Haïti. Covid-19 : Le pays où la deuxième vague est déjà bien installée ?

Presque partout dans le monde, à l’exception notable de la Chine (et d’une poussière de petits États), qui a aplati sa courbe épidémiologique depuis mars 2020 et qui n’avait pas fait état d’un seul décès dû au Covid-19 au cours des huit derniers mois jusqu’au 13 janvier 2021, on assiste depuis cinq mois environ à la survenue de ce qu’on a pris l’habitude de considérer comme une « seconde vague » de la pandémie du nouveau coronavirus..

Si en Haïti, on semble observer une décrue après le pic de juin où l’on recensait une moyenne de 128 nouvelles contaminations quotidiennes, on était tombé depuis le mois de septembre à une moyenne de nouveaux cas quotidiens inférieure à 50, tandis que les données recueillies au cours du mois d’octobre oscillaient autour de la dizaine de cas quotidiens.

Coup de théâtre, depuis le mois de décembre 2020, on assiste à une remontée en flèche de la pandémie au point que le 11 janvier le ministère de la Santé publique et de la Population a dû se fendre d’une note adressée au Premier ministre l’appelant à rétablir l’état d’urgence sanitaire dans le pays.

Ce qui confirme les frémissements d’une seconde vague de la pandémie dans le pays qui fera l’objet de cet article surtout pour ses caractéristiques et quant aux mesures à prendre pour en limiter la portée.

1 Quelques éléments de terminologie en matière d’épidémiologie.

Quand survient une maladie contagieuse qui atteint un nombre considérable de personnes, les spécialistes ont recours à un vocabulaire fondé sur quelques mots-clés qui reflètent la physionomie de son évolution.

Tout d’abord, il faut définir le mot épidémie qui s’entend d’une augmentation spectaculaire d’une maladie en un lieu donné. Dans le cas des maladies respiratoires, les épidémies se manifestent généralement sous forme de vagues suivant des cycles saisonniers ou annuels.

Si cette épidémie prend une ampleur mondiale, on parle alors de pandémie, comme dans le cas depuis les années 1980 du Sida et actuellement du Sars-Cov-2.

L’étude statistique d’une épidémie induit la notion de courbe épidémiologique qui exprime les variations journalières, soit du nombre des personnes contaminées, soit encore des personnes hospitalisées, ou des personnes en réanimation ou encore des personnes décédées.

À l’intérieur de cette courbe, on peut détacher d’abord ce que l’on appelle communément vague qui peut être désignée par les termes de vague épidémique ou de vague épidémiologique.

Selon l’Office québécois de la langue française, « la vague correspond à une brusque intensification d’une épidémie pendant laquelle le nombre de cas d’une affection contagieuse évolue rapidement vers un pic épidémique (ou sommet) avant de redescendre tranquillement ». Le nom est bien choisi parce qu’il correspond à la forme d’une vague de la mer tel que l’on peut suivre le long de la courbe épidémiologique ou sur les histogrammes représentant l’évolution de la maladie. En effet, sur la courbe épidémiologique, la vague se traduit par une convexité qui s’insère entre deux creux. Il faut souligner d’ailleurs qu’une épidémie peut contenir plusieurs phases comme il en fut lors de la grippe espagnole de 1918-19 qui avait vu se succéder trois vagues.

À l’intérieur des vagues, peuvent s’intercaler des périodes d’accélération de la maladie, de vraies poussées auxquelles on donne le nom de flambées épidémiques. Ces flambées peuvent, dans un espace donné ou dans un lieu donné, durer quelques jours, quelques semaines, voire quelques années comme il en a été depuis plus d’une décennie dans le cas de l’épidémie d’Ebola en Afrique.

À l’intérieur de la vague et après le pic, on peut distinguer souvent un plateau qui est un moment, au cours d’une épidémie où le nombre de nouveaux cas stagne, sur une période et dans une région données. Un plateau peut s’observer soit après le pic, soit encore entre la décrue et une vague suivante.

Le moment de la diminution progressive des cas de contamination et des décès observés quotidiennement dans les régions touchées par l’épidémie prend le nom de décrue.

2 Qu’entend-on exactement par seconde vague ?

2.1 Une notion arbitraire selon de nombreux épidémiologistes

Ce qu’on appelle seconde vague, c’est la résurgence dans un délai peu étendu d’une épidémie, généralement de l’ordre de moins de six mois. L’idée d’une seconde vague était lancée au plus fort de la pandémie, parce que selon Tatiana Scorza, immunologue à l’Université du Québec à Montréal, une « deuxième vague est attendue pour toute infection virale qui se transmet par l’air, … ». De même, Cedric Yansouni, spécialiste des maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill avait précisé depuis juillet 2020 qu’ « aucune pandémie de maladie respiratoire ne s’est produite en une seule vague » et qu’il y a toujours une transmission sur une base continue pendant un certain temps : qui « peut durer des mois, jusqu’à deux ans ».

