ARISTIDE/LAVALAS = Nouvel incendie au marché public de Tabarre

Le Nouvelliste | Publié le : 2013-01-07
Nathalie Verné
Le marché public de Tabarre a été, pour la deuxième fois en moins d’un an, ravagé par les flammes, le samedi 5 janvier 2013. Le bilan partiel fait état de 150 victimes qui, mecontentes, affirment « ne rien espérer du gouvernement de plus en plus insouciant de leur sort ».
Des vêtements consumés par les flammes.
Des vêtements consumés par les flammes.
Morinvil Mercidieu

Le bruit court qu’un court-circuit à la suite du rétablissement de l’électricité serait à l’origine de l’incendie éclaté dans la nuit du 5 au 6 janvier 2013 au marché public de Tabarre. Une hypothèse que les victimes rejettent d’un revers de main, croyant plutôt que l’incendie, comme celui survenu en février dernier ayant fait 2 994 victimes, est commandité par des individus mal-intentionnés. Aucune autorité n’est pour l’instant en mesure de révéler les vraies causes du sinistre. «Quand j’ai été alerté de l’incendie, tard dans la nuit du samedi, je me suis précipité. L’électricité a été rétablie seulement vers une heure, le lendemain», soutient un commerçant au marché de Tabarre. Ce dernier, marchand de vêtements, se plaint d’être victime d’incendie pour la seconde fois. «La totalité de mes marchandises et de l’argent liquide que je gardais dans mon entrepôt ont été consumés», continue-t-il.

D’un calme étonnant, Mirlande Saint-Val explique avoir tout perdu du stock de marchandises qu’elle a renouvelé à l’occasion des fêtes de fin de l’année. 240 caisses de vêtements usagés. Elle confie avoir obtenu des prêts bancaires et avoir  escompté de l’argent à des particuliers pour relancer ses activités après avoir été victime de l’incendie de février 2012. Ni l’un ni l’autre n’ont osé faire une estimation de leur perte. «Nous n’avons pas la tête à cela», disent-ils. Alors que l’aide promise par le président de la République aux victimes de l’incendie survenu onze mois plus tôt tarde à arriver, de nouvelles victimes viennent allonger la liste.

Informé de l’incendie, le maire de Tabarre a alerté les services concernés, notamment le service pompier, la police nationale, la Minustah, et les flammes ont été éteintes vers minuit.  Quatre pavillons de la partie centrale du marché sont consumés par le feu ayant fait au moins 150 victimes, selon le maire de la commune de Tabarre, Serge Auguste. Les marchandises disparues dans les flammes sont essentiellement des produits cosmétiques, des produits alimentaires et des vêtements. M. Auguste n’a pas privilegié la thèse d’un accident. «C’est la deuxième fois qu’on a mis le feu au marché, c’est regrettable et c’est catastrophique », dit-il consciencieusement. « Je doute fort que cela soit un accident», continue le maire de Tabarre, convaincu que les incendies répétés à ce centre commercial sont commandités par des mains criminelles.  Cependant, il dit attendre les résultats de  l’enquête en cours pour identifier les coupables.

Pour l’heure, les activités commerciales se poursuivent dans le reste du marché alors que dans la partie consumée, déjà dans un état de délabrement, des travaux de nettoyage sont entrepris par la mairie et le service de voirie du marché. Le recensement  des marchands victimes a commencé au cours de la journée du dimanche. Cependant, aucune décision de venir en aide aux victimes n’est encore prise par les autorités. Les pourparlers sont en cours entre les ministères concernés Condition féminine,  Commerce et  Finances – en vue d’envisager l’aide à apporter aux nouvelles victimes. La mairie ne peut pour l’instant affirmer que ces nouvelles victimes vont bénéficier  des 150 000 gourdes qui seront octroyées aux victimes de l’incendie de février 2012 sous forme de prêt à un taux préférentiel. Le maire exhorte les victimes à être calmes et patientes.

Repenser nos marchés publics

«Le marché public de Tabarre coûte beaucoup à la mairie et ne rapporte plus  rien depuis l’incendie de février 2012», dit Serge Auguste. La situation sécuritaire et organisationnelle de cet important centre d’échanges financiers est dans un état critique, comme c’est le cas dans la majorité des marchés publics du pays. Des barrières ont récemment été installées pour renforcer la sécurité du marché assuré par près de 30 agents,  selon le maire. Cela semble insuffisant. Le plan  à long terme pour éviter de nouveaux incendies sera, selon M. Auguste, d’installer des caméras de surveillance, de mieux effectuer les installations électriques et de renforcer la présence policière dans les parages du marché pendant la nuit.

Certains observateurs estiment qu’il faut ne plus se contenter de construire de beaux bâtiments et qu’il est aujourd’hui important de repenser la construction des marchés publics en prenant en compte les besoins des marchads et marchandes, le climat et l’évolution des échanges commerciaux.

Nathalie Verné
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