Extraits du discours de Leslie Voltaire, candidat à la présidence d’Haïti le 25 octobre 2010 à FUNGLODE en République Dominicaine.

Le discours a été diffusé en direct sur l’internet et à la télévision.
L’assistance a eu l’opportunité d’adresser des questions pertinentes à
M. Voltaire. La deuxième partie du discours se circonscrit aux
relations haïtiano-dominicaines. Nous comptons le liver au public
tantôt. Nous retenons pour  l’heure ce qui suit en ce qui concerne
Haïti et la République Dominicaine:

Le 28 novembre prochain, les citoyens haïtiens décideront par un
vote libre et démocratique de l’issu électorale. Je suis à Santo
Domingo aujourd’hui, comme je l’ai fait à Brasilia, Ottawa,
Washington, Ottawa ou Paris, pour établir les bases d’un dialogue
fructueux, constructif et sincère sur une base fraternelle avec les
autorités politiques, les acteurs économiques sociaux, religieux,
universitaires et culturels dominicains.

Je suis de ceux qui croient qu’il est temps de dépasser les
antagonismes entre nos deux pays tout en respectant notre histoire
commune si souvent tragique. L’heure est à la réconciliation, comme
l’a prouvé l’élan de solidarité du peuple dominicain lors du séisme.
De même que l’Allemagne et la France ont su, en dépit des guerres
meurtrières qui les ont opposées, établir les bases d’une coopération
franche et sincère, mon gouvernement travaillera à renforcer à tous
les niveaux les liens de coopération entre nos deux pays. Il est temps
de tourner la page et d’affronter ensemble les grands défis du 21ième
siècle.

Nos deux pays partagent une même ile et n’ont d’autre choix que
d’unir leurs forces pour faire face à la globalisation et aux grands
défis que nous devons relever. En particulier, nous devons coopérer
étroitement dans le domaine de l’environnement, de la santé publique,
de la lutte contre le trafic des stupéfiants, de la réglementation du
commerce, du développement des zones frontalières, du développement
touristique.

L’enoncé des principes et du plan d’action

Au mois d’août 2010, j’ai décidé de présenter ma candidature à la
présidence de la République sous la bannière de la plateforme
politique « L’Union fait la Force ». Nous nous sommes lancés dans
cette course électorale avec un bloc de 62 candidats à la députation
et de 8 candidats au Senat. Cette plateforme politique dispose d’une
couverture nationale et est donc en position de former un gouvernement
majoritaire.

Ma candidature est le résultat de consultations et concertations avec
les forces politiques, économiques et sociales, avec des mouvements de
jeunes, de femmes, de religieux, avec la diaspora, avec des
professionnels et des représentants de la bourgeoisie nationale qui
croient que ce pays  doit changer.

Ma candidature porte cet espoir de changement dans un pays ravagé par
la misère, la corruption et le désespoir et qui a stagné trop
longtemps dans un « sous-développement durable ». Notre candidature
suscite de plus en plus d’enthousiasme parmi les jeunes, les femmes et
auprès de tous ceux qui ne croient plus aux promesses vides.

Haïti a besoin d’un rassembleur capable de fédérer toutes les
énergies. Haïti a besoin d’un homme d’expérience capable de dialoguer
avec les milieux d’affaires ; de mobiliser les ressources
intellectuelles et financières de la classe moyenne et de la diaspora
haïtienne, mais surtout de quelqu’un dont les orientations politiques
visent à sortir les masses déshéritées de la misère, et à leur
redonner espoir en un avenir meilleur.

Cet objectif ne pourra être atteint que par des politiques favorisant
l’investissement et donc la création d’emplois mais aussi par
l’application de mesures visant à améliorer l’accès de la population à
l’éducation, la santé, la sécurité, la justice et au logement et au
crédit.

Cinq grands principes guideront l’action de notre gouvernement :

* La justice,
* La transparence
* La participation,
* La compétence et
* La responsabilité.

La justice doit être autonome. Nous nous proposons de réaliser une
réforme judiciaire en profondeur sur le principe de la séparation des
pouvoirs. L’administration de la justice ne devra plus dépendre du
pouvoir politique. La réforme judiciaire est une réforme structurelle
nécessaire pour renforcer l’Etat de Droit et garantir les droits de
toutes les personnes. Cette réforme est également indispensable si
nous voulons assurer aux investisseurs nationaux, de la diaspora ou
étrangers un cadre juridique transparent et équitable.

