Enquête Petrocaribe : La méthode utilisée, rappelle l’inquisition

La démocratie et les mouvements de liberté sont basés sur de profondes réflexions autour de l’homme, l’individu, la société et l’Etat. Alexis Tocqueville, Jean-Jacques Rousseau, John Locke, Montesquieu ont fait un travail extraordinaire consistant à délimiter les frontières entre le gouvernement, la société civile et l’individu. Les interrelations de droits entre ces entités ont une base claire, des bornes à respecter. Elles constituent le fondement même de l’Etat de droit.

En Haiti, les pratiques politiques et journalistiques ont tendance à bafouer ces principes. Même ceux qui se prennent pour des juristes de renons, se mêlent de la partie lançant des signaux d’incompétence, de lacunes ou d’une société qui n’a pas vraiment évolué, après plus de 25 ans d’ambition démocratique.

L’idée de faire ce commentaire nous est venue après la lecture d’un texte qui circule sur les réseaux sociaux : “Le fonds PetroCaribe est vidé, personne n’est responsable!”

Même quand nous ne l’avons pas dit, les méthodes utilisées pour enquêter sur l’utilisation des fonds Petrocaribe, relèvent de l’INQUISITION à savoir, l’Etat demande à un citoyen de prouver qu’il n’est pas coupable. Tandis que dans un État de droit démocratique, cela devrait être le contraire; c’est à l’ETAT de prouver que ces accusations sont fondées sur des preuves irréfutables.

Ce que nous considérons comme un défaut professionnel grave, pour une commission dirigée par un ancien militaire haïtien, habitué à arrêter n’importe quel citoyen de la société civile sur la base de simple suspicion.

Les principes doivent-être impersonnels. C’est ce qui fait leur force. Aujourd’hui, ceux qui se disent défenseurs des droits humains ne diront rien. Comme d’habitude, en Haiti, il existe un manque de grandeur d’âme pour provoquer la défense des principes indépendamment des particularités individuelles. Mais, le fait d’utiliser une procédure inquisitoire rappelle le moyen âge, les dictatures, la guillotine ou le bucher de l’Eglise Catholique.

Certes, certains anciens comptables de deniers publics, disposent de copies de dossiers pour se défendre. Mais, pensons un moment à un citoyen modeste qui n’a pas les moyens pour constituer un staff compétent; ou, à un professionnel qui, content d’avoir couronné sa carrière avec un poste de ministre, faisant confiance à l’Etat, est rentré chez lui sans prendre le soin d’emporter des copies de dossiers. Comment ces gens, arriveront-ils à prouver leur innocence?

Si nous réclamons que l’on corrige les allégations sans fondement dans le rapport, cela ne veut pas dire que nous soyons contre l’initiative d’enquêter sur les fonds PetroCaribe. De même, c’est un acte de grandeur de condamner l’utilisation des méthodes inquisitoires qui rappellent le temps des Duvalier durant lequel des Tontons-Macoutes accusaient un citoyen sans défense de conspiration (kamoken), jusqu’à le transférer à Fort-Dimanche pour qu’il puisse prouver son innocence.

Le Sénat haïtien qui est une entité de l’Etat, exerçant avec l’Exécutif la souveraineté nationale, doit pouvoir accéder aux dossiers en vue de consolider son rapport sur des preuves irréfutables. “La preuve incombe au demandeur”, et sur ce point, nous sommes en droit de réclamer la transparence de l’enquête.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
8 Juillet 2017
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