États-Unis / Haïti / Corruption / Un ancien cadre de la Téléco devant la justice américaine

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Encore un autre Haïtien devant un tribunal étranger. Accusé de détournement de fonds et de violation de lois américaines sur la corruption de fonctionnaires d’un gouvernement étranger, Jean René Duperval doit répondre des actes qu’on lui reproche dans les jours à venir.

Jean René Duperval, un ancien haut cadre de la Téléco, a été extradé, dimanche, vers les États-Unis pour y être jugé. Des accusations de blanchiment d’argent et de violation des lois américaines sur la corruption de fonctionnaires d’un gouvernement étranger, pèsent sur l’accusé, arrêté par la police haïtienne samedi à Bourdon, selon des informations rapportées par Radio Kiskeya.
Jean René Duperval est accusé de blanchiment d’argent aux États-Unis, dans le cadre d’un important dossier remontant à l’administration de la Téléco entre 2001 et 2004, avant la chute du président Jean-Bertrand Aristide.
Au cours de son passage à l’institution, l’inculpé occupait successivement les fonctions de responsable de la Direction de liaison internationale de la Téléco (DLIT), avant d’accéder au poste de directeur général adjoint de la compagnie dirigée alors par Alphonse Inévil.
Soulignons que, dans le cadre de ce dossier, deux hommes d’affaires américains avaient plaidé coupables de blanchiment d’argent et de violation des lois américaines sur la corruption de fonctionnaires d’un gouvernement étranger par-devant un tribunal du sud de la Floride (États-Unis).
Par-devant le juge José E. Martinez du district du sud de la Floride, Antonio Pérez et Juan Diaz, tous deux 51 ans, avaient tour à tour, le 27 avril et le 15 mai 2009, reconnu avoir versé, entre 2001 et 2003, environ 1 million 703 044 dollars américains au directeur général et au responsable d’alors des relations internationales de la Téléco pour qu’ils octroient des avantages à trois compagnies de télécommunications du Comté de Dade (Miami). Juan Diaz avait admis avoir perçu 73 824 dollars américains de commissions pour les pots-de-vin versés aux officiels haïtiens.

Vers l’aboutissement d’une longue enquête

La question de blanchiment d’argent à la Téléco a été l’objet d’une enquête au lendemain du départ de Jean-Bertrand Aristide du pays.
Dans un dossier publié en juillet 2008, dans le Condé Nast Portfolio, la journaliste d’investigation Lucy Comisar avait mis en cause des officiels lavalas dans le détournement de fonds publics. Les conclusions de l’enquête avaient révélé l’implication de l’ex-président haïtien Jean-Bertrand Aristide qui vit aujourd’hui en exil en Afrique du Sud, et d’un haut cadre du Parti républicain dans cette affaire.
Plusieurs millions de dollars auraient été ainsi détournés et versés sur un compte privé de Jean-Bertrand Aristide dans les Îles Turques-et-Caïques, selon les termes du contrat signé en novembre 2003 entre la Téléco et la compagnie américaine IDT, basée à New Jersey. Chaque minute d’appel longue distance coûterait 9,50 cents alors que le tarif régulier était de 23 cents, toujours selon le rapport de la journaliste new-yorkaise.
Dans une interview accordée à notre collaboratrice Nancy Roc, Lucy Comisar avait mis en évidence l’implication d’Alphonse Inévil et de Jean René Duperval dans le dossier de la Téléco et de la IDT dans le cadre de cette transaction illégale.
James Courtier, ancien congressman de New Jersey, directeur d’alors de la IDT, a été condamné par la Federal Community Commission (FCC) à payer une amende de 1 million 300 000 dollars pour cause de compétition déloyale.
Rappelons qu’en juillet 2006, trois mois après son arrivée au pouvoir pour un deuxième mandat, le président haïtien, René Préval, avait retiré une plainte pour détournement de fonds déposée contre Aristide par le gouvernement de transition en novembre 2005. Ce retrait avait été justifié par l’absence de résultats probants de la firme américaine qui s’occupait du dossier, alors que l’État versait des frais jugés exorbitants.
Plusieurs institutions haïtiennes dont le ministère de la Justice et de la Sécurité publique, l’Unité centrale de renseignements financiers (Ucref), la Police nationale d’Haïti (PNH) ont collaboré avec la justice américaine dans l’instruction de cette affaire.

Par Ladenson Fleurival
mardi 8 décembre 2009
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Author: webmasterflash