Haiti: qu’est-ce qui bloque la reconstruction de la Capitale?

Par: Ayiti Kale Je
Si la capitale haïtienne pouvait être reconstruite à partir de documents seulement, les présentations en PowerPoint, les PDF’s, les documents stratégiques, les rapports superbement schématisés et les discussions à n’en plus finir sur la « mixité sociale », on en serait aux travaux de finition. ...
NDLR. L’article qui suit est intéressant non seulement du point de vue des informations détaillées fournies par ses auteurs mais aussi parce qu’il montre, sans même le vouloir, que le «blocus» vient du fait que personne ne voit encore trop bien combien de marrons il va pouvoir tirer du feu de dollars de cette reconstruction. Le maire Jason l’a bien confirmé :« Qu’on ne se le cache point, la reconstruction est d’abord et avant tout une affaire d’argent…» Si la capitale haïtienne pouvait être reconstruite à partir de documents seulement, on en serait aux travaux de finition.

Les présentations en PowerPoint, les PDF’s, les documents stratégiques, les rapports superbement schématisés et les discussions à n’en plus finir sur la « mixité sociale », les « villages urbains » et la « vision commune » circulent sur l’Internet ou s’empilent sur les bureaux et sur les tables. Des centaines de millier de dollars ont été dépensés dans l’organisation de conférences et réunions en Haïti et à l’étranger – Boston, Montréal, San-Juan… Mais à date, point de plan, ni, semble t-il, de vision commune.

En lieu et place, il y a des discussions interminables, une concurrence farouche, des désaccords voire des contradictions… mais, très peu de reconstruction.

Une enquête de deux mois, menée en collaboration avec des étudiants en journalisme de l’Université d’Etat d’Haïti et Ayiti Kale Je (AKJ) a révélé ce qui suit :

• Il y a au moins deux et peutêtre trois propositions différentes pour les travaux à réaliser pour le centre ville de Port-au-Prince et pour la grande région métropolitaine.

• Au moins deux d’entre-elles sont le résultat de contrats payés par les caisses, déjà maigres, de l’Etat haïtien

• La Mairie de Port-au-Prince – qui, en principe, est « financièrement et administrativement autonome » – a accusé le gouvernement central et ses différents ministères de l’écarter de toute planification, ce dans le but de « faire de l’argent sur le dos des victimes », selon le Maire Muscadin Jean-Yves Jason.

• Même au sein du gouvernement central, il semblerait qu’il existe deux plans concurrents, patronnés par deux ministères différents.

Le « SOS » des grands propriétaires

« Nous ne pouvons plus attendre! C’est un super projet, nous en avons participé depuis le début et nous vous félicitons, mais nous ne pouvons plus attendre ! » s’est exclamée Michelle Mourra, une femme d’affaires, fondatrice du groupe « SOS Centre-ville » pour représenter les intérêts des propriétaires du bas de la ville.

Mourra s’exprimait à l’occasion d’une réunion organisée le mois dernier par le Maire Muscadin Jean-Yves Jason, à laquelle prirent part plus d’une centaine de propriétaires du centre-ville. Les participants ont pu entrevoir un plan mis au point par la municipalité de Portau- Prince avec l’assistance technique de deux firmes haïtiennes. (AKJ détient une cassette vidéo de la réunion).

Mais la réunion ne s’est pas tenue au local de la Mairie, détruit lors du séisme du 12 janvier 2010. Elle a eu lieu au sixième étage du tout nouvel édifice de la Digicel, immeuble le plus élevé d’Haïti. Construit par une compagnie multinationale de téléphonie mobile il y a tout juste deux ans, la structure a résisté aux secousses alors que pratiquement tout s’écroulait aux alentours.

Que le Maire Jason et ses collègues travaillent depuis plus d’un an dans un immeuble climatisé en dit long sur l’état de l’administration publique et sur le processus de reconstruction en général. Très peu a été fait du point de vue de la reconstruction, plus de 17 mois après le séisme catastrophique qui a détruit ou sérieusement endommagé des maisons, entreprises, institutions et infrastructures telles que routes, ponts, réseaux d’eau et d’électricité, pour une valeur estimée à 4.3 billions de dollars US.

Dans certaines zones, les débris on été enlevés et quelques terrains nettoyés et nivelés. Mais dans l’ensemble, le bas de la ville n’est que légèrement amélioré ; et dans certains cas la situation s’est même détériorée en raison de l’établissement de nombreux camps de réfugiés, de l’apparition de nouveaux bidonvilles, une augmentation du nombre de marchands de rue, des dommages aux fils électriques, etc.

