont également ordonné au commandant du contingent uruguayen de conduire une enquête préliminaire sur l’incident. Comment peut-on mener une enquête sur soi-même avec objectivité ?, peut se demander plus d’un.

En outre, toujours selon Mme Nabaa, le représentant spécial du secrétaire général et chef de la MINUSTAH a ordonné le confinement des soldats « accusés dans cet incident pour s’assurer qu’ils ne puissent exercer aucune influence sur le déroulement de l’enquête. »

« En vertu des accords qui régissent les relations entre les Nations unies et les pays contributeurs de troupes, le département des opérations de maintien de la paix et celui de l’appui aux missions au siège de l’ONU à New York ont immédiatement transmis le dossier à la Mission permanente de l’Uruguay auprès de l’ONU et ont demandé aux autorités uruguayennes de déployer un officier national d’investigation dans les plus brefs délais pour diligenter une enquête relative à ces allégations. Une équipe d’enquêteurs uruguayens est effectivement arrivée en Haïti le 4 septembre. L’enquête est en cours », a-t-elle expliqué.

Sans vouloir faire référence aux excuses publiques présentées au peuple haïtien par les plus hautes autorités uruguayennes, Aliane Nabaa a fait savoir que les Nations unies ont favorablement accueilli l’engagement ferme et l’action immédiate du ministre de la Défense de l’Uruguay à ce sujet ainsi que la décision du commandement des forces armées uruguayennes de relever à titre conservatoire le commandant de l’unité navale de Port-Salut de ses fonctions.

Ignorant manifestement ou volontairement que la MINUSTAH est un corps indivisible, Mme Nabaa se plaint des retombées négatives que peut avoir le comportement répréhensible de certains de ses membres sur la Mission. « Alors que de tels comportements sont profondément troublants et inexcusables, les actes de quelques-uns ont malheureusement pour effet de ternir l’image de la MINUSTAH et Haïti de façon irréprochable depuis 2004 », a-t-elle dit.

Elle a souligné que les Nations unies n’ont pas la responsabilité pénale de prendre des mesures en cas d’infraction. Leurs responsabilités sont d’alerter immédiatement le pays d’origine qui va mener l’enquête et ensuite suivre le processus légal conséquent. Notre responsabilité, et nous nous assurons absolument de faire le suivi avec le pays d’origine, est de s’assurer qu’effectivement toute la procédure légale est bien suivie depuis l’instruction, le jugement, la condamnation et l’application de la peine », a-t-elle indiqué.

Cependant, Mme Nabaa a attiré l’attention sur le fait que l’ONU dispose de mesures pour appuyer la victime de cet incident, conformément aux prescrits de sa stratégie d’appui aux victimes d’exploitation et d’abus sexuels.

Des mesures conservatoires

Le commandant de la base a été relevé de ses fonctions. Il n’est pas toutefois en isolement. « Cette mesure a été prise parce qu’il a une responsabilité de commandement et de contrôle de ses troupes. Donc, il a été jugé qu’il avait failli à sa mission de bon commandement et de bon contrôle sur ses troupes ; il est relevé et a été remplacé. Le représentant spécial du secrétaire général et chef de la MINUSTAH a ordonné le confinement des soldats accusés dans cet incident », a rassuré le chef de la section communication et information publiques de la MINUSTAH.

Eliane Nabaa n’a pas voulu dévoiler l’identité des casques bleus impliqués dans le viol. «…je suis vraiment désolée, mais faire circuler l’identité, la photo de quelqu’un qui est inculpé ou qui est victime peut faire beaucoup plus de mal que de bien », a-t-elle dit, soulignant que les militaires inculpés, étant donné que l’enquête est en cours, sont encore présents en Haïti.
Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com

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