Émeutes à l’Archaie : Quand un arrangement de Palais se heurte à la volonté populaire

Sep 06, 2015

La révolte populaire à l’Archaie ou le conséquence d’une politique de mépris de l’opinion publique appliquée depuis la démission de Laurent Lamothe.

Les émeutes à l’Archaie place le gouvernement Martelly/Paul face à une notion déterminante en démocratie : La légitimité (dans le sens sociologique du terme). La route nationale #1 est bloquée depuis plus de trois (3) jours. La décision de créer cinq (5) nouvelles communes par décret y compris celle des Arcadins, a été précipitée. Le Président de la République ne peut plus continuer à signer des papiers sans tenir compte de l’opinion publique.

En effet, depuis décembre 2014, des arrangements de Palais ont la primauté sur l’opinion publique.

Parmi ces arrangements, on peut citer :

–  Cette commission présidentielle pour renvoyer le Premier Ministre Laurent Lamothe et l’écarter du processus politique;

–  Celui débouchant sur la création d’un Conseil Electoral autoritaire, arrogant, et incompétent (incapable d’effectuer les calculs arithmétiques de base) et dont les dérives telle que la disqualification inique des candidats les plus populaires restent sans appel;

–  Un arrangement favorisant quatre (4) partis politiques à se partager les sièges au parlement à la faveur des fraudes électorales et la suppression du suffrage populaire.

Finies, les politiques publiques visant à mettre en place des programmes sociaux capables de faire reculer la pauvreté et de renforcer les capacités humaines. L’action gouvernementale étant au point mort, on se méfie du verdict populaire. On évite les consensus populaires et on s’enlise dorénavant dans l’autoritarisme.

Avec l’arrivée des partis de l’opposition au gouvernement dit de Consensus, la corruption est répandue. Les recettes des douanes sont détournées. L’Etat est insolvable. Le déficit budgétaire se creuse.

Un CEP de consensus dominé par l’opposition envenime, jette de l’huile au feu. Il organise, avec une incompétence parfaite, une mascarade électorale le 9 Aout dernier qui ne cesse de diviser la nation et entretient la violence. Le Président Martelly risque de laisser un héritage lourd à son successeur.

Il faut se rappeler que le coup d’état électoral organisé par le président Préval en 2000 a précipité l’échec de président Aristide en 2014. Les élus de ces joutes n’ont jamais eu la légitimité nécessaire pour exercer le pouvoir. Le climat de crise politique post-électorale avait bloqué l’aide internationale, paralysé l’économie et découragé les investisseurs. En cette période de reconstruction post-séisme 12 janvier 2010, Haiti ne mérite pas de revivre une telle situation.

Les conseillers du président de la République, ivres de pouvoir et par l’appât du gain facile, ont échoué dans leur mission de lui procurer de conseils salutaires. Au lieu d’impliquer de vrais leaders de base dans la continuité du pouvoir TET KALE, ils ont recruté des candidats impopulaires dont leur mission réelle est de plomber le président qui se trouve dans l’obligation de dépenser sa capitale politique — pour favoriser l’élection des gens dépouillés de toute légitimité populaire. Michel Martelly est sur tous les fronts et ses sorties désastreuses, condamnables et regrettables ne sont que des signes de fatigue d’un Chef d’Etat abusé et surexploité.

Résultat : dans le Sud, dans la Capitale haïtienne, et un peu partout à travers le pays, des groupes socio-politiques organisent des mouvements de protestations contre ce qu’ils appellent le coup d’Etat électoral. Des candidats impopulaires ont dû, avec la complicité du CEP, utiliser la manière forte pour passer le 1er tour du scrutin. Sans doute, ils ne sont pas les seuls. Mais, considérant les nombreuses réalisations de l’Administration Martelly et les fonds affectés dans des projets pour le bien-être de la population, les partis proches du pouvoir ne devraient pas se retrouver sur le banc des accusés.

C’est dans ce contexte que le CEP cherche à maintenir le momentum. Il compte faire imprimer les bulletins pour la présidentielle du 25 octobre afin de boucler son forfait. Le lancement de la campagne présidentielle est prévu pour le 9 septembre prochain.

En conséquence, ce mépris de l’opinion publique de la part du CEP et du gouvernement de Consensus, entraine une multitude de décisions illégitimes qui risquent de transformer Haiti en poudrière. Le successeur du président Michel Martelly risque de connaitre le sort du président Jean-Bertrand Aristide et au pire celui de Jean-Claude Duvalier (Baby Doc). Car, lorsque la légitimité fait défaut, les prévisions de la trajectoire de la vie politique sont un peu difficiles. Baby Doc avait commis l’erreur de laisser Mme Michèle Bennett gaspiller son image de “Fils héritier” de la “révolution noiriste” et, le « paternaliste» qui devait se pencher plus sur la misère du peuple se vit distraire par les extravagances de femme et l’avidité de ses amis. Même les dictatures doivent avoir un fondement populaire pour être « légitime »; Ce qui justifie l’utilisation de la propagande par des leaders comme Hitler, Staline, Mussolini…

Napoléon avança qu’on peut tout faire avec une épée sauf s’asseoir dessus. On gagne plus, en tenant compte de l’opinion publique.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
5 Septembre 2015

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