D’après le Dr Mike Tildesley, de l’université de Warwick en Grande-Bretagne, le terme de vague épidémique « n’est pas particulièrement scientifique », car il comporte une bonne part d’arbitraire.

Pour Dr Mike Tildesley, les hausses qu’on appelle souvent une deuxième vague ne sont autres que des premières vagues irrégulières.
Il va jusqu’à soutenir qu’on ne peut dire qu’une vague est terminée que dans les cas où le virus aurait été maîtrisé et où parallèlement les cas auraient diminué de manière substantielle.

En conséquence, pour qu’une deuxième vague commence, il faudrait une augmentation soutenue des infections. Ainsi, la Chine qui a plusieurs fois fait face à de petites reprises d’épidémie parfois, après 50 jours sans virus ne peut pas être considérée comme un pays ayant été frappé par d’autres vagues. Le terme approprié pour exprimer ces variations serait celui de flambée.

L’idée de la survenue d’une seconde vague du Covid-19 renvoie à ce qui avait été observé en 1918-19 pour la grippe espagnole qui avait inspiré quelques-unes des méthodes employées de nos jours pour combattre la pandémie du nouveau coronavirus comme le confinement, le lavage des mains, la distanciation sociale, le port de masques faciaux anti-germes, l’institution de la quarantaine, la fermeture des établissements recevant des foules et la désinfection des rues de certaines villes comme cela a été souvent fait en Chine pendant la crise sanitaire du nouveau coronavirus.

2.2 Les contradictions dans les milieux scientifiques à propos de la possibilité d’une seconde vague

Dans plusieurs pays, de nombreuses contradictions se sont fait jour depuis juillet 2020 au sein des milieux scientifiques, notamment en raison du fait que la maladie est loin d’être bien connue. Nous ferons surtout cas de deux personnalités françaises qui sont opposées en termes d’idées sur la maladie et en ce qui concerne l’éventualité d’une seconde vague.

D’une part, le célèbre professeur et directeur de l’IHU Infection Méditerranée, Didier Raoult, l’ardent défenseur du traitement a l’hydrochloroquine, et d’autre part le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique français, bras droit du ministre de la Santé Olivier Véran dans la lutte contre la pandémie de coronavirus.

2.2.1 Didier Raoult

À la veille du déconfinement qui avait été déclenché en France à la date du 11 mai, alors que plusieurs médecins s’interrogeaient sur l’éventualité d’une seconde vague de coronavirus qui était prédite par certains d’entre eux dans quelques semaines, Didier Raoult réfutait de manière péremptoire la possibilité d’une seconde vague du Covid-19. Il avait indiqué le 30 avril 2020 en effet ceci : “Les infections respiratoires dans lesquelles il y a une seconde vague, il y en a pas, alors je ne vois pas pourquoi il y en aurait une pour celle-là…” . « Nous ne sommes pas condamnés à une deuxième vague » du coronavirus : avait-il renchéri. Cependant, plusieurs médecins français qui avaient pris le contrepied de sa déclaration n’avaient pas hésité à mettre en garde le gouvernement sur un déconfinement trop rapide et sur des conséquences qui pourraient se révéler graves.

Un mois après, c’est-à-dire fin mai, Didier Raoult était devenu plus nuancé sur la possibilité de la survenue d’une seconde vague, dans une interview à l’Express : « Je n’ai jamais dit qu’il n’y aurait pas de deuxième vague. J’ai rappelé que, pour l’instant, cela n’est jamais arrivé. …. Tout est possible. Une deuxième vague n’est pas à exclure ». Ce qui porte à croire que cet éminent infectiologue semble tout ignorer de la pandémie de 1918-19, communément appelée grippe espagnole.

Le 16 juin, il avait encore nuancé un peu plus ses estimations concernant la perspective d’une seconde vague, déclarant, dans un point YouTube : « Personne n’est capable de prédire l’avenir. Il se peut qu’il y ait un nouveau pic épidémique au moment de la saison hiverna-printanière, il se peut qu’elle disparaisse, ça dépendra de la distribution dans la zone intertropicale et du fait qu’il existera des gens qui seront porteurs chroniques ».

