Discours de l’Ambassadeur Pamela White de la Chambre de Commerce Haitiano-Américaine Réception de fête de fin d’année (AMCHAM) Résidence de l’ambassadeur Port-au-Prince, le 11 décembre 2014

Le 12 décembre 2014
No.
2014/ 04

Discours de l’Ambassadeur Pamela White
Réception de fête de fin d’année
de la Chambre de Commerce Haitiano-Américaine
(AMCHAM)
Résidence de l’ambassadeur
Port-au-Prince, le 11 décembre 2014
Son Excellence, Monsieur le Président de la République,
Son Excellence, Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur Philippe Armand,
Membres de la AmCham,
Distingués invités,

Bienvenue chez moi, et à la réception de la fête de fin d’année organisée traditionnellement  par  l’Ambassade américaine et la Chambre de Commerce Haitiano-Américaine (AmCham). J’aimerais remercier  le président de l’AmCham, Philippe Armand, les autres membres de l’AmCham, et tous les sponsors pour leur appui inconditionnel à l’organisation de cette soirée. Permettez-moi de prendre quelques minutes pour vous parler de la relation qui existe entre l’ambassade et l’AmCham et de l’importance du secteur privé haïtien dans la prospérité de ce pays.

Depuis 1980, l’AmCham a été le pilier de la communauté des affaires en Haïti, apportant le support, la clairvoyance, et une voix collective aux professionnels des affaires dans le pays.  L’AmCham m’a permis de mieux comprendre la réalité de la communauté des affaires en Haïti, et a vaillamment défendu les compagnies américaines. Ce plaidoyer s’est avéré inestimable; néanmoins je suis particulièrement fière des efforts déterminés déployés par l’AmCham afin d’organiser la conférence de l’Association des Chambres de Commerce Américaines de l’Amérique Latine et des Caraïbes (AACCLA) en 2015en La vision de la conférence pour attirer les investissements de la diaspora est exactement ce dont Haïti a besoin pour continuer à progresser sur la voie du développement.

J’aimerais féliciter le conseil d’administration et tous les  membres de l’AmCham d’avoir refusé d’abandonner et pour leur engagement inébranlable à changer l’image d’Haïti à l’étranger.  Je vous prie de vous joindre à moi pour applaudir tous ceux qui ont ardemment travaillé en vue de tenir cette conférence en Haïti.  Bravo!

Souvent, les gens me posent la question à savoir comment je vois Haïti?  Pour comprendre l’Haïti d’aujourd’hui il faut comprendre le passé d’Haïti.  Lorsque j’étais ici vers la fin des années 80, la loi et l’ordre régnaient à peine. Des mères qui avaient des enfants malades avaient peur de sortir de leur maison la nuit pour se procurer des médicaments. Les usines commencèrent à fermer leurs portes, laissant des milliers de personnes sans emploi.

Aujourd’hui, il y a des problèmes en Haïti. De sérieux problèmes. Dans le classement suivant l’indice de perception de la corruption publié par Transparency International, Haïti est  placée161èmesur 175 pays sur une note de 19. Le résultat du rapport Ease of Doing Business a certainement chuté cette année.  Nous avons noté une augmentation de crimes, et une diminution dans le secteur de la sécurité alimentaire.  Tout n’est pas beau ici en Haïti chérie.

Toutefois, ne perdons pas de vue qu’Haïti continue à progresser vers la voie du développement. Je vois un pays qui s’est relevé des décombres pour augmenter son PIB de 4% au cours des trois dernières années et qui, pour les deux années à venir, est en position de devenir l’un des leaders en croissance économique dans la Caraïbe.

Aujourd’hui, dans la ville des Cayes, je vois des fermiers bien organisés qui cultivent du vétiver pour l’exporter aux Etats-Unis et en Europe. Ils font un profit de 15% sur les balles de vétiver.  Aujourd’hui, je vois qu’on est en train de construire un port ultra-moderne à Laffiteau, et je vois des micros parcs inaugurés à Saint Raphaël.

L’industrie grandissante du tourisme possède désormais un nouvel aéroport international au Cap-Haitien (avec la American Airlines qui assure un vol direct Cap-Haitien-Miami depuis Octobre) et  trois grands hôtels qui sont en train de s’agrandir, ou qui ont récemment complété leurs travaux d’agrandissement. Je ne saurais oublier le Marriott, qui sera inauguré à Turgeau en février de l’année prochaine, et qui sera la deuxième chaîne d’hôtels basée aux Etats-Unis à fonctionner à Port-au-Prince. Aujourd’hui, Haïti a récupéré bien plus que les chambres d’hôtels détruites le 12 janvier. Le secteur agricole est entrain d’innover et de trouver de nouveaux marchés.

Aujourd’hui, en sortant d’une réunion du siège des Nations-Unies, je peux acheter des mangues d’Haïti dans une épicerie à New York.  Je peux prendre un vol de la American Airlines du Cap-Haitien vers Miami et rentrer dans un Wal-Mart où je peux acheter du café haïtien Selecto. Je suis passionnée de voir le développement des affaires dans le secteur agricole et les nombreuses façons dont cela peut améliorer les conditions de vie des agriculteurs. La productivité a augmenté de 400% pour certaines denrées.  L’Agence Américaine pour le Développement International (USAID), et le gouvernement des Etats-Unis continueront à assister les fermiers et l’agrobusiness dans leurs chaînes de valeurs. Le secteur de la construction continue aussi à être à la base de la croissance économique dans le pays. Des tribunaux sont construits par des firmes Haitiano-Américaines l’Ile-à-Vâche, un viaduc est en construction à Delmas et des écoles sont inaugurées à Tabarre. Trois cent (300) écoles ont été construites à travers le pays au cours de l’année écoulée seulement. Sept cent (700) kilomètres de routes ont également été réhabilitées. Ces projets de construction ont généré des emplois et des revenus pour des centaines de milliers d’Haïtiens tout en améliorant les infrastructures de la nation.

