Haïti-Rnddh/Subvention : Pierre Espérance soulagé de l’enquête annoncée par le parquet de Port-au-Prince

P-au-P, 21 avr. 2017 [AlterPresse] — « La décision du parquet de se saisir du dossier, relatif aux subventions reçues par le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), de la part de deux organismes d’État, me soulage et permettra de faire la lumière sur le dossier », confie Pierre Espérance, directeur exécutif du Rnddh.

« Je souhaite que le résultat de l’enquête du parquet soit rendu public, de même que l’accusé de réception de la lettre adressée par le commissaire du gouvernement à la Banque de la République d’Haïti (BRH) », lance Pierre Espérance, invité à l’émission TiChèzBa, prévue pour être diffusée les samedi 22 et dimanche 23 avril 2017 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).

Me Ocnam-Clamé Daméus, commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, a demandé à la Banque de la république d’Haïti (Brh = banque centrale) de lui communiquer les informations, relatives à l’identité de la personne ou l’organisation qui a endossé et encaissé les chèques de subvention du Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement (Bmpad) et de l’Office national d’assurance-vieillesse (Ona).

Parallèlement, Me Daméus a demandé au Bmpad de lui communiquer la liste des subventions, octroyées de janvier 2016 à avril 2017.

Pierre Espérance dit vouloir éviter toute polémique, sur le dossier des subventions, et maintient qu’il reste calme et serein dans l’attente des résultats de l’enquête du parquet.

Entre-temps, le directeur exécutif du Rnddh dénonce ce qu’il appelle un « vaste complot », visant à détruire l’institution et ternir la réputation de ses dirigeants, dont lui-même.

Espérance avance que des membres du secteur des droits humains seraient liés au « complot ».

Le mercredi 5 avril 2017, la militante des droits humains, Marie Yolène Gilles, ancienne assistante responsable de programme au sein du Rnddh, a annoncé, en conférence de presse, avoir remis sa démission au sein de cette institution pour des « raisons éthiques et morales ».

« Les rumeurs de corruption (au sein du Rnddh), qui se sont révélées vraies, entachent irréparablement l’image de l’institution (…) Je ne saurais me faire complice de vos agissements, ni, non plus, jeter ma crédibilité et mon honnêteté à la poubelle de votre irresponsabilité », lit-on dans la lettre de démission, adressée à Pierre Espérance.

Ce dernier persiste que sa quête de subventions était et reste conforme aux règlements internes et statuts du Rnddh.

« Si les statuts comportent des failles, il revient à l’assemblée générale du Rnddh de les amender », préconise-t-il.

« La plus grande force de l’équipe du Rnddh est sa capacité de s’autoévaluer et c’est ce qui nous permet d’être encore debout, après 17 ans », se félicite Pierre Espérance, qui annonce la tenue d’une assemblée générale de l’organisation, avant le 15 mai 2017.

D’autre part, le directeur exécutif du Rnddh, qui se veut constant dans ses engagements en faveur de la lutte pour le respect des droits humains, dénonce le décès de cinq détenus, en moins de trois mois, dans la prison civile de Petit Goâve (département de l’Ouest,à 68 km au sud de Port-au-Prince).

Il appelle l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IgPnh) à ouvrir une enquête sur le dossier.

« Selon les informations, recueillies par le Rnddh, certains de ces prisonniers sont morts de bastonnade, d’autres de malnutrition ou encore de maladies », déplore Pierre Espérance.

Sur les 155 détenus de la prison de Petit-Goâve, 137 sont en détention préventive prolongée et seulement 18 ont déjà été condamnés, indique Espérance.

Espérance dénonce également les « interférences de l’exécutif dans certains transferts au sein de la Pnh ».

Ces interférences ne peuvent mener qu’à une « politisation » de la Pnh, affirme le militant.

Faisant allusion à l’incident du vendredi 7 avril 2017, à l’Arcahaie (au nord de la capitale), considéré comme une attaque contre le cortège du président Jovenel Moïse, le militant des droits humains soutient que le motif, avancé pour ces transferts, est infondé.

« Pas une seule pierre n’a été lancée sur la voiture du président, ni sur son cortège » affirme, catégoriquement, Pierre Espérance, qui soutient que les résultats d’une enquête du Rnddh viendront confirmer ses dires.

A propos de l’annonce de la nouvelle Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti (Minujusth), annoncée pour octobre 2017, Espérance la juge « inutile ».

Selon le directeur exécutif du Rnddh, l’actuelle Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) laisse, derrière elle, un bilan mitigé. Ses 13 années de présence dans le pays sont entachées de vols, viols, d’impunité et du lourd fardeau du choléra.

Toutefois, reconnaît-il, « le seul aspect positif de la Minustah est la Police des nations unies (UnPol), notamment son apport dans la restructuration de la Pnh ». [am gp apr 21/04/2017 14 : 00]

TiChèzBa, édition du 8 avril 2017 – Invité, Pierre Michelot Jean-Claude, consultant du Rectorat de l’UEH

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