Kesner Pharel / PetroCaribe: un mécanisme non fonctionnel

Kesner Pharel- Loop News.com

Avec un baril de pétrole brut inférieur à 40 dollars américains, PetroCaribe est un mécanisme non fonctionnel.

Le baril de pétrole brut est passé la semaine dernière en dessous de la barre de 40 dollars américains sur les marchés internationaux pour atteindre le niveau de 37 dollars.

La surabondance de pétrole sur ces marchés et l’incapacité de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à trouver une entente pour une réduction des quotas des pays membres ont causé depuis plusieurs mois une chute libre des prix sur le marché mondial.

Bien qu’Haïti ne soit pas un pays producteur de pétrole, il a subi considérablement le contrechoc pétrolier en cours, en raison de l’accord PetroCaribe signé entre le Venezuela et plusieurs pays importateurs de la Caraïbe et de l’Amérique Centrale.

PetroCaribe est en fait un Accord de coopération énergétique (ACE) qui a été mis en place en 2005 par l’ancien Président du Venezuela, Hugo Chavez, pour supporter les économies importatrices de pétrole de la Caraïbe et de l’Amérique Centrale.

Le mécanisme a permis aux gouvernements ciblés d’obtenir les produits pétroliers à des tarifs préférentiels. L’administration Préval a été la première à bénéficier du mécanisme servant à financer le budget du pays.

Selon les modalités de paiement fixés dans l’accord, si le prix du baril est égal à 150 dollars américains ou plus, les pays bénéficiaires paient seulement 30 % en cash et le reste sera financé à 70 %.

Au cas où le baril devrait évoluer dans la fourchette de 100 à 150 dollars américains, les pays bénéficiaires auront à payer 40  % en cash et obtiendront un financement de 60 %. Avec un baril dans la fourchette de 80 à 100 dollars américains, les pays bénéficiaires devront décaisser 60 % et auront à payer plus tard 40 %. Pour un baril se retrouvant dans la fourchette de 50 à 80 dollars américains, les pays bénéficiaires auront à payer à court terme 60 % en cash et à long terme 40%.

Finalement, quand le baril se retrouve dans la fourchette de 40 à 50 dollars américains, les pays bénéficiaires sont obligés de payer 70 % en cash et le 30 % restant sera remboursé sous la forme de dette.

Avec le baril passant en dessous de 40 dollars, PetroCaribe devient un mécanisme non fonctionnel car le Venezuela ne pourra plus supporter financièrement les pays bénéficiaires qui se retrouveront dans l’obligation de payer totalement leur facture pétrolière.

Avec des ressources domestiques de plus en plus limitées, les responsables financiers locaux feront face à un important manque à gagner au niveau du budget de la République. En effet, le gouvernement a pu bénéficier au cours des  quatre dernières années d’une moyenne de 320 millions de dollars américains par an pour financer des projets d’investissement au niveau du budget national. Il est prévu un financement de PetroCaribe de quelque 7 milliards de gourdes pour l’exercice fiscal 2015-2016.

Ce trou dans le budget ne pourra être comblé par les dons des bailleurs, car l’assistance financière internationale a maintenu sa tendance baissière pour passer en dessous de la barre de 500 millions de dollars américains.

Le déficit budgétaire qui devrait en résulter pourrait avoir des répercussions très négatives sur l’économie nationale au cas où les futurs responsables politiques devraient utiliser le financement interne auprès de la Banque centrale pour exécuter le budget adopté en début d’exercice fiscal.

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