L’industrie du vêtement fait un retour en force.  Actuellement, trente-six mille (36.000) personnes gagnent un salaire stable grâce à leur emploi dans l’industrie du vêtement, qui a connu une augmentation de 15% comparée à l’année dernière. Plus particulièrement, le parc industriel de Caracol a environ près de cinq mille (5.000) personnes qui y travaillent,  une augmentation de 1.800 au cours du début de l’année 2014.  Quatre (4) autres immeubles ont été construits pour loger quatre mille (4.000) ouvriers additionnels dans les prochaines années.

Certains des indicateurs de santé sont épatants. Haïti  fait partie des pays qui ont le plus grand pourcentage de femmes enceintes infectées du virus du Sida qui reçoivent les traitements appropriés.  Haïti possède l’un des meilleurs systèmes électroniques de classement de dossiers médicaux dans le monde. Haïti est passée de plus de quatre mille décès du Choléra en 2010 à 149 à date pour cette année.  Le Dr. Florence Guillaume et son équipe ont réalisé un travail extraordinaire et je suis fière que le gouvernement des Etats-Unis soit un partenaire clé.

Mesdames et Messieurs, tout comme vous ne pouvez faire une bonne «soup joumou» sans de bons ingrédients, vous ne pouvez avoir de développement économique sans stabilité et sans investissement d’un secteur privé dirigé par des Haïtiens.  Le secteur privé haïtien est un ingrédient clé dans la recette haïtienne pour la croissance économique durable. Nous voulons que vous continuiez à investir. Supportez la formation de vos employés et investissez dans votre compagnie et dans le capital humain du pays.  Achetez de nouvelles machines et de nouveaux équipements et investissez dans votre compagnie et dans les infrastructures du pays.  Elargissez vos programmes de Responsabilité Sociétale des Entreprises (CSR), et investissez dans votre compagnie et dans le développement social du pays. Votre compagnie et l’avenir du pays sont fortement liés l’un à l’autre et nous avons besoin que vous saisissiez les opportunités d’investissement, même pendant les périodes incertaines.  Mais nous devons aussi tous travailler vers la stabilité, et nous asseoir pour négocier. Militons pour la paix; soyons constructifs, et exigeons une Haïti sans violence.

Finalement, avec une certaine réticence, je me tourne vers la politique. Parce que le 11 décembre 2014 si vous n’avez pas parlé de politique durant les 12 dernières heures, c’est que vous vivez sur la lune. On me demande encore et encore «Ambassadeur, comment voyez-vous le paysage politique en Haïti?» Je vais être franche. Deux semaines de cela, il y avait un désordre. Il y avait très peu de dialogue franc, et il y avait un consensus général autour d’une redoutable «gouvernance  par décret» qui s’appliquerait en janvier 2015 qu’on le veuille ou non. Et je n’ai pas aimé ça. Washington ne l’a pas aimé non plus et nous l’avons fait savoir. Plusieurs autres personnes se sont aussi exprimées à travers Haïti. Et le Président Martelly a écouté. Lui et son équipe ont décidé d’aller plus en profondeur et de retourner à la table des négociations. Il a créé une commission crédible et il y a deux jours, la commission a publié un rapport, suggérant une solution de sortie à cette impasse politique.  Le rapport est bon et réfléchi. Les réformes sont profondes. Il y a des sacrifices à faire de toutes parts. Aujourd’hui encore, je sens l’urgence d’un compromis et pour l’organisation d’élections crédibles en 2015. Il y a une énergie nouvelle qui se dégage en se mettant ensemble pour aller de l’avant.  J’ai été aussi frustrée que quiconque par les obstacles apparemment sans fin que les différents groupes avaient placés sur le chemin des élections.  Mais ce soir, j’ai plein d’espoir. Pour la première fois depuis des décennies je vois des Haïtiens s’unir pour résoudre les problèmes d’Haïti.  Je suis reconnaissante de voir mon Haïti bien aimée marcher vers une voie qu’elle a désignée. Pas des étrangers-mais des Haïtiens.  Et pour cette raison, cela pourrait bien marcher.  Ce soir, accordons-nous un moment pour dire Bon Travail Haïti.  Juste ce soir, partageons tous un moment d’optimisme et applaudissons les leaders d’Haïti à tous les niveaux et de tous les secteurs. Bravo chers Haïtiens!

Les Etats-Unis sont avec vous. Je suis avec vous. Je vous promets que je continuerai à me battre pour Haïti et m’assurer qu’elle parvienne à son plein potentiel.  C’est le moment de vous mettre ensemble pour qu’un jour vos petits-enfants se disent que voter est un droit et non un jeu. C’est le moment de vous unir pour qu’un jour les membres de votre famille, après des études aux Etats-Unis éprouvent le désir de revenir et démarrer une entreprise dans leur beau pays. C’est le moment de vous mettre ensemble pour marcher côte-à-côte sur le chemin du développement et de la démocratie et aboutir aux jardins de la prospérité. Mesdames et Messieurs, c’est bien le moment! Peyi Dayiti Twò Rich pou’l

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