Je viens de signer “John Baird, Ministre des Affaires étrangères & Jose del Carmen Urena, Ambassadeur de la République dominicaine au Canada: Exhortez le gouvernement dominicain à invalider la décision 168.13”

Bonjour,

Je viens de signer cette pétition et je souhaitais faire appel à votre soutien. Plus nous serons nombreux à signer ma pétition, plus elle aura de chances d’aboutir. Pouvez-vous m’aider en ajoutant votre nom?

Merci,
Anne Marie

John Baird, Ministre des Affaires étrangères & Jose del Carmen Urena, Ambassadeur de la République dominicaine au Canada: Exhortez le gouvernement dominicain à invalider la décision 168.13

Par Jennie-Laure Sully
Montreal

De l’apartheid à quelques heures de chez nous?  Nous ne laisserons pas faire cela!

(English version) Le 23 septembre 2013, la Cour constitutionnelle de la République dominicaine a pris la déplorable  et outrageante décision d’enlever la nationalité dominicaine à des centaines de milliers de dominicains d’ascendance étrangère.  Cette décision est d’autant plus inacceptable qu’elle a été appliquée rétroactivement à des personnes nées en sol dominicain après 1929 de parents désignés comme étant  en « situation de transit ».

Selon le Bureau national des Statistiques du pays, 86% des victimes de cette décision injuste sont d’origine haïtienne.  Plusieurs de ces personnes vivent en République dominicaine depuis quatre générations.  Elles n’ont aucune autre nationalité que la nationalité dominicaine. Leur langue est l’espagnol et elles ont depuis longtemps perdu tout point d’ancrage en Haïti.  Aujourd’hui, ces dominicains d’origine haïtienne, dont les plus âgés ont 84 ans et ont contribué toute une vie de travail à l’essor de la République dominicaine, se retrouvent apatrides.

Tandis que les autorités dominicaines prétendent que la décision permettra aux personnes visées de quitter le pays pour régulariser leur statut, nous avons reçu de déchirants témoignages à l’effet contraire. Une jeune femme a rapporté qu’en raison de cette décision qui la prive de papiers d’identité valides reconnus par l’État dominicain, elle s’est vu refuser par ce même État dominicain, le droit de voyager.  Il lui a donc été impossible de rejoindre son fiancé américain avec qui elle devait se marier en Floride. Un porte-parole du Consulat dominicain à Montréal, nous a avoué qu’un jeune et talentueux joueur de baseball haïtiano-dominicain qui a été recruté pour jouer dans une ligue américaine a également été mis dans l’impossibilité de voyager hors du pays.

Il apparaît donc que la motivation des autorités dominicaines n’est pas de régulariser le statut des Dominicains d’origine haïtienne mais plutôt de créer un système d’apartheid pour toute une classe d’individus dépourvus d’identité légale et de tous droits. Ils deviendraient des moins que rien dont l’État dominicain pourra disposer à sa guise, soit en les maintenant dans un état de servitude perpétuelle, soit en les faisant subir les pires exactions afin de procéder à un nettoyage ethnique de la population dominicaine.  Il faut rappeler qu’en 1937, le dictateur Trujillo avait fait massacrer plus de 30 000 personnes suspectées d’être d’origine haïtienne.

Nous, citoyens Canadiens d’origine haïtienne ou dominicaine qui sommes à peine à trois heures d’avion de ce drame humain, ne pouvons laisser se répéter un tel génocide au XXIe siècle.  À travers cette lettre, ce sont les voix des citoyens Canadiens de partout à travers le pays et les voix des citoyens de toute origine à travers le monde qui se joignent aux nôtres pour dénoncer l’infâme décision de la Cour Constitutionelle dominicaine.

Bien que la République dominicaine a le droit souverain de décider des conditions d’octroi de la nationalité dominicaine, elle est liée au droit international relatif aux droits humains qui stipule qu’on ne peut arbitrairement retirer sa nationalité à une personne, notamment si une telle mesure la rend apatride. En plus de porter atteinte au droit international, la décision de la Cour constitutionnelle dominicaine contrevient à une décision de la Cour interaméricaine des droits de l’Homme et est même contraire à la Constitution dominicaine qui repose sur le principe de non rétroactivité de la loi. Pour toutes ces raisons, nous vous demandons Monsieur le Ministre Baird et Monsieur l’ambassadeur Urena d’adresser une demande officielle aux autorités dominicaines afin de les exhorter à invalider la décision du 23 septembre 2013.

Nous terminons cette lettre en lançant à tous un appel au respect des droits humains et à la solidarité entre peuples car personne n’est libre quand d’autres sont opprimés.

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