JUDE CELESTIN ADDRESSES HIS PEOPLE – THE HAITIAN NATION

February 4, 2011

*PEUPLE HAITIEN,*


Finalement les résultats tant attendus sont proclamés par notre CEP qui aura
désormais toutes les peines du monde à se dire indépendant, parce que son
esquif, ballotté par la tempête des pressions, semble s’être enfin enlisé
dans les sables de la vassalité et du reniement de soi. Malheureusement
nous ne sommes pas sorti tout à fait indemne de la traversée tumultueuse,
car nous porterons encore longtemps les atteintes faites à notre bonne foi
et à notre prestige. Et même si les blessures se ferment, les cicatrices
demeurent et rien que d’y toucher réveillera la douleur, pour maintenir le
souvenir des drames, des tractations souterraines et des trahisons qui ont
marqué cette période électorale.

En tout cas, je m’adresse à vous du haut de ma verticalité inviolée, drapé
dans mon honneur et dans la carapace de mes principes et de mes convictions
profondes et inentamées.

Credit: Miami Herald

*Mes chers amis,*

C’est mu par un élan patriotique et dans le souci sincère de changer les
choses que je me suis engagé dans la course présidentielle, en ce pays
dévasté qui attend d’être reconstruit, au bénéfice de ce peuple qui se
lamente depuis trop longtemps de l’indifférence de ses dirigeants, comme du
mépris de ses élites. J’ai abordé la campagne, porteur d’une vision
grandiose, neuve et fraiche pour la République nouvelle que notre génération
a pour devoir de construire, une vision définie dans dix grandes
orientations de mon programme de gouvernement.Et si j’ai prôné la
continuité, en ciblant – en revendiquant –le patrimoine des cycles du passé,
c’est parce que, en tant qu’ex-directeur général du CNE ou Centre National
des Équipements, je ne pouvais faire l’impasse sur mon propre bilan,
concrétisé sous la forme des 2000 kilomètres de routes que nous avons
construites ou réhabilitées et par l’action prompte et salvatrice de cet
organisme dans les lendemains douloureux et endeuillés du séisme du 12
janvier 2010.

Sur les ailes de cette vision et de ce bilan quelque peu personnel, visible
dans toutes les provinces du pays, j’ai parcouru les campagnes ; j’ai mené
une campagne expansive et exubérante, allègre et colorée, irradiée du
sourire et de la dévotion de mes partisans, une campagne à ce point
impressionnante par la ferveur et le nombre, que nombre de représentations
étrangères, étonnées ou subjuguées, ont fait chercher auprès de plusieurs
stations de l’audio-visuel les cassettes authentifiées de nos rassemblements
monstres et à nul autre pareils. Nous avons surtout mené une campagne
saine : jamais nous n’avons attaqué nos rivaux, assuré que nos concurrents
de ce jour deviendront indubitablement nos collaborateurs ou associés de
demain dans la nécessaire et solidaire kombite du relèvement national. Nous
avons prêché la paix, la discipline, la bonne considération de l’autre et de
l’opinion contraire, le respect des affiches de l’adversaire et des biens
privés. En dépit de nos frustrations et de vos impatiences, vous avez
observé le calme et la sérénité, ainsi que le culte de la loi et des règles
du jeu démocratique. Car pour éviter de subir la loi du plus fort, nous
avons choisi de donner force à la loi. Paradoxalement ce choix ne nous a
pas porté bonheur, nous continuerons néanmoins à privilégier cette option,
tant il est vrai que la défaite du droit est toujours éphémère.