2.2.2 Jean François Delfraissy

Dès le 20 juillet, Jean François Delfraissy avait prédit la possibilité de trois scénarios concernant la suite de l’épidémie de Covid-19 en France. La première, qu’il considère comme « la plus probable », est celle d’« un retour du virus pour la période octobre-novembre-décembre », qui provoquerait « une seconde vague ». Et il avait tort d’avoir raison.

Le second scénario serait le retour massif du coronavirus à l’automne suivi rapidement de sa disparition et le troisième scénario serait que le Covid-19 deviendrait « une maladie chronique où le virus tourne pendant environ une année, mais avec beaucoup moins d’intensité ».

Le 9 octobre, en plein de la seconde vague du Covid-19, il avait évoqué une forte circulation du virus, soulignant en plus qu’il s’agit d’un virus de ville et que « le problème sera les 20 grandes métropoles françaises » dont bon nombre feront l’objet des nouvelles restrictions qui sont entrées en vigueur le samedi 17 octobre 2020.

Le même jour, il avait ajouté avec certitude que l’épidémie « va durer (…) jusqu’à l’été prochain », c’est-à-dire jusqu’à juin-juillet-août 2021.

Au total, il est convenu entre les scientifiques qu’en raison de la difficulté de cerner effectivement la notion de seconde vague, il est préférable d’appliquer cette notion dans un regard rétrospectif aux épidémies respiratoires du passé, notamment les épisodes d’influenza.

2.3 De la vague à la marée épidémique

2.3.1 Qu’est-ce que la notion de marée épidémique ?

Depuis la fin de septembre avec la montée spectaculaire des contaminations, la tendance est d’utiliser de plus en plus le terme de marée épidémique pour désigner la seconde phase d’accélération de la pandémie du Covid-19.

Rappelons qu’en France, au plus fort du pic de la première vague s’élevait à 7 578 le 31 mars 2020. Mais, on n’a cessé depuis le 10 octobre d’enregistrer des records de contamination quotidienne supérieure à 20 000 cas, atteignant les 41 022 cas le 22 octobre et les 52 010 cas le dimanche 25 octobre soit 6,8 fois le chiffre maximum de la première vague.

Face à cette marée épidémique, les pays du vieux continent n’ont cessé depuis octobre 2020 de multiplier les mesures restrictives pour endiguer la montée de la pandémie.

Le grand problème qui se pose est la validité de la comparaison entre les deux phases de la crise sanitaire. Sachant qu’au cours de la première phase, il était difficile à un pays comme la France de pratiquer des tests en masse, la situation a désormais radicalement changé, ce pays devenant capable de dépister quotidiennement plus de 250 000 personnes.

Etant donné qu’il a toujours été recommandé de comparer ce qui est comparable, l’authenticité de la marée épidémique dans plusieurs pays ne peut être confirmée par la simple comparaison des niveaux de test de dépistage. Il vaut mieux à cette fin prendre en compte d’autres paramètres épidémiologiques, comme le taux de positivité, le nombre d’hospitalisations, le volume de cas graves et en dernier lieu le nombre de décès.

2.3.2 Les caractéristiques de la marée épidémique

On peut retenir comme caractéristiques de la marée épidémique la virulence de quelques indicateurs :

– un taux d’incidence particulièrement élevé. Rappelons que le taux d’incidence pour l’étude du Covid-19 correspond au nombre de cas rapportés à 100.000 habitants, généralement sur les sept derniers jours. La règle admise est que le seuil d’alerte pour le taux d’incidence est 50 cas pour 100 000 habitants.

Cependant, au 17 janvier 2021, en pleine flambée s’apparentant à la troisième vague de la pandémie en France, le taux d’incidence au niveau national se monte à 188, soit plus de trois fois le niveau d’alerte, avec une pointe de 310 dans la région de Bouches-du-Rhône Marseille.

– un taux de positivité également élevé. Soulignons pour rappel que le taux de positivité se définit comme le pourcentage de personnes infectées au jour de la pratique de tests de dépistage. Certains le calculent aussi sur une semaine, lorsque le taux de positivité oscille entre 5 et 10%, on considère que le seuil de vigilance est atteint. Au-delà de 10%, on parle de seuil d’alerte. L’alerte est rouge quand le taux de positivité dépassant les 20% jusque-là. Ce qui est loin d’être le cas en Haïti même à l’entame de la troisième semaine de janvier 2021, malgré la sortie du ministre de la Culture et de la Communication en novembre 2020.
– un niveau élevé du R0.

