Discours du Président de la République à l’occasion du 209ème anniversaire de la Bataille de Vertières

Peuple Haïtien,
Un 18 novembre comme aujourd’hui, il y a 209 ans, le puissant souffle libérateur qui animait l’élan ultime et décisif d’une armée de parias, de soldats et d’officiers sans grade, auxquels le système colonial déniait toute qualité d’hommes, allait balayer les derniers retranchements des forces napoléoniennes jusque-là invincibles. S’accouchait alors, dans le fracas des orages, des canons, des boulets et de la  mitraille, la première nation issue d’une révolte d’esclaves que l’histoire universelle enregistrait.
Ainsi s’éveillait un matin de commencement de monde.
Ainsi naissait un Etat souverain et responsable capable d’assumer ses convictions, ses valeurs, de définir ses institutions et de forger sa propre destinée.
Pour évoquer ce jour glorieux, en classe, on récitait : « Vertières, Magnifique victoire. Triomphe des Noirs. Mort de l’esclavage… »
Ces périphrases retentissaient comme des sonneries de clairon. Elles galvanisaient les jeunes âmes et les gonflaient de fierté citoyenne. Leur musicalité chevauchait les esprits enthousiastes qui les déclamaient, qui les écoutaient. Et tous les petits écoliers haïtiens se sentaient François Capois dit la Mort se dégageant de sa monture abattue pour crier : « En avant, en Avant ».
Deux cents neuf ans après cette aube d’ère nouvelle, qu’avons-nous fait de cet investissement sublime qu’ont placé en nous nos Pères Fondateurs. Le front baissé, les yeux pleins de honte, nous sommes obligés de nous avouer que nous avons galvaudé le legs qui nous a été remis. Les clairons se sont tus. Les cloches ne sonnent plus que pour marteler le glas. Glas des espoirs déçus. Glas de notre fierté avilie. Glas de notre personnalité de peuple dévoyée.
Heureusement que nous pouvons compter aujourd’hui sur notre détermination pour que cela cesse !
Il faut que sous les cieux d’Haïti, tintent à nouveau les carillons de la victoire.
Vous le voulez si intensément, Peuple Haïtien, que vous avez adhéré à mon message de redressement national et m’avez choisi pour conduire vos destinées.
Vous m’avez élevé à la Première Magistrature de l’Etat pour que la communauté nationale divorce d’avec les démissions, d’avec l’enlisement dans la fange des intérêts à courte vue.
Vous m’avez hissé au timon des affaires pour que nous retrouvions la fulgurance de Capois-La-Mort se relevant de sa chute et brandissant son épée pour entrainer ses troupes.
Sachant que nos gènes conservent précieusement  les élans de sa vaillance et de sa détermination, comme lui, je crie aujourd’hui : « Grenadiers à l’assaut ».
En avant et à l’assaut !  Car nous devons remporter ensemble tous les Vertières qui se dressent devant nous. C’est pourquoi il nous faut gagner les Vertières de l’Education pour tous, de l’Emploi généralisé, de la réhabilitation de l’Environnement et de l’instauration de l’Etat de Droit ; Il nous faut donc oser les affronter ensemble et les vaincre en suivant les grands enseignements de notre histoire. Les convictions, qui animaient nos ancêtres, doivent à présent alimenter notre force et notre détermination à travailler, sans relâche, à la consolidation de la cohésion sociale et de l’unité nationale pour mettre définitivement le peuple haïtien au travail et Haïti sur les chantiers de la reconstruction.
Déjà notre marche au pas de charge culbute des obstacles. Les performances de cette deuxième rentrée d’octobre de ma présidence: accès gratuit à l’école pour plus d’un millions d’enfants de 6 à 12 ans et transport scolaire gratuit, font éloquemment sentir la dynamique imprimée à la gestion des affaires nationales. Un mouvement entrainant au dépassement constant est ainsi enclenché et se poursuivra au rythme de progrès continus jusqu’à ce que soient atteints les objectifs de  l’école universelle que m’a fixés la Nation.
Dès le lendemain de mon investiture à la Première Magistrature de l’Etat, je me suis attaché à restaurer toutes  les institutions prévues dans la Constitution. Et rien ni personne ne peut saper mon élan à concilier cette souveraineté chèrement conquise par nos pères aux intérêts supérieurs de la Patrie commune.