Nous nous félicitons d’avoir convenablement accompli notre tâche et rempli
nos devoirs envers nos partisans et sympathisants, comme envers nous-même en
cultivant au plus haut exposant le sens de la responsabilité citoyenne et
les vertus de l’excellence en toutes choses. Vous et moi, nous sommes
absolument convaincus d’avoir bousculé les panneaux branlants des sondages
truqués et manipulés et remporté haut la main les joutes de ce 28 novembre,
abandonnées d’ailleurs dès midi par nos adversaires effrayés de l’immensité
de notre vague conquérante. D’ailleurs, un comptage objectif et impartial a
confirmé notre victoire limpide,annoncée et répercutée à travers le monde
par l’une des plus respectables chaînes de la presse américaine.

Dès lors, les officines souterraines et les forums se sont mis au travail de
sape pour crucifier Jésus-Christ (J.C.) et glorifier Barabas. Puisque, à
partir de midi il ne restait à voter que nos partisans fidèles, nos
adversaires déboutés n’eurent d’autre alternative que de réclamer
l’annulation. Mais bientôt les deux grands ténors de l’annulation ont
ravalé leur morgue sous la promesse de quelque potentat d’ici et/ou
d’ailleurs que tout allait être fait pour les maintenir dans la course, au
prix de la diabolisation et de la mise à mort politique du gagnant. Et la
machine se mit en marche pour broyer la vérité des urnes, en rejetant tous
les procès-verbaux où JC comptait plus de 300 voix puisque nos concurrents
pas assez populaires – ou absents – ne dépassaient pas le cap des 150.
Ainsi mit-on de côté– en quarantaine – environ 3000 procès-verbaux dont 90%
étaient a notre avantage ; ne pouvant malgré tout nous sortir, 1045 PV
gagnants de JC disparaissent comme par enchantement dans le centre de
fabulation. Injustice, iniquité, hypocrisie, imposture, il n’y a pas de mot
dans le vocabulaire de l’immoralité pour qualifier une telle attitude. A
force d’élucubrations et de gymnastique sur la crête de chiffres, on nous
ravala en deuxième position, juste au niveau du pourcentage de leur sondage
commandité. Nous ne protestâmes même pas.

Et notre poursuivant immédiat, qui n’avait jamais dépassé les 14 % dans
leurs sondages, prit prétexte de sa brusque remontée – artificielle ou
réelle – pour forcer le destin, en cela encouragé par certaines délégations
ou liaisons particulières, et jeta dans les rues de Port au Prince et de
Pétion-Ville-Delmas des hordes agressives qui saccagèrent tout sur leur
passage, durant trois journées dont le fait dominant est l’absence remarquée
– et certainement délibérée – des chars, des soldats et policiers de la
MINUSTAH.

Nous voilà ainsi revenu au temps des baïonnettes ; nous croyions honnêtement
en avoir fini avec ce passé, mais ce passé n’en avait pas fini avec nous ;
il ressurgit dans toute sa splendeur macabre sous la dictée ou dans la
complicité à peine discrète de nos tuteurs, de nos pédagogues de la
stabilisation démocratique. Ainsi l’haïtien a renoué avec cette pratique de
vouloir prendre le pouvoir par les armes et la violence. Et la violence
vient de recevoir la suprême récompense. Cela nous remet en mémoire le
massacre odieux de la ruelle Vaillant du 29 novembre 1987, le vandalisme
meurtrier du 7 décembre 2010 : quelle similitude dans le tragique des
images, quelle analogie dans le profil des acteurs, quelle constance dans le
statut des commanditaires, quelles retrouvailles dans l’identité des
bénéficiaires !

Dans cette confusion savamment créée et entretenue, le gouvernement, tombant
grossièrement dans le piège des sourires et des empressements diplomatiques,
sollicita l’assistance technique de ses fossoyeurs. Et les experts
accoururent, amenant dans leur sacoche deux pages de rapport déjà rédigées
par une commission informelle et confidentielle qui avait visité les
procès-verbaux et identifié lesquels pouvaient nous éreinter. Il ne
s’agissait maintenant que d’habiller le rapport à venir, de l’asseoir sur
une méthodologie prétendument scientifique – d’ailleurs restée
abracadabrante – et sur des considérants tout à fait incongrus et
incohérents. Des experts haïtiens ont d’ailleurs démontré le parti pris
écœurant dans le choix des P.V. et l’absurdité des conclusions et des
recommandations. Mais, ils sont de trop près, ils sont de chez nous ; pour
être reconnu expert il faut venir de loin.

