LA LOBEILLE DÉMOCRATIQUE

Avril 26, 2019,

La lobeille démocratique est apparentée certainement à la démocratie lobeille, modèle inédit et original de démocratie qu’expérimente la république d’Haiti depuis trente deux années. Inscrite dans la lettre, l’esprit et les mécanismes institutionnels de la Constitution de 1987, la démocratie lobeille est l’expression de l’incapacité et de la mauvaise foi des acteurs politiques  et économiques à construire un régime démocratique de progrés et de droit, en lieu et place de la dictature récusée et répudiée.

En régime de démocratie lobeille, le temps est en opposition constante avec l’espace. Inadéquation ou contradiction qui consacre le scandale de gestes de démocrativités périodiques, appelés à voiler la marche progressive de la nation vers l’indigence économique, la misére généralisée et son corollaire, l’économie politique de l’humanitaire. Ainsi, la perversion de l’espace est élevée au niveau de négation de l’aménagement des conditions générales de production et de vie, alors que le temps prend refuge dans l’intemporel politique, lieu  voyoucratisé d’élections prédéterminées et conditionnées par des sectes subjectivement en compétition, mais objectivement solidaires dans leur mépris de l’amélioration des conditions de vie du peuple.

C’est ainsi que la démocratie lobeille accouche de la république des portraits. Chaque portrait a son double, dans la société civile ou les groupes politiques. L’on doit retenir que les portraits ne s’affrontent, ni ne s’opposent. Les portraits s’affichent, exposent rires, grimaces et rictus.

Le parlementarisme à vie prend le relais de la présidence à vie, avec une voracité et une inconscience ignorées de la dictature. Point de débats, point de divergences, encore moins de contradictions. Les catégories de la pensée et de la méthode sont battues en bréche.

En démocratie lobeille, on expose en plein jour. Que la faim remue les entrailles ou que l’insécurité accumule ses victimes. La régle du jeu est que le portrait gére la théorie des faces en tout et partout. La portraiture englobe institutions politiques et économiques. Au point que ses militants et adeptes  font chasse quotidienne à tout ce qui tient lieu de références. Car, ce qui doit prévaloir, c’est l’instantané, le flash. Ce moment qui néantise le passé et infirme les jalons de l’avenir.

Pour bien comprendre la nature de la démocratie lobeille, il faut savoir qu’Haiti est une idée à la fois héroique et morale,et que ses fondations portent la redéfinition des valeurs universelles de liberté et d’humanisme étendues à tous les peuples et à toutes les races. Malgré les turbulences historiques, incluant insurrections, guerres civiles, luttes de classes et de couleurs, les idéaux axés sur le progrés et la conquéte de la modernité ont traditionnellement sonné fort dans la cité. Aujourd’hui, la cause est entendue, pour que tous les gestes contribuent à la construction de l’immobilité économique et sociale. Comme disait le refrain d’une chanson d’époque: « tout se pa ». Marquer le pas, tout fixer en un non-lieu, apporter sable et boue aux marais sociaux, générés ça et là,voilà l’alpha et l’oméga des leaderchips politiques à l’honneur. Qui se raménent à consommer l’espace économique et social afin de créer la permanence de conditions intemporelles qui discréditent et invalident tout mouvement de progrés et d’éducation vers l’avenir.

Par-dessus tout, la démocratie lobeille privilégie le bruit politique. Sorte de cacophonie entretenue, destinée à géner l’entendement et à compromettre toute démarche de rationalité. En somme, il s’agit de faire en sorte que le sens ne s’inscrive dans aucune démarche et ne lui donne forme et contenu. Par exemple, faut se méfier du mot élection, quelque peu voisin du mot intellect.

Ainsi, tout geste n’est bienvenu que s’il ajoute un pas de plus à la valse circulaire de l’inanité économique et politique. C’est ce qui a nom: apaisement.

Apaiser quoi?

Comment?

Apaisement, c’est le maitre-mot en Démocratie lobeille. Apaiser, c’est-à-dire, faire baisser en intensité les revendications économiques, politiques et sociales des citoyens et citoyennes.On pourrait appeler cela l’économie politique du

Welfare ou de l’assistanat. Car, c’est de cela qu’il s’agit. Ou ailleurs, le welfare est une réponse à un état de chomage ou de carences financiéres affectant des catégories d’une population, en démocratie lobeille, on se trouve en présence de ce qu’il faut bien appeler l’Economie politique du Welfare ou de l’assistanat. En somme, la partie a avalé le tout. Le geste s’est fait composante de systéme. Conséquemment, en tout, le volet import va se substituer au volet export, fixant la société dans le régne de l’économie de la rente criminelle et de la socialisation scénique à responsabilité clanique. A sa phase aigue de maturation contemporaine, elle met en déroute toute tentative et initiative de production économique, de promotion de l’emploi, de la science et de la technique.

Plus qu’une société de non-développement, la démocratie lobeille est en cours de faire d’Haiti l’antre de sectes et de cercles zombiféres, lieu d’expositions de portraitures économiques, sociales et culturelles en poses de démocrativités criminelles.

On en est là. Jusques à quand? Avec cette pertinente (ou angoissante?) question: est-il possible de zombifier les citoyens et citoyennes d’une ile entourée de mers? Avoir la prétention et le projet insensés de les priver du sel libérateur?

Willem Roméus

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