La transparence des décisions est nécessaire tant au niveau de la
passation des marchés que de l’octroi de bourses ou encore du
fonctionnement du système administratif. Nous croyons que la
transparence est un élément clé de la lutte contre la corruption.

La participation des citoyens à la vie publique ne peut se limiter au
seul vote. Nous comptons mettre en place une politique de
décentralisation qui permettra une autonomie des communes. Il y a déjà
dix ans, je proposais, dans un livre publié au Canada conjointement
avec mon collègue Charles Downs de l’Université de Columbia à New-
York, et intitulé « Democracy, Development and Basic Needs », un
modèle de décentralisation de l’Etat pour répondre aux besoins
essentiels de la population. Cette réforme est nécessaire si nous
voulons rompre avec les pratiques autoritaires et centralisatrices
héritées du passé. Nos dirigeants, quel que soit leur horizon
politique et appartenance idéologique,  n’ont pas su rompre avec ce
modèle autoritaire.

La compétence est plus que jamais nécessaire aujourd’hui. Nous avons
besoin d’un leadership éclairé et de cadres pragmatiques, partageant
une vision commune pour l’avenir de notre pays, ayant une grande
connaissance des dossiers nationaux, et maîtrisant les grands enjeux
régionaux et planétaires. Mon expérience nationale et internationale
me donne l’unique avantage de pouvoir rassembler toutes les
compétences du pays et de la diaspora pour apporter des solutions
durables aux problèmes que nous confrontons. L’heure est à la
compétence. Après le 12 janvier, ce pays ne peut être dirigé par des
amateurs. Les dirigeants doivent prendre leurs responsabilités, faire
des choix difficiles, parler vrai et rendre des comptes. Les
dirigeants et hauts fonctionnaires ne doivent plus déléguer leurs
responsabilités aux ONG ou à la communauté internationale. Nous
formerons un gouvernement capable de prévoir et de prendre des
décisions. Nous allons, pas à pas, créer les conditions qui
permettront à Haïti de retrouver sa juste place dans le concert des
nations et de retrouver sa dignité. La responsabilité des dirigeants
face au peuple haïtien sera l’une des caractéristiques de mon mandat.

Notre gouvernement sera responsable devant la population haïtienne
mais respectera intégralement ses engagements internationaux. Il
faudra mettre fin au laxisme et au défaitisme, et imposer l’ordre et
la stabilité. Je voudrais pour terminer ce point paraphraser ce grand
leader dominicain le Professeur et ancien Président Juan Bosch : Les
haïtiens savent très bien que si nous prenons le pouvoir le 28
novembre 2010, nous n’allons pas tolérer que les fonds publics soient
utilisés à des fins personnelles, qu’aucun abus d’autorité de la part
des dirigeants ne sera toléré, que des sanctions seront prises contre
tous ceux qui s’approprieraient de manière illicite des biens de
l’Etat. Sous mon mandat, nous mettrons fin à l’impunité. Tous les
dirigeants seront redevables de leurs actes. Personne ne sera au-
dessus de la loi.

LeslieVoltaire J’aimerais de manière succincte, vous exposer les
grandes lignes d’action de mon programme de Gouvernement.

A.- La réforme de l’Etat

Le développement d’Haïti passe inévitablement par la modernisation et
la démocratisation de l’Etat. Il faut rendre opérationnelles les
dispositions légales de la Constitution de 1987 qui veut qu’Haïti soit
une République décentralisée. A cet effet, mon Gouvernement s’attèlera
à une décentralisation effective des activités politiques, économiques
et sociales et à une déconcentration des ressources disponibles au
niveau national pour construire, pas à pas, l’autonomie des régions et
promouvoir le développement économique substantiel au niveau local,
communal et départemental. Nous travaillerons à la mise en place d’un
Etat stratège, moderne et apte à faire respecter la loi dans la
République. Nous instituerons la séparation effective des pouvoirs
exécutif, législatif et judiciaire, conformément à la Constitution de
1987. Il s’agit là du fondement essentiel de l’organisation de l’Etat
qui est civil » (article 59.1) et, « chaque pouvoir est indépendant
des deux (2) autres dans ses attributions qu’il exerce séparément
» (article 60), « Aucun d’eux ne peut, sous aucun motif, déléguer ses
attributions en tout ou en partie, ni sortir des limites qui sont
fixées par la constitution et par la loi » (article 60.1), « la
responsabilité entière est attachée aux actes de chacun des trois (3)
pouvoirs » (article 60.2). Il s’agit en clair d’une vision globale de
refondation de l’Etat.