Il y a de cela cinq mois, Jason a finalement posé la « première pierre » du nouveau bâtiment de la Mairie. Mais, ainsi que le titrait le quotidien haïtien Le Nouvelliste, « Quand sera posée la deuxième pierre? »

Comme Mourra a insisté cet après-midi, « Port-au-Prince ne peut plus attendre ! » La salle, remplie des représentants des plus grandes entreprises haïtiennes et des familles les plus riches – qui ont contrôlé l’économie du pays pendant des décennies – Mevs, Mourra, Baboun, D’Adesky, Berhman, Helmke, etc, a vivement applaudi.

Frédéric Baboun s’est penché en avant en implorant: « Vous êtes le premier citoyen de cette ville ; nous ne savons plus à qui d’autre nous adresser! Vous devez prendre vos responsabilités car nous sommes fatigués de voir nos immeubles du centre-ville détruits… Cela fait déjà 15 mois qu’on est à l’écoute d’experts! »

En effet, le tremblement de terre n’a fait qu’accélérer la spirale descendante de la capitale haïtienne. Les voleurs ont profité de ce chaos créé par le séisme – volant les lampadaires, les portes, et mêmes les toilettes des bâtiments endommagés. De grandes parcelles de terrain endommagés ou détruits demeurent, le trafic dans le centre-ville souvent arrêté pendant que les camionnettes et voitures essaient de contourner des amoncellements d’ordures, des tas de gravats et une explosion de vendeurs de rues.

Faisant le constat que le centreville pourrait bientôt devenir une “ ville fantôme”, les entreprises se sont relocalisées plus haut, sur les collines de Delmas et de Pétion-ville. Mourra a fait un plaidoyer pour faire pousser de l’avant le plan de reconstruction

Mais il y a plus d’un plan en question pour la capitale haïtienne, et celui dont les Mourra et les autres propriétaires en discutent, n’est ni le premier, ni le dernier.

Prince Charles en Haïti?

Il y a un an, le 28 juillet 2010, le Ministre des Finances Ronald Baudin a déclaré, lors d’une des nombreuses réunions sur la reconstruction, « que la première étape de la reconstruction de la capitale commencerait au centre-ville et la Fondation Prince Charles (Prince’s Foundation for the Built Environment) de Londres aurait à proposer un plan».

« Faisons du centre-ville un modèle qui préfigurera la zone métropolitaine de demain » a dit Baudin, qui préside le Conseil de Facilitation pour la Reconstruction du Centre-ville.

Environ six semaines plus tard, le 2 septembre, le gouvernement central définissait une zone de 200 hectares et le déclarait d’ « utilité publique » à la grande indignation des propriétaires de terrain dont certains avaient participé à la réunion du 19 mai.

La zone désignée «d’intérêt public.» Une fois qu’un plan final sera défini, l’Etat pourrait exproprier les biens, en remboursant les propriétaires à un prix « juste et équitable » comme cela avait été déclaré. Entretemps personne ne pourra ni vendre, ni louer ou modifier leurs biens. Les propriétaires d’entreprises ont fait savoir à AKJ qu’ils ont du mal à obtenir des prêts bancaires depuis, parce que les banques ne veulent pas prendre de risques sur des propriétés qui n’ont pas une valeur sûre.

Une semaine après la déclaration, sans un appel d’offre, le gouvernement haïtien a signé un contrat de $295,000.00 dollars US avec la Fondation Prince Charles. Les fonds provenaient des trésors publics. « Nous avons choisi la Fondation car elle est à but non-lucratif » a dit Beaudin à AKJ. « Nous nous sommes dits : ‘ faisons un choix là où un appel à la concurrence n’est pas nécessaire’ ».

Selon Baudin, le prix du marché pour une étude similaire serait de presque $1 million de dollars US. La Fondation a choisi un partenaire – la société de planification urbaine américaine Duany-Plater-Zyberk (DPZ) – et a eu des réunions de consultations en automne dernier puis en janvier, pour entendre le point de vue des autorités, des gens d’affaires et des résidents de Port-au-Prince. « C’est la première fois qu’il y a autant de consultations dans le cadre d’un programme gouvernemental » a dit Baudin.

A la fin d’avril, selon Baudin, les recommandations – une série d’options pour les 200 hectares – étaient « presque terminées ». La Fondation n’attendait que les commentaires du gouvernement nouvellement élu, a dit Baudin. (Initialement le document final a[vait] été promis pour la mi-février).« Je dirais que nous sommes à une phase très satisfaisante » a noté Baudin « mais ce n’est pas tout le monde qui est satisfait ».