Le R0 ou R “zéro” est le taux de reproduction moyen ou la rapidité de contagion moyenne du virus. Cet indicateur permet donc de déterminer combien de personnes en moyenne seront infectées par contact avec un seul individu et par vie de conséquence, d’évaluer la circulation du virus aux fins de prise de décision.

Olivier Véran, directeur général de la Santé en France, avait précisé le 6 avril 2020, dès le début de la pandémie en France : “Si le R0 (soit R) est supérieur à 1, un malade va contaminer plus d’une personne, donc l’épidémie va prendre de l’ampleur. S’il est inférieur à 1, petit à petit les malades contaminent moins de personnes et donc l’épidémie peut s’atténuer, voire disparaître”

2.4 Les restrictions liées à la marée épidémique en Europe

Les restrictions décidées par les gouvernements des pays européens sont très variées, allant de simples mesures de couvre-feu à des reconfinements partiels ou globaux en passant par la fermeture des frontières pendant certaines périodes, la fermeture des écoles, de salles de spectacles, de bars, de restaurants et de magasins de commerces non essentiels et le recours au télétravail.

D’abord, le cas de la France qui a dépassé le cap des trois millions de cas avec plus de 70 000 morts de la pandémie, où le Président avait d’abord présenté le mercredi 14 octobre une série de mesures pour lutter contre le Covid-19 tout en indiquant que le pays va devoir s’habituer à vivre avec le virus « jusqu’à l’été 2021 au moins ». Malgré toutes les mesures prises et renforcées chaque fois, le pays peine à contenir la forte vague des contaminations et se trouve au bord d’un troisième confinement avec environ 20 000 nouveaux cas quotidiens à la troisième semaine de janvier.

La situation est plus dure au Royaume uni où Boris Johnson a imposé depuis le 1er janvier 2021 un nouveau confinement général qui pourrait durer jusqu’à mi-février. À ce jour, la situation continue de s’aggraver dans le pays qui est le premier pays occidental à se lancer dans une campagne de vaccination et ayant enregistré au 19 janvier 3 433 494 cas et 89 860 décès. La pandémie y progresse au rythme de plus de 35 000 nouveaux cas quotidiens et plus de 600 décès par jour.

3. Qu’en est-il pour Haïti ?

3.1. L’aggravation de la situation depuis décembre dernier

Depuis le mois de décembre 2020, les chiffres relevés dans les bulletins quotidiens du ministère de la Santé publique et de la population laissaient craindre les premiers signes de l’apparition d’une seconde vague. À la date du 11 novembre, en pleine recrudescence de la maladie dans le monde, le ministre de la Culture et de la Communication s’était alarmé publiquement, à telle enseigne qu’il avait voulu lancer l’alerte rouge.

Il avait alors recommandé à toutes les populations, sans exception, de respecter les mesures barrières, pour empêcher une remontée vertigineuse de la pandémie, invitant au passage « les leaders religieux, les responsables des établissements scolaires, les espaces universitaires, les écoles publiques ou privées, les lieux culturels ou artistiques, les responsables des entreprises de toute nature, et chacun en ce qui le concerne, adopter un comportement responsable et à exiger le respect scrupuleux des principes de protection, susceptibles de freiner la transmission de la pandémie ».

3.2 La sonnette d’alarme a été tirée récemment par le ministère de la Santé publique et de la population

Ce n’était alors que le début. Les choses se sont aggravées par la suite, tout le mois de décembre 2020 qui avait affiché 814 cas contre 221 cas le mois précédent, selon la note envoyée par la ministre de la Santé au Premier ministre en vue de la déclaration de l’état d’urgence sanitaire. Et celui de janvier 2021. Si à mi-décembre, on comptait environ une trentaine de nouveaux cas journaliers, au cours des dernières semaines du même mois, la moyenne des cas quotidiens s’élevait à une quarantaine. À partir du début de janvier, le nombre de contaminations quotidiennes dépassait la cinquantaine et dès la seconde semaine de ce mois, le pays flirtait quotidiennement avec la centaine de cas par jour, certaines flambées journalières atteignant 114 cas le 10 janvier et 154 cas le 12 janvier 2021.

À ce rythme, on dépassera indiscutablement le cap de 1 500 cas pour le mois de janvier 2021 et personne ne pourra contester l’existence d’une seconde vague dans le pays.

Il est reconnu que le nombre de cas publiés dans les bulletins du ministère de la Santé publique et de la population est en-deçà de la réalité, parce que le pays est en situation de sous-dépistage. On y a en effet investigué depuis le 19 mars de l’année dernière un volume de 46 313 cas suspects et 10 907 cas de contamination avérés pour 240 décès. À l’opposé, la République dominicaine comptait au 19 janvier 2021 un total de 194 966 cas (17 fois plus qu’Haïti) et 2 448 décès (10 fois plus qu’Haïti).