A.1.- L’Etat et les droits fondamentaux des citoyens et citoyennes

L’histoire d’Haïti est marquée par une multitude d’actes posés par les
gouvernements successifs qui méprisent les droits fondamentaux des
citoyens et citoyennes. Mon Gouvernement travaillera à la création des
conditions institutionnelles nécessaires au respect des droits de tous
les citoyens haïtiens où qu’ils se trouvent sur le territoire
national. Une priorité sera accordée aux groupes vulnérables tels :
les enfants, les jeunes, les femmes et les paysans.

La jeunesse est la force principale d’Haïti. Elle bénéficiera de
programmes d’éducation de base pour les jeunes du monde rural, de
formation professionnelle, technique et universitaire, de programmes
d’alphabétisation et du développement d’activités culturelles et
sportives. Mon Gouvernement mettra tout en œuvre pour que les enfants
haïtiens aient accès à des services de santé et d’éducation de qualité
et à une alimentation équilibrée, droits fondamentaux reconnus par les
conventions internationales.

A.2.- L’Etat et la souveraineté nationale

La modernisation de l’Etat et sa démocratisation créeront un cadre
politique propice à la reconquête de notre souveraineté. En effet,
l’instabilité politique, l’insécurité et l’inefficacité des
institutions nationales ont affaibli la confiance des citoyens dans
l’Etat et érodé la souveraineté nationale. Pour pallier à cette
situation, nous comptons :

* Entreprendre une réforme du système juridique et pénal (système
pénitencier ; formation des juges et avocats ; réforme foncière) pour
un plus grand respect des droits de l’homme ;
* Lutter vigoureusement contre la corruption à tous les niveaux ;
* Renforcer la police nationale y inclut la création d’unités
spécialisées dans la lutte contre le grand banditisme, le trafic des
stupéfiants, le kidnapping et le blanchiment d’argent ;
* Dynamiser les institutions publiques nationales et régionales,
notamment par l’amélioration des compétences en matière de
formulation, contrôle, suivi et évaluation des projets.

L’émergence d’une force nationale sera le socle fondamental
garantissant le renforcement de nos institutions de sécurité et
permettra le retrait graduel et planifié des troupes de la MINUSTAH.

A.3.- L’Etat et la relance de la croissance économique

L’une des caractéristiques de la situation économique d’Haïti est que
le pays vit dans un contexte de décapitalisation accélérée avec comme
coût social, la paupérisation des classes moyennes et populaires et
l’affaiblissement graduel des opérateurs économiques. Les inégalités
entre villes et campagnes, citadins et paysans, professionnels et
chômeurs se sont aggravées. Pour remédier à cet état de fait, un
nouveau cadre macro et micro économique est nécessaire pour la relance
de la production nationale et de la croissance. Sous mon gouvernement,
l’Etat jouera donc le rôle d’incitateur économique.

Dès lors, la relance économique devra se faire par une participation
accrue du secteur privé national et international dans les divers
segments de l’économie et une collaboration étendue entre secteurs
public et privé. Nous lançons dès à présent un fervent appel aux
entrepreneurs, financiers et investisseurs dominicains afin qu’ils
prennent place aux côtés du secteur privé haïtien pour contribuer à la
relance et à la dynamisation de l’économie. A cette fin, notre
programme prévoit l’amélioration d’un cadre incitatif, notamment par :

* L’amélioration du cadre juridique régissant les entreprises au
profit d’une efficacité et d’une transparence, tel par exemple un
accès simplifié à la propriété foncière ;
* L’amélioration des infrastructures (énergie, ports et routes) ;
* Dans le secteur financier, l’extension et la création de fonds
de pension (système de retraite) afin d’augmenter les fonds
disponibles pour les investissements dans les infrastructures;
* Promotion de l’investissement dans le secteur immobilier par le
biais de garanties de crédits aux particuliers;
* Extension des institutions de microcrédit à l’ensemble du
territoire et développement de fonds d’investissement pour les PME,
avec une attention particulière aux femmes et aux jeunes ;
* Renforcement des compétences technologiques et professionnelles
qui permettront de doter le pays des ingénieurs et cadres dont il a
besoin. Ceci consistera dans le développement, en coopération avec le
secteur privé et la communauté internationale, de trois pôles
d’enseignement technologiques et de recherche répartis sur le
territoire, chacun regroupant sur un même site la formation de
techniciens, de techniciens supérieurs et d’ingénieurs dans les
domaines prioritaires (agriculture et agro-industrie ; construction ;
mécanique ; électricité et informatique ; chimie et biotechnologie).