Mais tous ne sont pas satisfaits

Tout le monde n’est pas satisfait du plan de reconstruction du centreville basé sur la proposition de la Fondation Prince Charles / Duany-Plater- Zyberk (DPZ) et soutenu par le Ministre des Finances Ronald Baudin et le Conseil de Facilitation pour la Reconstruction du Centre-ville.

Dès que la déclaration d’utilité publique a été faite, les propriétaires ont protesté au travers d’entrevues et une pétition déplorant l’acte d’expropriation de leurs biens.

Dans une lettre publiée dans Le Nouvelliste en novembre dernier, ils ont demandé au gouvernement de ne pas créer un « petit oasis » au coeur de Port-au- Prince en ignorant « les urgences de la zone métropolitaine dans son ensemble ».

D’autres ont demandé plus de transparence sur la façon dont la Fondation et DPZ avaient été choisis. AKJ a demandé à la Fondation de répondre à des questions simples, ce qu’elle a accepté. Cependant quand Joanna Hindley, la responsable de la communication, a vu les questions – dont certaines étaient liées au contrat, les consultations et au choix de DPZ – elle a répondu qu’elle ne serait pas en mesure de « répondre à toutes les questions en raison de la clause de confidentialité du contrat » et après a cessé tout contact avec les journalistes.

Le plan de la Fondation se fonde sur des « villages urbains » pour gens de la « classe moyenne » – ce qui pourrait être des condos avec leurs parcs, eau et électricité privés, selon Hank Dittmar, directeur général de la Fondation, cité dans une colonne du Washington Post daté du 13 mars et repris par la presse un peu partout aux Etats-Unis.

Un des exemples d’une «village urbain».

Dans la même colonne, Andres Duany (Le “Z” de la DPZ) a déclaré que le plan d’ensemble permettrait aux gens de Port-au-Prince de « circonvenir… l’incompétence notoire de la municipalité de Port-au-Prince». Les commentaires de Duany ont irrité au plus haut point le « premier citoyen » de la ville qui doutait déjà de la proposition de la Fondation/DPZ. « La municipalité de Port-au-Prince a suspendu toutes les relations avec la Fondation il y a de cela 2 mois » selon les propos du Maire Jason dans une entrevue par courriel du mois dernier.

S’exprimant lors de la réunion du 19 mai avec les propriétaires, le maire a noté qu’il était fatigué de la domination étrangère dans le processus de reconstruction. « J’ai cessé de faire le compte de tous les forums et de toutes les conférences internationales sur Haïti et en particulier ceux sur la reconstruction » a-t-il indiqué.

« Quelle a été l’implication réelle des Haïtiens, et surtout des citoyens haïtiens dans ce processus? Ils disent toujours qu’Haïti est présente par l’intermédiaire des représentants du gouvernement. Peut-être ? Mais quelle est la proportion des acteurs haïtiens, en comparaison avec les autres ?», a-t-il poursuivi.

Un Plan Haïtien

Même avant ses différends avec le plan de la Fondation, Jason avait demandé à un cabinet d’architectes, Groupe Trame de Pétion-Ville et un groupe associé, Centre Haïtien de Recherche en Aménagement et Développement (CHRAD), de commencer à travailler sur un plan du centre-ville qui ferait éventuellement parti d’un « Schéma de Cohérence Territoriale » (SCOT)

Selon Jason et le président du CHRAD, Jean Lucien Ligondé, les travaux effectués à date sont gratuits. (Toutefois, le Groupe Trame est dans la course pour le contrat de $11 millions de dollars US pour la construction du nouveau complexe de la Mairie de Port-au- Prince selon Jason et Le Nouvelliste).

Lors de la réunion du 19 mai, Jason a dit aux propriétaires que le plan de la Fondation avait de nombreuses lacunes, comme indiqué dans l’évaluation du Groupe TRAME/CHRAD obtenu par le AKJ.

Entre autres critiques, « la proposition d’aménagement a été élaborée… sans que rien ne laisse supposer qu’il y a eu une enquête de terrain et ne peut en aucune façon être considérée comme une base de réflexion voire d’aménagement… pour le centre-ville de la capitale » signale le document.

En revanche, Trame et CHRAD affirment que leur plan est basé sur des centaines de pages de rapports de diagnostic (sociologiques, économiques, drainage) qui prend en compte des réunions participatives.

Au cours de la réunion du 19 mai, la Directrice du Groupe Trame, Elisabeth Coicou a montré des diapositives et a parlé de leur proposition qui garantirait la « mixité » des logements (bas et moyens revenus), zones d’aménagement touristiques (quartiers d’artistes), et une revalorisation du bord de mer.