Qu’à cela ne tienne : malgré la faiblesse patente du travail des ‘’experts’’
de l’OEA et la machination de la fuite programmée, une large fraction de
l’International tient mordicus à ce rapport et en impose l’application au
CEP, au gouvernement, à notre plateforme INITE, ramollie en la circonstance
par la révocation intempestive des visas des membres de son directoire et la
menace d’autres sanctions plus pointues. Ainsi sommes-nous arrivés, en
cette première semaine de février, en ce jour de la Chandeleur, ce jour de
la lumière et de la vérité, à ces résultats mensongers, tirés par les
cheveux, que notre CEP indépendant a infligés, oui, infligés à la conscience
nationale pervertie par les pressions internationales, comme une gifle
assenée à la moralité publique, infligée à notre peuple vigoureusement
éperonné pourtant au souvenir de ses gloires passées et qui se réveille à un
nationalisme que l’on croyait perdu.

*Peuple haïtien,*

Même face à des résultats aussi tronqués, j’assume ma nature profonde,
empreinte de civilité, trempée au respect de l’autre et au creuset de la
courtoisie et de la magnanimité. Elle m’incline à présenter des
félicitations aux vainqueurs de ces joutes et même à ceux qui ont bénéficié
de la faveur des consuls. De quelles allégeances et concessions inavouées
n’a-t-on pas payé cette sollicitude galopante, entêtée et dévastatrice ! Ne
faut-il pas s’attendre à boire jusqu’à la lie la coupe empoisonnée des
injonctions et des humiliations !

Je plains nos dialecticiens de la gauche fatiguée comme les inaltérables
rhéteurs de la droite conservatrice et de la société civile trop vite et
trop bien alignée ; je plains les ténors de l’intelligentsia annuellement
emballée sur la route de l’esclave comme partant à la recherche de quelques
résidus de la dignité haïtienne ; je plains la masse aujourd’hui clairsemée
de nos leaders qui se sont tus, en enfouissant profondément leur drapeau
dans leur poche. Pourtant je me réjouis et me console au constat qu’il
reste sur cette terre quelques échantillons de cette race superbe, encore
capable de dire NON a l’indignité et d’indiquer aux occupants les limites de
l’inacceptable et le point à partir duquel même un frère ou un père
nourricier peut aller trop loin dans l’avilissement de l’obligé : Haïti leur
en tiendra reconnaissance éternelle.

Je plains certains de mes coreligionnaires de la plateforme INITE qui, comme
les fils du patriarche Jacob, ont vendu leur frère Joseph, sans l’intuition
que ce dernier pouvait –- allait– devenir ministre du pharaon d’Egypte.
Dans leur hâte de me livrer afin d’apaiser les impatiences des orfèvres
probablement détenteurs de quelque pièce de leur coffret à bijoux, ils ne se
sont pas donné le temps de relire la loi électorale qui ne reconnaît pas à
un parti le droit de « désister » son candidat, ni à celui-ci d’outrepasser
le délai prescrit (article 104). Il m’est bien douloureux de voir mes pairs
se couvrir la face pour lécher le sang immonde qui coule de la blessure de
la honte et de devoir les consoler en sollicitant pour eux l’absolution
nationale et en leur jetant mon propre pardon, pour la seule raison qu’ils
ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Ce qu’ils faisaient d’abord à
eux-mêmes, car en regardant dans la même direction d’infamie que nos
détracteurs, ils se sont tourné le dos à eux-mêmes. A moi, ils n’ont fait
que du bien, m’ayant permis de découvrir tout de suite quelques spécimens de
cette race qui savent si vigoureusement agité l’encensoir devant nous dans
l’objectif, devenu aujourd’hui évident, de nous saouler et de nous
étouffer. Je sais qu’il est vain de parler de dignité nationale à qui n’a
qu’une notion approximative de sa dignité personnelle. Hélas ! Les
compromissions et la crainte éteignent l’honneur comme le vent souffle sur
une bougie. L’Unité (INITE) se dissout quand toute grandeur s’effondre ;
elle se dilue dans la poussière des capitulations et des reniements. La
quête forcenée du pouvoir en dehors de son propre camp oblige parfois à des
collusions bien indignes.

