La faille d’Enriquillo se réactiverait-elle ? Une secousse de magnitude 4.0 à quelques hectomètres de Léogâne, suivie d’une de magnitude 4.4, dans le Golfe de Gonâve.

La faille d’Enriquillo se réactiverait-elle ? Une secousse de magnitude 4.0 à quelques hectomètres de Léogâne, suivie d’une de magnitude 4.4, dans le Golfe de Gonâve.

Un séisme de magnitude 4.0 à 4.9, bien que soient notables les secousses d’objets à l’intérieur des maisons et les bruits d’entrechoquement, doit être considéré comme léger et les dommages importants sont rares.

Une telle secousse s’est produite, le 03 Mai 2010, à 00 h 38 Heure locale, 05 h 38 Temps Universel, en Haïti, en milieu océanique, dans le Golfe de Gonave, localisation latitude 18.57° Nord et Latitude 72.67° Ouest, à 8 kilomètres au Nord-Ouest de Léogâne et à 27 kilomètres à l’Ouest de Carrefour. Son hypocentre s’est situé à 10 kilomètres de profondeur.

Les haïtiens gardent toujours présents les affres du dernier séisme catastrophique qui a frappé leur île le 12 Janvier dernier, aussi, la population, quelque peu paniquée par ce nouvel aléa se produisant au milieu de la nuit, a-t-elle craint un moment le pire, certains cédant même à des mouvements de panique.

Ce séisme est suivit, à 14 h 21 heure locale, 19 h 21 Temps Universel, d’une seconde secousse de magnitude 4.4, localisée latitude 18.51° Nord et longitude 72.72° Ouest, épicentre à 6 kilomètres à l’Ouest de Léogâne et à 32 kilomètres à l’Ouest de Carrefour. Son hypocentre se situe à 10 kilomètres de profondeur.

Comme déjà explicité dans un de mes précédents articles Les raisons du séisme en Haïti : 3/3 Le volcanisme dans les Grandes Antilles l’île d’Hispaniola, – Haïti et République Dominicaine -, est un véritable puzzle composé d’au moins 3 terranes, voire 4 en considérant que le terrane central en comporte deux, segmentés par deux failles, la faille septentrionale, au Nord, et la faille d’Enriquillo, au Sud, déterminant des zones complexes alliant failles coulissantes et tout autant transformantes, d’une part, et, d’autre part, convergence et subduction. Si la structuration de l’île d’Hispaniola a débuté au Paléocène supérieur, – Thanétien 58,7 à 55,8 Millions d’années -, le terrane du Massif septentrional excepté la péninsule de Samaná, et les deux terranes supportant le Massif Central se percutant et se rattachant, elle se poursuit, depuis le Pliocène, – 5,3 à 1,8 Millions d’années -, accompagné d’un volcanisme sous-saturé et la mise en place des derniers édifices, de type fissural avec d’importantes coulées de laves à caractère alcalin et de projections hyaloclastiques, encore en état de conservation, – la Vigie, Thomazeau… -, avec le rapprochement et la jonction, vers le milieu Pléistocène inférieur, – 1,8 à 1,5 Millions d’années -. du terrane supportant le Massif Méridional et, tout particulièrement, la chaîne des Matheux et les montagnes du Trou d’Eau.

Le bras de mer correspondant aux plaines du Cul-de-Sac et de Neiba, aux lacs Trou du caïman, Azueï et Enriquillo…, et à la lagune del Rincon, – les étendues d’eau résiduelles, salées et sous le niveau de la mer, en sont des reliques -, se comble lentement tout comme se comble le Golfe de Gonave.

Et, dans ce système, il apparaît qu’une structure, de type orogenèse(1), activant la formation du relief, est en cours de formation dans le bras de mer, le Canal du Sud, séparant la péninsule Sud de Haïti de l’île de Gonave.

Au milieu de ce Canal du Sud, à l’Est du Gonave Basin, – 1.556 mètres de profondeur au Sud-Est, 3.132 au Nord-Est, 1.133 mètres au Nord-Ouest et, venant mourir sur la zone côtière Nord de la Péninsule du Sud -, en finalité de fermeture, apparaît un haut fond sous-marin quelque peu étrange et particulier agrémenté de deux monts en dôme dotés chacun d’un exutoire en creux d’où s’échappent des vapeurs par intermittence, l’un à son Ouest sub-affleurant à quelques 4 mètres de profondeur, le second à son Est sub-affleurant à quelques 14 mètres de profondeur.

Cette structure particulière serait-elle la clef qui permettrait de comprendre la raison des séismes qui se produisent depuis plusieurs mois le long de la faille d’Enriquillo ? Ne pourrait-elle pas être la cause d’un nouveau séisme de forte magnitude ?

Raymond Matabosch, Géologue
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