Haïti doit être perçu et traité comme une opportunité

Le président de la République prononçant son discours à l'ouverture du sommet

Le Nouvelliste | Publié le : 2013-02-18

Valéry Daudier

Un événement inédit. Ce sont les propos du chef de l’Etat haïtien qui a ouvert lundi la première journée du 24e sommet de la Caricom, qui se déroule pour la première fois en Haïti, les 18 et 19 février. Au cours de ces assises auxquelles participent les chefs d’Etat et de gouvernement, les principaux problèmes de la région seront abordés. Mis à part le problème de la circulation des personnes et des biens auquel fait face Haïti, la sécurité reste indispensable à tout développement durable.

Il y a du monde en Haïti. Des chefs d’Etat et de gouvernement de 16 pays de la région. On les a vus lundi au Karibe durant toute une journée. Ils sont tous là pour participer à la 24e réunion intersessionelle de la Caricom. Sourire, accolades, poignées de main…l’ambiance a été à la fête et elle devrait l’être encore ce mardi pour la seconde journée de l’événement dont l’objectif est de débattre les problèmes cruciaux de la Communauté. Changements climatiques, couverture forestière, trafic d’armes et de stupéfiants, libre circulation des personnes et des biens sont entre autres les différents points sur lesquels le président haïtien, Michel Martelly, a mis l’accent. « Nos pays vivent une situation paradoxale : si près mais pourtant si loin ! Parmi tant d’autres facteurs, l’inexistence d’un système de transport dédié constitue le coeur de ce problème. Pour certains de nos concitoyens, voyager au sein de la Communauté relève de l’odyssée », s’est plaint Michel Martelly. La création de la Caricom, a-t-il rappelé, vise avant tout à mettre en contact et rassembler les habitants de la Caraïbe autour des mêmes valeurs et d’un objectif commun. « Tout en étant conscient de certaines limitations, notre processus d’intégration n’atteindra l’harmonie nécessaire à son achèvement que lorsque nos concitoyens et concitoyennes apprendront à se connaître, à s’apprécier et auront l’opportunité de travailler ensemble. L’union et la solidarité pour lesquelles nous oeuvrons tous sont à ce prix », a soutenu le chef de l’Etat, affirmant que le pays n’a pas su profiter pleinement de son adhésion à la Caricom. Le Premier ministre de Sainte-Lucie, Kenny Davis Anthony, admet ce point de vue du président haïtien. Il a donc insisté sur l’importance de l’impact de l’indépendance haïtienne dans la région. « Sans la liberté haïtienne, nous ne serions pas libres », a soutenu M. Anthony. « Haïti doit être perçu et traité comme une opportunité » « Je voudrais vous dire qu’Haïti doit être perçu et traité comme une opportunité. Malgré ses difficultés, il représente une occasion favorable pour la région, une opportunité pour chaque pays de la Caricom », a déclaré, pour sa part, le président de la République, estimant que l’économie haïtienne a besoin d’être soutenue par des investissements productifs pour être viable. Selon Michel Martelly, Haïti représente une opportunité pour chaque pays de la Caricom. « Nous représentons un marché de près de dix millions d’habitants, des atouts naturels insoupçonnables et un riche patrimoine culturel qui peuvent fournir une sérieuse contribution à la santé de nos économies, a avancé le président. Tout compte fait, une économie haïtienne qui fonctionne sert mieux les intérêts de la Caricom qui élargit ainsi son marché et ses possibilités d’être plus compétitive. » Afin de permettre au pays de jouir de son intégration économique, le premier mandataire de la nation a souligné que de nouvelles négociations sur sa liste de concessions tarifaires à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sont en train d’être engagées. « J’ai déjà passé les instructions nécessaires pour donner un coup d’accélérateur au processus visant à l’harmonisation des lois nationales aux normes communautaires, dit-il. Dans les mois à venir, toutes les dispositions seront prises pour mettre le pays en règle avec le régime du commerce des biens et services. » « La loi sur l’importation et l’exportation de biens d’origine communautaire en exemption de tous droits et restrictions quantitatives sera bientôt soumise au Parlement, a poursuivi Michel Martelly dans son long discours. Il en est de même de la loi concernant le tarif national basé sur le tarif extérieur commun et le système harmonisé 2007 ainsi que celle sur le certificat d’origine et les sanctions contre la documentation frauduleuse. » Les déportés, une préoccupation majeure Michel Martelly n’était pas le seul à se montrer préoccupé par l’insécurité dans la région. Les autres chefs d’Etat et de gouvernement se sont montrés également inquiets par rapport à la déportation, dont des individus très dangereux, en provenance des Etats-Unis. Le ministre américain de la Justice, Eric Holder, qui était invité spécialement pour débattre cet aspect, a promis que le gouvernement de son pays va désormais avertir quelques jours à l’avance les pays de la région avant l’arrivée des déportés. « Je promets de faire de mon possible, je prends cet engagement au nom de l’administration Obama », a déclaré M. Holder. Le renforcement des capacités policières des pays, a-t-il fait remarquer, permettra de mieux recevoir les déportés. De son côté, le Premier ministre de Trinité-et-Tobago, Kamla Persad-Bissessar, a plaidé pour un traité international sur le commerce des armes de poing. « Nous voulons un traité sur les armes de poing. Ces petites armes et leurs minutions causent beaucoup de dommages dans la région caribéenne (…) », a relaté le Premier ministre trinitéen. De son côté, Michel Martelly a indiqué que la criminalité transnationale et le trafic de la drogue organisé constituent également un handicap au développement durable. « Notre quête de développement durable est parsemée d’embûches de toutes sortes, a-t-il dit. Nous devons déjouer par exemple les pièges qui nous sont tendus par la criminalité transnationale organisée. La souveraineté de nos pays est parfois violée par des acteurs non étatiques puissants qui se consacrent au trafic illicite des stupéfiants et qui utilisent nos territoires comme points de transit. » Malgré les différents problèmes auxquels est confronté le pays, il est considéré comme une source d’inspiration pour d’autres pays. C’est le secrétaire général de la Caricom, Irwin Larocque, qui le dit. « La force et la résilience du peuple haïtien est une source d’inspiration qui nous encourage d’aller vers l’avant durant les 4 prochaines années. » D’autres insisteraient sur la richesse culturelle du pays…
Valéry Daudier

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