De plus, dans le cas particulier du secteur agricole, notre programme
inclut :

* La réhabilitation et le développement d’Infrastructures rurales
(irrigation ; routes dans le monde paysan…) pour permettre un accès
plus large aux marchés ;
* L’amélioration de l’accès des producteurs aux crédits de
campagne pour l’achat d’intrants de qualité de manière à accroître la
productivité des terres agricoles ;
* Le développement d’un Centre National de recherche en
agriculture en collaboration avec les grands centres étrangers,
notamment le Brésil, Cuba et la République Dominicaine dans le but de
développer de nouvelles technologies et de nouvelles variétés de
produits agricoles.

Dans le secteur du tourisme, notre programme prévoit la création de
nouveaux pôles touristiques et la promotion accrue du patrimoine
historique et culturel et des activités artisanales et artistiques
liées au développement touristique.

Dans le domaine macro-économique, nous mettrons en œuvre une politique
fiscale transparente, solidaire et efficace afin d’augmenter les
recettes de l’Etat notamment par le renforcement de l’administration
fiscale et la publication régulière des données liées à l’utilisation
des fonds publics. Notre objectif est que toutes les dépenses
opérationnelles soient couvertes par les revenus fiscaux ; ce qui nous
permettra de réserver les fonds externes pour les seuls
investissements.

A.4.- L’Etat et la question environnementale

La problématique d’une gestion environnementale rationnelle occupe une
place centrale dans mon programme de gouvernement. L’île d’Haïti est
passée d’une surface boisée de 80% à l’arrivée de Christophe Colomb en
1492, à 50% en 1915 lors de l’occupation américaine de 1915, et se
situe aujourd’hui, Haïti a environ 2% de couverture forestière. Il
faut donc agir vite. Arrêter la dégradation de l’environnement et
engager une politique agressive de réhabilitation est une nécessité
inéluctable. Notre programme prévoit la mise en œuvre d’une politique
environnementale nationale autour des axes suivants :

* La protection des zones vulnérables aux ouragans et aux
tremblements de terre ;
* L’aménagement des bassins versants et en particulier le
reboisement, la réparation des ravins et des berges, le développement
d’une agriculture pérenne respectueuse des écosystèmes ;
* Le développement des capacités de gestion des crises ;
* La substitution du charbon de bois ;
* La sensibilisation et l’information des citoyens dès l’école, à
l’importance de leur contribution à la protection et l’amélioration de
l’environnement.

B- La rénovation de la Société haïtienne

Le système social haïtien projette aujourd’hui l’image d’une société
désagrégée et éclatée, privée de repères sociaux normatifs capables de
donner du sens à l’action sociale. Il convient de juguler cette crise
sociale qui repose sur ce modèle sociétal fondé sur l’exclusion et la
polarisation sociales. Il s’agit là d’un défi majeur, celui qui
consiste à refonder la société haïtienne en respectant les valeurs
morales, culturelles et historiques qui sont à la base de notre
identité et fierté nationale.

Mon gouvernement définira une politique de rénovation de la société
dans ses dimensions macro et micro sociales.

* Les mouvements sociaux et populaires seront formalisés de sorte
qu’ils puissent jouer un rôle de premier plan dans la formulation des
idées et propositions à l’Etat ;
* Les réseaux associatifs, syndicaux et mouvements de quartiers
seront encouragés par la mise en place à leur intention des programmes
de formation sur le civisme, le leadership communautaire, la
protection de l’environnement, l’assainissement en milieu urbain et
rural et l’encadrement des jeunes et des femmes;
* Les programmes d’alphabétisation et d’éducation pour tous déjà
existants seront renforcés et mis en application au profit des
secteurs les plus vulnérables de la population vivant dans les
quartiers urbains, suburbains et dans le monde paysan.


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