S’adressant à AKJ à la fin de mai, Ligondé du CHRAD a déclaré que son salaire et celui de ses collègues provenaient d’autres projets ou via TRAME, qui avait travaillé inlassablement sur la proposition relative à Port-au-Prince parce que « nous voulons montrer qu’il y a des haïtiens capables de réfléchir sur la reconstruction du pays ».

Trame/CHRAD et la Municipalité ont demandé aux participants à la réunion du 19 mai – représentants des plus grandes entreprises d’Haïti et des familles de l’élite, qui ont dominé le pays pendant des décennies – de former des commissions qui considéreraient 5 défis associés au plan des propriétaires fonciers, la sécurité, le financement, le zonage et le déplacement du port commercial loin dans le nord du centre-ville.

Coicou a expliqué a Ayiti Kale Je : « Nous voulons qu’ils participent: quelle est votre vision, comment voyez-vous la nouvelle capitale ? » Mais il y a d’autres visions en cours de planification. Et qui a le droit de participer? Si deux propositions concurrentes ne suffisaient pas, Ayiti Kale Je (AKJ) a récemment appris l’existence d’un autre document stratégique d’aménagement très semblable à celui de la Fondation Prince Charles.

Il est peut être normal qu’un client – comme le gouvernement haïtien – paie plusieurs firmes pour avoir diverses propositions et options ? Mais 17 mois après le séisme on se pose la question, on en est à se demander estce normal, s’il est normal d’avoir deux plans concurrents et toujours pas de décisions ?…cela parait, pour le moins, assez inefficace.

La firme canadienne de développement urbain, Daniel Arbour et Associés (DAA), est l’un des secrets les mieux gardés dans le processus de reconstruction.

Selon de multiples sources, DAA travaille actuellement sur une série de projets pour le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, même si les projets et les contrats sont jusqu’ici bien dissimulés.

Contactée par AKJ, une personne de haut niveau du personnel du Ministère de la Planification et qui a demandé de ne pas être cité – étant donné qu’aucun fonctionnaire haïtien n’est censé autorisée à parler aux medias sans approbation du ministère compétent – a confirmé que DAA travaille en effet sur un document de « stratégie nationale » de planification urbaine et sur une étude d’une « nouvelle orientation spatiale dans le contexte du relèvement ».

Selon l’officiel haïtien, le travail de DAA n’est pas une duplication de celui réalisé par la Fondation. « Vous parlez de deux choses différentes » a-t-il dit.

Mais n’ayant pas accès à plus de détails et sans informations concrètes, il nous est impossible de vérifier ces renseignements

Comme la Fondation Prince Charles, DAA est payé par le gouvernement haïtien. Le fonctionnaire ne sait pas si DAA a été sélectionné par un appel d’offre et il ne connaissait pas le montant exact du contrat.

Sollicité de confirmer la rumeur, circulant dans le milieu des firmes concurrentes, selon laquelle, le contrat aurait couté $ 2 millions de dollars, il a seulement déclaré : « le coût peut être de plus ou moins $2 millions ».

Questionné sur la communication et la coordination entre les ministères et la mairie, le fonctionnaire a admis qu’il y avait des problèmes de communication, en ajoutant « que ce type de problèmes de communication existait aussi à l’intérieur même du ministère. »

En dépit des nombreux appels téléphoniques et des messages électroniques, le Ministre des finances Ronald Baudin n’a pas répondu aux demandes d’éclaircissements, si oui ou non il y a avait eu appel d’offre et si la stratégie de planification et d’ « orientation spatiale » de la DAA représentait une duplication du travail précédemment fait par la Fondation Prince Charles.

Le bureau québécois de DAA a transféré toutes les demandes à un représentant en Haïti au moment où cet article était écrit – René Hubert – mais Hubert n’a pas répondu aux nombreux messages électroniques d’Ayiti Kale Je.

Jason, le maire Port-au-Prince, a dit qu’il était au courant du projet de la DAA mais « personne de la direction de la compagnie n’avait contacté la municipalité ». « Je suis ouvert à toute discussion a poursuivi Jason, « mais il y a un jeu pour affaiblir le bureau du maire qui veut assumer le rôle principal qui est le sien dans la ville ».

Il y a certainement d’autres raisons à tous ces plans concurrents et cette bataille pour contrôle, particulièrement la question des contrats éventuels. « Qu’on ne se le cache point, la reconstruction est d’abord et avant tout une affaire d’argent et d’investissements. Beaucoup d’argent, » admettait Jason

Reconstruction de qui? Port-au- Prince pour qui?

