Conille sur les traces de Bellerive…

La Nouvelliste:Alors que les débats deviennent de plus en plus houleux et passionnés au niveau du Parlement, le nouveau candidat à la Primature parait serein et confiant. Ce haut fonctionnaire de l’Onu, qui fera le dépôt de ses pièces en fin de semaine croit que les portes de la Villa d’accueil lui seront ouvertes pour le déblocage de la situation de crise qui sévit dans le pays depuis l’accession de Michel Martelly au pouvoir, le 14 mai dernier.

L’élection de Michel Martelly devait marquer une rupture avec les présidences de M. Aristide et de M. Préval. Cependant, il n’est jusqu’à présent pas en mesure de doter le pays d’un gouvernement. L’homme d’affaires Daniel-Gérard Rouzier et le juriste Bernard Gousse ont été rejetés par un Parlement hostile, où la famille politique de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, présent sur le terrain depuis le 18 mars dernier, est toujours en position de force.

Ce troisième choix du président de la République semble être vu sous un autre angle contrairement aux deux premiers choix. Garry Conille, fils authentique de la communauté internationale pourrait, selon toute vraisemblance, obtenir un vote favorable au Parlement. Peut-être contre toute attente, le docteur Conille ferait la part des choses. Les discussions se poursuivent, cependant, l’horizon politique s’éclaircit au fil des heures pour le nouveau candidat à la Primature.

La volte-face du parlement

Si pour les deux Premiers ministres désignés, la position des parlementaires était connue d’avance, Garry Conille semble faire basculer la donne. Ils sont plutôt majoritaires ceux qui se prononcent en faveur du protégé de l’international. Certains députés et sénateurs se réservent de tout commentaire, mais d’autres campent déjà leur position aux côtés du nouveau candidat à la Primature.

Les pro et anti Conille s’affrontent. L’heure est actuellement aux grands débats. Une situation tout à fait contraire aux deux précédentes personnalités désignées par le président de la République. Les plus tranchants sont soudain devenus doux et revoient leur position. Stratégies ou diktats, la politique parait vraiment être très dynamique dans notre pays.

Les réunions en cascades avec d’influentes personnalités de la communauté internationale sont interprétées de diverses façons. Les décideurs haïtiens décideraient sous pression après plus de quatre mois de tumultes entre les pouvoirs exécutif et législatif. L’international parait reprendre du service après le répit post-électoral.

La résidence, encore le flou…

Des débats polémiques concernant le nombre d’années de résidence en Haïti du fonctionnaire onusien et son supposé parachutage par la communauté internationale continuent de faire rage dans la classe politique et l’opinion publique. Les parlementaires interprètent déjà selon eux, certaines articles et conventions relatives au statut des fonctionnaires du système des nations unies dans le monde.

La convention du 13 février 1946 relative aux privilèges et immunités des fonctionnaires n’est, elle-même pas claire sur la question. A la section 7, il est clairement dit que « l’Organisation des Nations Unies, ses avoirs, revenus et autres biens sont exonérés de tout impôt direct. Il demeure entendu, toutefois que l’Organisation ne demandera pas l’exonération d’impôts qui ne seraient pas en excès de la simple rémunération de services d’utilité publique et exonérés de touts droits de douane et prohibitions et restrictions d’importation ou d’exportation à l’égard d’objets importés ou exportés par l’Organisation des Nations Unies pour son usage officiel ».

Le hic reste encore le statut de Garry Conille au sein des Nations unies qui travaille à titre privé et non comme représentant du gouvernement haïtien. L’article 157 de la constitution stipule clairement que le Premier ministre désigné doit résider dans le pays au cours des cinq années précédant sa nomination. Sur cette question le dossier de M. Conille offre un flou total. Les experts en doit international public sont partagés sur cette question qui devient désormais le chou gras de la presse.

CIRH…la chasse gardée

Le choix de Garry Conille intervient à un mois de la fin de la commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH). Certains groupes parlementaires sont totalement contre une reconduction de cette commission. Cependant, le tout-puissant co-président de cette entité et ancien patron de Garry Conille, Bill Clinton, ne l’entend pas de cette oreille. La prochaine personnalité qui devra former le tandem avec l’ex-président américain, sera sans doute, un homme de son sérail.

Garry Conille, fils authentique de cette fameuse commission, pourrait accéder à la Primature selon les tendances au Bicentenaire. L’implication de la communauté internationale dans les négociations peut se révéler payantes pour le docteur Conille. On s’attend à un déblocage de la situation de crise qui a trop sévit dans le pays. Cependant, le fonctionnaire onusien n’aura pas pour autant un blanc seing.

En attendant, le gouvernement de Jean-Max Bellerive gère les affaires courantes. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour un pays toujours confronté au défi de la reconstruction, au choléra et à une situation tendue après la révélation d’un scandale sexuel mettant en cause des casques bleus de l’ONU. Garry Conille devra faire la transition en douceur. De Bellerive à Conille, ce sera, peut-être l’autre face d’une même médaille.

Joseph Chanoine Charles
cjchanoine@yahoo.fr
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