Carnaval 2013 : un doublé pour les Cayes

Le Nouvelliste | Publié le : 2013-02-15
Péguy F. C. Pierre peguyfcpierrre@gmail.com
Avec quatre chars musicaux, 10 bandes à pied, des bandes déguisées provenant de 22 écoles de danse – soit 933 acteurs au total -, l’édition 2013 du carnaval des Cayes a été une réussite malgré des moyens beaucoup moins importants que ceux du carnaval national de l’an dernier. Les habitants de la métropole du Sud se sont amusés «kò pèdi, devan dèyè».
De beaux affranchis rappelant l'époque coloniale
De beaux affranchis rappelant l’époque coloniale
Vendredi 8 février au soir, la masse populaire port-au-princienne a mis le cap sur le Nord. Le rendez-vous pour le carnaval national cette année était donné à la cité du roi Henri Christophe. Quelques-uns sont partis pour les autres régions alors que d’autres, faute d’argent, restent à la capitale. Samedi matin, le vacarme est infernal à la gare routière des Cayes, rue Oswald Durand. Les bus en partance pour la côte sud sont bondés, la fièvre du carnaval est dans l’air. C’est une ville en effervescence qui accueille les passagers. Natifs, visiteurs, plaisanciers, curieux forment une joyeuse cohue venant s’ajouter à une population de plus en plus excitée à mesure que s’égrènent les heures. Cité lumineuse, la ville des Cayes offre aux nouveaux venus la possibilité de longer ses rues pour admirer ses décorations ou pour profiter de la fraîcheur d’un arbre afin de se reposer du long trajet de l’Ouest au Sud. Malgré l’attitude confiante des Cayens, quelques doutes couvent. Que sera le carnaval cette année ? Le comité organisateur sera-t-il à la hauteur ? Brothers Posse et RAM seront-ils réellement du parcours ? Des craintes bien légitimes puisque la tradition du carnaval des Cayes, depuis plus de 20 ans, n’a ressuscité qu’à l’occasion du carnaval national 2012. 4 h p.m., les bandes déguisées sont dans les rues. Couleurs vives, mouvements des reins des danseuses, sueur, chaleur caractérisent l’ambiance sur le circuit carnavalesque réduit à 2, 2 km cette fois. Les enfants comme les vieillards animent les rues de la ville. Le spectacle vaut le déplacement. A côté des stands des ministères de la Culture et du Tourisme, les balcons de la ville offrent une meilleure vue sur le défilé. Les bandes à pied, en attendant la sortie des chars musicaux; créent l’ambiance pour le bonheur de la foule admirative et curieuse. 8 h p.m., sur les chars de Gabel, de Djakout Mizik, de Rasin Mapou de Azor et de Panorama des Cayes on vérifie la sonorisation. De plus en plus de gens se rassemblent autour d’eux, prêts à se défouler. Brothers Posse n’est pas du lot, RAM non plus. Le montant réclamé par ce dernier ne pouvait pas être couvert par le budget du carnaval estimé à 27 000 000 de gourdes. Ce sont finalement 8 000 000 de gourdes, ajoutées aux recettes de 5000 000 de gourdes du carnaval de 2012 qui ont été dépensées pour la réalisation du carnaval 2013 aux cayes. Comme l’an dernier, aucun incident majeur n’est venu troubler la fête. A part quelques blessés, il n’y a pas eu mort d’homme. La police nationale, la Croix-Rouge haïtienne, la protection civile et la Minustah ont été présents durant les trois jours gras. Seule note négative : certaines rues jonchées d’ordures, entravant les pas de danse des fêtards. Côté ambiance, Djakout Mizik et Gabel ont mis le feu dans la métropole du Sud, les bandes à pied ont eu autant de succès, mais les danseuses et le défilé des bandes déguisées remportent la palme haut la main. Grand absent du parcours, c’est au Saut Mathurine que le couple Lunise et Richard Morse s’est défoulé à défaut de le faire dans les rues. « Lanmè maten, kanaval aswè », repris cette année, a encore fait ses preuves. Loin du Cap-Haïtien, les Cayens ont eu la part belle.
Péguy F. C. Pierre peguyfcpierrre@gmail.com
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