Cependant, pour se rapprocher de la réalité, comme l’avait dit Lauré Adrien le 12 mai.2020, il faudrait compter huit à dix fois plus de contamination. Cependant, la chance d’Haïti est qu’il ne compte pas un grand nombre de cas sévères au point que jusqu’à présent, les services sont loin d’être débordés alors que plusieurs établissements prévus pour le traitement du Covid-19 ont été fermés ou désaffectés depuis le mois de septembre 2020.

Dans un article publié le 19 janvier 2021 par le journal en ligne Haiti24, le docteur William Pape a souligné que les autorités sanitaires n’ont pas reçu récemment de patients présentant de formes graves de la maladie, contrairement au docteur Lauré Adrien qui a fait état la semaine dernière de six patients hospitalisés qui sont actuellement en réanimation.

Pour William Pape, la résurgence de la pandémie en Haïti s’explique par les entrées de compatriotes venant de la Floride ou de personnes qui sont en contact avec des individus venus de l’étranger. Il faut en conséquence, prévoir que ces cas risquent de se solder bientôt par une multiplication des contaminations communautaires dans le pays. Soulignons que si l’essentiel des cas recensés récemment sont encore concentrés dans le département de l’Ouest, on doit s’attendre à une forte dissémination dans les semaines à venir notamment à la faveur des déplacements vers les autres régions et de la tenue des journées pré-carnavalesques.

Ce sera alors une reprise de la propagation communautaire comme on avait constaté en mai-juin. Il est à craindre que cette seconde vague, si on ne prend pas garde au plus vite ne soit plus dure que la première vague que les gens avait complètement « ignorée », comme cela s’observe partout dans les pays sévèrement touchés depuis octobre 2020.

Il s’avère que les déclarations du docteur Pape sont en contradiction avec ce qu’avait dit le Dr Patrick Dély en juillet 2020 et qui a été rapporté dans Le Nouvelliste du 13 juillet 2020 à savoir que « la réouverture des aéroports ne pose pas de problème, vu que le risque de contamination est évalué à moins d’une personne sur 1 000 ».

3.3 Quelles sont les mesures à envisager pour éviter la confirmation de la seconde vague en Haïti ?

Pour éviter la confirmation de la seconde, le ministère de la Santé publique avait recommandé l’adoption de onze mesures dans sa note pour la déclaration de l’état d’urgence du 11 janvier 2021 et qui a circulé à tout va dans les réseaux sociaux :

– l’instauration d’un couvre-feu de 10 heures du soir à cinq heures du matin ;
– la cessation des activités artistiques et culturelles ;
– la fermeture des bars, restaurants et boîtes de nuit ;
– la réduction des personnels travaillant dans les institutions publiques et l’encouragement du télétravail ;
– l’installation des points de lavage des mains dans les espaces publics ;
– le port obligatoire de masque dans les établissements publics ;
– le respect de la distanciation physique dans les établissements publics ;
– la prise de température dans les institutions privées et publiques et tous les lieux fréquentés par des passagers ;
– l’annulation des festivités des dimanches pré-carnavalesques ;
– la limitation des participants dans les différentes catégories de cérémonies ;
– le fonctionnement des établissements d’enseignement suivant un système de vacation et/ou de rotation.

Conclusion
Au vu des données générales sur la pandémie et des observations relatives à Haïti, nous pouvons affirmer que le pays est bien entré dans la seconde vague de l’épidémie avec une moyenne quotidienne de cas qui augmente régulièrement depuis novembre dernier. Il est urgent que soient adoptées les mesures pour éviter l’aggravation de la situation tout en protégeant l’économie nationale qui a encaissé des coups sévères depuis juillet 2018. Mais, il y a lieu, compte tenu de l’indifférence des différentes catégories de population de se poser la question de savoir comment pourra-t-on faire passer les mesures qui s’imposeront en cas de renforcement de la seconde vague nous savons que la population qui est extrêmement chanceuse dans le cas de cette pandémie n’avait pas respecté le couvre-feu lors de la première vague et que bien de cérémonies s’étaient déroulées ici et là au mépris des gestes barrière (port de masque, distanciation sociale, lavage des mains, prise de température, etc). Les Haïtiens vont-ils attendre de voir se préciser les dégâts de la seconde vague si celle-ci se confirme avant d’entendre raison ?

Jean SAINT-VIL
jeanssaint_vil@yahoo.fr

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