Mes Chers Compatriotes,
En ce 18 novembre, date inscrite au palmarès de l’humanité et consacrée par la Constitution en vigueur comme le jour des Forces Armées, je réitère à la Nation et au monde entier ma ferme volonté de continuer à travailler à mettre sur pied la force publique nationale constitutionnelle en m’inspirant bien évidemment du souhait largement exprimé par tous les secteurs de la vie nationale d’un retrait progressif des forces étrangères et d’une prise en charge par l’Etat haïtien des fonctions essentielles de défense et de sécurité nationale remplies jusqu’ici par la force onusienne.
Dans ce dessein, le Ministère à la Défense Nationale a été crée. Aussi, 10 jeunes haïtiens reçoivent-ils actuellement une formation en génie civil dans des écoles militaires en Equateur. Et en janvier prochain, 30 autres suivront. Ces nouvelles dispositions constitue la preuve tangible de ma détermination réaffirmée de souscrire aux injonctions de la Loi-Mère en  impulsant la création d’une nouvelle force publique, tout en ne remettant pas en question notre résolution première et constante de renforcer la police nationale, de travailler à sa professionnalisation et à l’équipement moderne des ses unités spécialisées.
Peuple Haïtien,
Dans le respect scrupuleux de nos lois et de notre constitution nous devons aujourd’hui puiser la force d’âme qui nous permettra de rééditer de nouveaux Vertières. Nous devons toujours nous souvenir que c’est à partir d’une fraternisation concrétisée, à partir d’une discipline commune acceptée que les fils d’Haïti ont réalisé la prouesse de vaincre les structures deshumanisantes de l’esclavage.
D’un pas ferme et déterminé, je vous invite donc à avancer avec moi dans la foulée de ces hauts faits de notre histoire glorieuse pour restituer à notre peuple sa fierté, son honneur et à notre Nation, sa splendeur ainsi que sa place dans le concert des grandes démocraties du monde.
Kompatriyòt mwen yo,
Si nou wè mwen pa la avèk nou nan yon dat ki osi enpòtan nan listwa peyi nou, se paske mwen pran baton pelren m pou m mache chache opòtinite envestisman tout kote pou m ka jwenn mwayen pou nou kreye djòb pou tout pitit tè dayiti ka jwenn travay e patisipe nan devlopman peyi yo.
Mwen salye nou nan jounen istorik 18 novanm sa a e map di nou batay pou amelyore kondisyon lavi pèp ayisyen an, li pap kanpe.
Se sak fè mwen detèmine pou m mete fòs piblik la an plas pou sekirite ak lapè ka blayi nan tout peyi a pou moun ki gen lajan pa pè vin envesti pou nou ka retire pitit pèp la nan chomaj, nan grangou, nan fènwa, nan mizè ak inyorans.
Moun ki kont lapè ak estabilite se lennmi demokrasi,
Moun ki kont lapè ak estabilite se lennmi  devlopman, se lennmi peyi a, se lennmi pèp la.
Se sel nan lapè ak estabilite nap ka mete peyi a sou ray devlopman.
Zansèt nou yo te bay san yo nan batay pou ban nou libète ak yon peyi endepandan.
Nou menm, jodi a nou dwe fè lapè pou nou konstwi demokrasi,  nan yon eta de dwa kote gen jistis ak respè yon pou lòt.
Mwen pap janm bouke repete l : se nan wout zansèt nou yo te trase pou nou chache chimen viktwa pèp la. E pou sa,  Nou dwe gen yon Leta fò, mwen vle di yon Leta ki nan avantaj tout moun, kap bay rezilta e kap mete l o sèvis enterè pèp la. Wi nou vle yon Leta kap konbat koripsyon, kap kreye djòb e kap pèmèt jèn yo reyalize rèv yo lan respè ak diyite.
Diferans nou pa dwe divize nou, li dwe o kontrè anrichi n pou nou jwenn fòs ak limyè pou nou konstwi ansanm yon Ayiti sa a ke nou tout ap reve a.
Nan menm lespri inite ki te pèmèt zansèt nou yo reyalize viktwa Vètyè a ke nap selebre jodi a, map mande n pou nou met tèt nou ansanm pou demokrasi a pa tounen yon zam ni yon enstriman pou younn kraze lòt. Men pou nou fè l tounen yon zouti pou nou rekonstwi peyi nou lan la pè, lan sekirite, lan voye tout ti moun lekol, lan bay tout moun manje, lan kreye opòtinite pou bay moun travay pou Ayiti ka chanje tout bon.

Peuple haïtien,
Le temps est donc venu pour nous d’ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de cette grande terre. Il est impérieux que nous réapprenions à vivre ensemble dans l’harmonie et la paix pour nous focaliser sur ce qui nous rassemble, nous rapproche et nous unit en vue de cheminer ensemble vers la nouvelle Haïti que nous entretenons tous dans nos rêves depuis des lustres.
Et, en ce jour de communion avec les Grands Ancêtres, je vous invite tous à vous abreuver à cette source de transcendance citoyenne que constitue la Bataille de Vertières et à jurer que vous allez vous dévouer, dans tous les compartiments de la vie nationale, à prouver que vous êtes les authentiques héritiers et dépositaires de cette Geste Emancipatrice.
A l’exemple des Preux de l’Indépendance, marchons ensemble d’un pas sûr et conquérant vers cette Haïti régénérée que nous tous, aujourd’hui particulièrement, ambitionnons d’instaurer.
Vive Vertières ! Vive Haïti !
Je vous remercie
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