Mais mon amertume fond devant la certitude qu’il existe encore dans les
rangs de mon parti des citoyens et citoyennes verticaux, constants dans
leurs convictions et leur idéologie, respectueux des principes et des liens
de fraternité infrangibles entre les supporteurs d’une même et noble cause.
Elle s’efface même, quand je me persuade que certains combats et attaques
laissent les prétendus vainqueurs plus embarrassés que ceux que l’on croit
vaincus. C’est fort de cela que je formule mes vœux les plus fervents de
succès à l’endroit des candidats au sénat et a la députation de la
plateforme INITE qui vont affronter la lice du second tour. Je leur
souhaite du courage, de la lucidité, de la vigilance pour que personne ne
puisse leur voler leur popularité et leur victoire. Je suis à leurs côtés
et il n’est rien que ne sois prêt à faire pour les aider et les accompagner
sur la route du triomphe.

*Hommes et Femmes de l’Haïti du prestige et de la fierté,*

*Jeunesse saine de mon pays,*

Je m’adresse à vous des confins de l’indignation et de la colère, tant me
révolte l’attitude de ceux-là, d’ici et d’ailleurs, qui ont acquis un tel
aplomb dans la pratique de la machination, de l’hypocrisie et de la
trahison. J’adresse le salut fraternel et patriotique à tous ceux,
populations des villes et des sections communales, candidats au sénat et à
la députation de la plateforme INITE, tous les candidats législatifs de
partis frères qui ont supporté ma candidature, les « Amis de Jude », qui
m’ont soutenu et accompagné durant les rudes journées de la campagne
électorale, qui n’ont pas failli ni défaillidurant les moments de transe et
d’angoisse où des vaincus ont fait parler la poudre (aux Cayes) et la
violence ( à P au P et à Pétion-Ville-Delmas). N’accordez aucune confiance
ni aucun écho aux fanfaronnades des uns et des autres : le vote d’un peuple
ne s’exprime que dans l’urne, pas au micro des manipulateurs de l’opinion.
Retenez pour l’histoire et pour la vérité que ce sont ceux qui ont dépecé
les procès-verbaux et ordonné à leurs sbires du centre de
tabulation/fabulation d’opérer des sélections au détriment d’un candidat
pour faciliter un autre, ce sont ceux-là qui ont falsifié ou volé le vote
du peuple. Ce sont eux, les véritables fraudeurs. Qu’il est aisé d’accuser
l’autre de fautes qu’on a commises soi-même : la raison du plus fort est
toujours la meilleure. Il est clair pour tout le monde que les résultats ne
reflètent pas la tendance du vote : comment comprendre la mise a l’écart du
candidat a la présidence de INITE alors que tous les candidats législatifs
de la plate-forme, lesquels ont mené avec lui campagne commune et conjointe,
ont largement gagné dans tous les départements, dans toutes les
circonscriptions du pays, comment comprendre cette insistance pour que le
second désiste alors que ne coiffant pas la liste il a peu de chance de
gagner, on le dit même impopulaire : tout cela est tout a fait illogique
même pour les pupilles de l’école maternelle. Ne laissez personne, si
puissant soit-il, vous donner mauvaise conscience ni mettre en cause votre
honnêteté pour couvrir des forfaits concoctés dans le secret de leur
officine ou de leur forum.

Nous adressons un

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