Pendant que les ministres et les maires discutent et promeuvent différents plans, Port-au-Prince continue sa spirale descendante. Chaque aprèsmidi les pluies amènent leur lot de bouteilles en plastique, les carcasses d’animaux, terre, bois, charbon, déchets fécaux, débris et à peu près tout ce que l’on peut imaginer dans les rues défoncées, encombrées et dans les ravines qui se déversent dans la baie.

Un magasin sur deux est fermé ou peut-être davantage. Certains ont été remis en état par leur propriétaire. D’autres ont été rasés. Mais, il y a très peu de reconstruction car personne ne sait quel plan suivre. Et même pas les planificateurs eux-mêmes.

UN-HABITAT a écrit le document « Strategic City-Wide Spatial Plan » pour l’agrandissement spatial de la ville relative à la Capitale en 2009. Les résultats – qui recommandaient que les municipalités prennent le contrôle de leur destin – ne surprendront personne. Les auteurs ont dit :

«Port-au-Prince est à bien des égards une ville qui fonctionne mal et mal dirigée qui a une capacité insuffisante pour offrir à ses résidents les services urbains les plus élémentaires…. L’Etat haïtien et les autorités municipales sont incapables de planifier et de gérer la métropole de Port-au-Prince. En plus d’un manque de ressources financières… les 8 municipalités partagent la responsabilité de la gestion de la ville avec de nombreuses entités du gouvernement central avec des responsabilités et des mandats flous qui se chevauchent sans système de coordination».

Les résultats de 2009 sont plus que pertinents en 2011.

pertinents en 2011. UN-HABITAT est impliqué aujourd’hui dans la planification stratégique également. Selon le directeur national pour Haïti, Adrian Jean-Christophe, UN-Habitat va assister la DAA et le Ministère de la Planification dans leur plan stratégique. « Nous sommes en train de préparer un grand forum » a-t-il déclaré.

Interrogé sur les autres plans, Adrian a déclaré : « ils font tous partie de la discussion ».

« L’idée est d’avoir le leadership nécessaire pour mettre tout cela ensemble, a-t-il dit. Nous essayons de créer un espace de dialogue ».

La Fondation et l’équipe GroupeTrame / Centre Haïtien de Recherche en Aménagement et Développement (CHRAD), prétendent, les deux, avoir déjà favorisé le dialogue.

Les activités de la Fondation Prince Charles ont été tenues à l’hôtel de luxe du Montana, sur la colline au-dessus de Port-au-Prince. La rencontre du magistrat et Trame/CHRAD du 19 mai – au sixième étage de l’immeuble Digicel – a été « invitation only » (« sur invitation seulement »). Pas étonnant qu›elle a été un « who›s who » de l›élite haïtienne. Une première réunion du Trame/CHRAD – d’à peu près 50 personnes – a eu lieu encore plus haut sur la colline de Pétionville, au Karibe Convention Center. (Quoique, Ligondé est prompt à souligner deux sans-abri dans la photo de groupe du l’évènement.)

La plupart des résidents, propriétaires de petites entreprises, refugiés, et vendeurs de rue n’ont pas été invités aux sessions sur les plans concurrents qui se tiennent le plus souvent à porte fermée.

Maggy Duchatelier Gaston vit et travaille à la Rue de la Réunion depuis plus de 25 ans. La vieille boulangère a déjà mis de ses propres fonds $5,000 dollars US dans la réparation de la boulangerie / bar / école de cuisine Princesse. « Aucune autorité n’est jamais venue ici. Personne », déclarait Gaston, même si la boulangerie est située dans une zone d’« intérêt public ».

Gaston met quelques pâtisseries dans une boîte à livrer. Une des rares ventes de la journée. La vitrine géante était presque vide, avec seulement un gâteau coupé en tranches. Elle a rouvert il y a trois mois de cela, mais les affaires vont mal. Les grandes entreprises, le bureau de la Direction Générale des Impôts en face, n’ont pas été reconstruits, il y a donc très peu de piétons.

La boulangère n’a jamais entendu parler de « SOS Centre-ville », le groupe de puissants propriétaires et commençants, et n’a jamais été invitée à aucune rencontre avec personne.« Je n’ai jamais rien entendu de ce qui était planifié. Nous mourrons probablement avant que rien ne soit fait » a-t-elle déclaré.

Pourtant, Gaston n›a pas abandonné l’espoir. Le gâteau solitaire en témoigne. Mais un gâteau ne fait pas une boulangerie. Et quelques lots dégagés des décombres n›est pas la reconstruction.

Les étudiants du Laboratoire du Journalisme, de l’Université d’Etat d’Haïti, ont collaboré à cette série.
Port-au-Prince, 9 juin 2011

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