L’OEA refuse de Combattre la Violence Politique en Haïti, par Stanley Lucas

Depuis le mois de Janvier nous avons réclamé la mise en place d’une Mission Permanente de l’OEA pour combattre la violence politique qui constitue la plus grande menace contre le processus électoral et la stabilité politique. Cette mission pourrait aider à identifier les acteurs responsables de la violence politique en Haïti et coopérer avec les institutions policières et judiciaires afin de réduire considérablement la violence politique.
Est-ce que la MINUSTAH protège les sbires de Lavalas et de Pitit Dessalines ? C’est une perception forte qui existe en Haïti parce que la MINUSTAH n’a pas su protéger les centres de vote en Janvier 2015 conformément au mandat donne par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Dans la nuit du 21 au 22 Janvier 2016, des bandits lourdement armés ont attaqué 18 centres municipaux de vote à travers le pays. Un centre municipal de vote regroupe entre cinq et soixante dix sept bureaux de vote. Après avoir pillé ces centres municipaux de votes, les bandits les ont incendiés. Selon les témoignages des citoyens des communes ciblées, ce crime politique a été commis par des sbires du mouvement Lavalas et de Pitit Dessalines. Qui ne se souvient des appels à la violence du député Danton Leger sur radio Caraïbes avant ces actes criminels ? Le leadership de la MINUSTAH proche de Lavalas a refusé d’enquêter et de produire un rapport sur ces évènements. Malgré le communique du Département d’Etat condamnant ces intimidations,  la violence électorale et la violation de la Charte Démocratique aucun suivi n’a été fait pour punir les responsables de la violence politique. L’inaction de la MINUSTAH contre la violence politique depuis 2012 laisse ouverte une porte faisant croire a certains acteurs politiques que la violence est un outil acceptable sur le terrain de la compétition politique. C’est dangereux pour les récents gains démocratiques.
Crimes politiques et agressions en série : la remacoutisation en marche Dans le bilan du cycle de la violence politique, on peut citer la tentative d’enlèvement de José Ulysse du parti Ansamb nou Fò, dissident du parti Lavalas et proche du PHTK. Il faut y ajouter les assassinats de Lyonel Prévilon, ancien candidat du PHTK pour la commune de Desdunes criblé de balles et du militant Jeff Pierre Louis assassiné le 13 Mai au cours d’une manifestation pacifique du PHTK. Rappelons aussi les agressions physiques contre Fednel Monchéry et plusieurs militants du parti PHTK ainsi que les persécutions politiques du gouvernement Privert contre les membres du PHTK dans l’administration publique, les départements des Nippes, du Nord’Est, du Sud et de l’Ouest à travers la politisation de la justice et des délégués récemment nommes.  Dans la nuit du 15 au 16 Mai, des bandits ont attaqué le Commissariat des Cayes. Deux policiers sont morts. Suite à cet acte odieux deux versions circulent dans l’opinion publique.
1.     Selon le Président Privert ce serait le citoyen Guy Philippe qui serait responsable de cet acte criminel 2.     Tandis que d’autres personnalités politiques parlent d’une machination politique monte par le Palais de Privert et Fanmi Lavalas. Rappelons que le Président provisoire actuel Jocelerme Privert est sur la liste des organisations de droits comme responsable du massacre de Raboteau aux Gonaives en 2004 et du massacre de la Scierie a Saint Marc durant la même période.
Alliances et mésalliances La récente conférence de presse du porte-parole de la Présidence a renforcé la deuxième thèse tandis que le Palais national dépêche une commission d’enquête aux Cayes pour faire la lumière sur ces évènements criminels.  Rappelons qu’il existe un contentieux entre Lavalas, dont faisait partie Privert comme Ministre de l’Intérieur en 2004, et Guy Philippe. A cette époque Guy Philippe et Moise Jean-Charles de Pitit Dessalines étaient derrière un mouvement populaire qui a provoqué le départ de Jean Bertrand Aristide et l’éviction de Lavalas du pouvoir. Cette animosité entre Guy Philippe et Lavalas ainsi que son alliance avec Moise Jean Charles de Pitit Dessalines se sont traduites dans un entretien entre Moise Jean-Charles (Pitit Dessalines et ancien Lavalas) et Gérard Gilles, un responsable national du parti Fanmi Lavalas. Ecoutez : https://soundcloud.com/haiticherie/lob-y-ak-joure-nan-fanmi
Le discrédit de la MINUSTAH et la nécessité du rôle régulateur de l’OEA Plus que jamais l’isolement et la neutralisation des acteurs de la violence politique en Haïti sont une urgence pour la stabilité politique d’Haïti. La perte de crédibilité totale de la MINUSTAH à travers le viol d’un jeune garçon mineur par ses soldats, la non sécurisation des centres de vote le 21 Janvier, la propagation de l’épidémie du choléra par les soldats Népalais et d’autres actes du genre ont déterminé la perception négative et généralisée selon laquelle la MINUSTAH est devenue une mission partisane qui a son favori sur l’échiquier politique.  En conséquence on la considère incapable de faire un travail de suivi sur la violence politique en Haïti et d’exécuter le mandat donne par le Conseil de Sécurité. Il n’y a que l’Organisation des États Américains (OEA), à travers la CIDH (Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme), qui pourrait faire ce travail de lutte contre la violence à travers une commission neutre.

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